Le ministère thaïlandais des Finances a réfuté les rumeurs faisant état d’un grand nombre de retraits de licences de la part des opérateurs de pico-financement. Selon Phronchai Thiravech, directeur du Bureau de la politique fiscale et porte-parole du ministère, aucune donnée ne permet de confirmer une hausse anormale des abandons de licences, contrairement à ce que certains rapports laissent entendre.
Le pico-financement, un outil pour lutter contre l’usure
Mis en place depuis 2017, le système de pico-financement vise à élargir l’accès au crédit pour les ménages modestes ne pouvant obtenir de prêt auprès des banques traditionnelles. Il s’agit également d’un levier pour encourager les prêteurs informels à se convertir en opérateurs légaux, sous supervision du ministère.
Ce dispositif est actuellement actif dans 75 provinces du royaume (à l’exception de Singburi et Ang Thong), avec 1 155 entreprises disposant d’une licence en vigueur à la fin mai 2025. Depuis sa création, plus de cinq millions de prêts ont été accordés pour un montant cumulé supérieur à 50 milliards de bahts. En mars 2025, l’encours de crédit était de 7,43 milliards de bahts, réparti sur près de 400 000 comptes actifs. Chaque mois, ce sont en moyenne 55 500 nouveaux prêts qui sont octroyés, pour environ 700 millions de bahts.
Des défauts de paiement élevés mais stables
Le taux de prêts non performants (NPL) reste élevé dans ce secteur à risque, mais tend à se stabiliser. Fin mars 2025, les NPL représentaient 23,40 % de l’encours total, en léger recul par rapport à la même période l’an passé (23,69 %). Ce taux reflète les difficultés économiques persistantes, mais aussi les caractéristiques d’un secteur ciblant des emprunteurs souvent exclus du système bancaire classique.
Le taux d’intérêt des prêts pico-finance est plafonné à 36 %, afin de tenir compte des coûts de gestion et du risque de crédit élevé.
Une dynamique de licences toujours active
Depuis 2017, 106 opérateurs ont rendu leur licence. La majorité de ces cas remontent aux conséquences économiques de la pandémie de COVID-19, à des difficultés opérationnelles ou à un manque de personnel. Néanmoins, les autorités assurent que le nombre de nouvelles demandes de licences reste supérieur à celui des retraits, ce qui montre un dynamisme du secteur.
Une réforme en préparation
Face aux défis structurels et à la concurrence croissante dans le secteur du crédit, le ministère des Finances entend adapter la réglementation. Une réforme est en cours pour permettre aux opérateurs de pico-financement d’élargir leur champ d’intervention aux provinces voisines de leur siège social, afin d’améliorer l’accès au crédit pour les populations rurales et de renforcer le contrôle des autorités.
Le ministère prévoit également des actions de formation et de sensibilisation, à la fois pour les opérateurs et les emprunteurs, dans le but de lutter plus efficacement contre l’endettement informel.
Selon les autorités, ces ajustements devraient favoriser une inclusion financière durable et contribuer à réduire, à terme, le recours aux créanciers illégaux dans le pays.
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