L’incertitude politique refait surface en Thaïlande après le retrait du parti Bhumjaithai de la coalition gouvernementale. Cette rupture, provoquée par la diffusion d’un enregistrement téléphonique entre la Première ministre Paetongtarn Shinawatra et le président du Sénat cambodgien Hun Sen, affaiblit la majorité parlementaire de l’exécutif. Bien qu’aucune dissolution de la Chambre n’ait été officiellement annoncée, le risque d’élections anticipées est désormais pris au sérieux.
Budget 2026 en péril ?
La perspective d’une dissolution anticipée constitue une menace directe pour le processus budgétaire de l’année fiscale 2026. Si le calendrier parlementaire est perturbé, l’examen du budget pourrait être repoussé à la fin de l’année 2025, voire au-delà. Cela retarderait la mise en œuvre de nouvelles dépenses publiques, notamment les investissements en capital prévus pour le quatrième trimestre 2025 et le premier trimestre 2026.
L’impact d’un tel report ne serait pas négligeable : lors du précédent décalage budgétaire en 2023, la baisse des investissements publics avait pesé à hauteur de -1,0 point sur la croissance du PIB au quatrième trimestre, et de -1,9 point au premier trimestre 2024 en glissement annuel. Un scénario similaire représenterait un risque majeur pour les prévisions économiques actuelles.
Un plan de relance à l’arrêt ?
Le gouvernement avait récemment approuvé un plan de relance économique de 157 milliards de bahts, financé par les excédents budgétaires de l’année fiscale 2025. Mais pour que cette enveloppe soit débloquée, le Parlement doit l’approuver d’ici le 30 septembre. Or, une dissolution ou une paralysie politique pourrait compromettre ce processus, privant l’économie d’un soutien crucial à court terme pour stimuler la demande intérieure.
Négociations des droits de douane avec les États-Unis
Les négociations sensibles engagées avec Washington pour obtenir un allègement des tarifs douaniers, en réponse aux mesures réciproques décidées en avril 2025 par les États-Unis, nécessitent une réponse stable et coordonnée du gouvernement thaïlandais. En cas de prolongement de l’instabilité politique, les efforts diplomatiques risquent d’être relégués au second plan, affaiblissant la capacité de Bangkok à obtenir des concessions favorables.
Réformes et incertitudes réglementaires
Plusieurs projets gouvernementaux — du complexe de divertissement aux réformes dans l’énergie, en passant par les infrastructures ou la promotion des investissements — dépendent de la stabilité législative et ministérielle. L’impasse actuelle pourrait geler leur mise en œuvre, accentuant l’attentisme des entreprises et des investisseurs, confrontés à une incertitude réglementaire accrue.
Risque macroéconomique en hausse
Les marchés financiers commencent à refléter cette instabilité croissante. Des mouvements de volatilité sont attendus tant sur le baht que sur les marchés boursiers domestiques. Les secteurs exposés aux décisions budgétaires ou à une forte régulation sont particulièrement vulnérables. Les analystes maintiennent pour l’instant une position prudente sur les perspectives macroéconomiques et se tiennent prêts à réviser leurs hypothèses si la crise actuelle débouche sur une dissolution formelle ou un blocage prolongé de la gouvernance.
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