Nous l’écrivons souvent : les archives de Gavroche sont une richesse sans pareille. Nous avons donc plongé dedans pour ressortir cet article historique de Bernard Lavocat.

On sait finalement peu de chose sur la découverte de l’archipel de Samui, hormis quelques récits historiques et découvertes archéologiques.

Les découvertes archéologiques de magnifiques tambours de bronze et quelques inscriptions lapidaires difficiles à déchiffrer, vestiges d’un habitat très ancien, actuellement conservés au musée de Chaiya, petite ville à 60 kilomètres au nord de Surat Thani, attestent d’une présence humaine au début du dernier millénaire. Ce n’est que plus tard, à l’époque de l’empire de Srivijaya, entre le VIIème et le XIIIème siècle, que l’on peut parler d’un véritable peuplement de l’ile.

Deux hypothèses sont avancées par les historiens

Alors que les provinces du Sud étaient sous domination des puissances maritimes de java et Sumatra, le peuplement se serait effectué à partir de Chaiya ou de Songkhla ; Chaiya était peut-être alors la capitale de l’empire du même nom. Cette hypothèse est la plus probable. Cet empire a dominé toute la Thaïlande du Sud pendant sept siècles et contrôlait les routes commerciales maritimes. La position de Samui était évidemment stratégique.

Les Chinois, arrivés du Haïnan

La seconde hypothèse se porte sur un peuplement à l’époque d’Ayutthaya, à la fin du XIIIème siècle par des populations venues du Nord-est. Les Chinois, arrivés du Haïnan (les Thaïlandais disent Hailam) s’installèrent, il y a 600 ou 700 ans, pour exploiter les cocotiers et les nids d’hirondelle. Le temple chinois de Nathon serait l’un des plus anciens de l’ile et porte encore le nom de San Jao Hailam, la maison du maître du Hailam. II comporte d’ailleurs une carte de cette ile chinoise, probablement du XVIIIème siècle.

Il ne fait guère de doute que l’ile était située sur la route maritime conduisant de la Chine aux Indes. Marco Polo quitta la Chine en 1288 pour explorer le golfe de Siam. Il aborda sur une ile, Samui, probablement à Ban Don ou Lipa Noi, mais il dut rembarquer précipitamment en raison de vents défavorables. II navigua alors entre les deux iles, Samui et Pha-ngan, qu’il décrit comme baignées par une mer peu profonde. Des vents favorables lui permirent ensuite de regagner Lanka (Ceylan).

Marco Polo serait le premier à avoir donné une description de l’ile, avant que le père de la Loubière, dans la relation de son voyage au Siam, écrive, le 7 septembre 1685 : « La nuit a été admirable. Nous avons dépassé Polcornon (Samui). Nous sommes par le travers de Polcori (Pha-ngan) et voyons en perspective Polbardi (Tao). Nous pourrions bien être mercredi à la barre de Siam. »

Il faudra attendre l’an 1744 pour voir Samui apparaître sur une carte, celle de Herman Moll. Nous voilà bien loin des errements sur le peuplement des « gitans de la mer » ou la destination mythique des routards des années 60, 70.

Bernard de Guilhermier

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