Ce mardi 26 septembre, l’avocat des droits humains et figure du mouvement pro-démocratie, Arnon Nampa, âgé de 39 ans, a été reconnu coupable du crime de lèse-majesté et de violation du décret d’urgence par la justice thaïlandaise. Il a été condamné à 4 ans de prison.

Cette condamnation résulte d’un discours qu’Arnon Nampa avait prononcé lors d’une manifestation le 14 octobre 2020, devant le Monument de la Démocratie, où il appelait à la démission du Premier ministre de l’époque, Prayut Chan-o-cha, à la réforme de la monarchie et à l’écriture d’une nouvelle constitution. Les manifestants avaient marché jusqu’à Government House et avaient été dispersés de force le matin du 15 octobre.

Arnon Nampa et d’autres militants avaient été arrêtés suite à ces évènements. La police avait alors accusé Arnon de crime de lèse-majesté en vertu de l’article 112 du code pénal, estimant « qu’il avait insulté le roi en disant dans son discours que, si la protestation devait être dispersée, ce serait sur ordre du roi ».

Dans un post sur Facebook, Arnon Nampa avait expliqué qu’il voulait alors empêcher la police de disperser les manifestants par la force, craignant qu’une répression n’entraîne la perte de vies, et acceptant l’accusation de diffamation royale.

Un leader emblématique

En tant qu’avocat des droits de l’homme, Arnon Nampa est reconnu pour être l’un des leaders les plus emblématiques du mouvement pro-démocratie, appelant ouvertement en 2020 à un débat public sur le rôle du monarque. Son avocat, Krisadang Nutcharus, a déclaré « qu’il essaierait d’obtenir sa libération sous caution et, sans doute, de faire appel du verdict ». Une dizaine d’autres plaintes déposées contre lui doivent être encore examinées et instruites. « C’est un sacrifice de ma liberté que je suis prêt à assumer » a déclaré Arnon au moment de son arrivée au tribunal. « Nous avons vu beaucoup de changements dans la politique thaïlandaise depuis 2020, si je suis condamné à de la prison aujourd’hui, ça serait pour beaucoup d’années mais ça vaudrait le coup » a t-il ajouté, en faisant le salut à trois doigts issu du film Hunger Games, utilisé comme symbole de défiance à l’establishment militaro-royaliste.

Le tribunal pénal a transmis la demande de libération sous caution d’Arnon à la cour d’appel, et il devrait falloir encore 2 à 3 jours avant qu’une décision ne soit prise. Par conséquent, Arnon sera désormais transféré à la maison d’arrêt de Bangkok, où il restera en détention jusqu’à ce que la Cour d’appel se prononce sur sa demande de libération sous caution.

Rappelons que selon l’association Thai Lawyers for Human Rights, au moins 1860 personnes dont 283 mineurs sont poursuivies en raison de leur participation et de leur expression politiques depuis le début du rassemblement du « Mouvement pour la jeunesse libre » le 18 juillet 2020, dont 215 pour crime de lèse-majesté.

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