Home Accueil THAÏLANDE – JUSTICE: 43 ans de prison pour lèse majesté…mais la crise politique demeure

THAÏLANDE – JUSTICE: 43 ans de prison pour lèse majesté…mais la crise politique demeure

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 20/01/2021
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La condamnation d’une activiste Thaïlandaise à 87 ans de prison pour délit de lèse majesté – ramenés à 43 ans vu le cumul des peines – est perçue comme le signe de la détermination des autorités à enrayer la crise politique qui se poursuit. Un signal efficace ? Rien n’est moins sût, tant la volonté des opposants est tenace. Retour sur les raisons profondes de la crise.

 

En 2020, le gouvernement thaïlandais a intensifié sa répression des droits fondamentaux face à un mouvement démocratique croissant, mené par les jeunes, qui exige des réformes politiques et constitutionnelles.

 

Les protestations qui ont commencé le 18 juillet 2020 se sont rapidement répandues dans tout le pays, appelant à la démission du gouvernement du Premier ministre Prayuth Chan-ocha, à la fin du harcèlement par les autorités et à la rédaction d’une nouvelle constitution. Certaines protestations incluent des demandes visant à réduire les pouvoirs du roi. Le gouvernement a réagi en réprimant les leaders des protestations, en accusant plus de 100 d’entre eux de rassemblement illégal, de violation des restrictions liées à Covid-19, et de sédition.

 

Manifestants pacifiques

 

Le 15 octobre, la police anti-émeute a évacué de force les manifestants qui avaient campé devant le palais du gouvernement à Bangkok. Dans les jours qui ont suivi, la police a affronté des manifestants pacifiques à l’aide de canons à eau, mélangés à des produits chimiques colorants et à des gaz lacrymogènes, ainsi que de grenades lacrymogènes. Le 17 novembre, au moins 55 personnes ont été blessées, la plupart par l’inhalation de gaz lacrymogènes, et six manifestants pro-démocratie ont été blessés par balles lors d’un affrontement avec des groupes ultra-royalistes après le retrait de la police. Le 18 novembre, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a exprimé ses inquiétudes quant à l’usage de la force par le gouvernement thaïlandais contre des manifestants pacifiques.

 

Étudiants harcelés

 

L’association Thai Lawyers for Human Rights a signalé en août un total de 103 incidents de harcèlement contre des étudiants dans tout le pays. Au moins quatre lycéens ont été accusés de rassemblement illégal.

 

Le gouvernement a appliqué la censure, y compris sur les plateformes de médias sociaux, en bloquant et en punissant les opinions que les autorités jugeaient critiques à l’égard de la monarchie. En novembre, le Premier ministre Prayuth a rétabli les poursuites pour lèse-majesté après une interruption de trois ans. En décembre, au moins 35 personnes, dont un garçon de 16 ans, ont été inculpées en vertu de l’article 112 du code pénal (insulte à la monarchie) pour avoir exigé une réforme de la monarchie, ou pour avoir dit, écrit ou fait quelque chose que les autorités considéraient comme offensant pour la monarchie. Les critiques de la monarchie ont également été poursuivis pour sédition, cybercriminalité et autres dispositions légales.

 

Les dissidents thaïlandais qui ont fui la Thaïlande pour échapper aux persécutions politiques sont confrontés à de graves menaces de mort.

 

Le 4 juin 2020, un militant de la démocratie en exil, Wanchalearm Satsaksit, a été enlevé dans la capitale du Cambodge, Phnom Penh, et est toujours porté disparu. Depuis 2016, au moins neuf militants politiques thaïlandais ont disparu par la force dans les pays voisins. Deux d’entre eux ont été retrouvés morts.

 

“Les amis étrangers de la Thaïlande devraient cesser d’ignorer la détérioration rapide de la situation des droits de l’homme dans le pays” estime Human Rights Watch “Il n’est pas possible de revenir à la normale sans obtenir du gouvernement thaïlandais qu’il s’engage à respecter les principes démocratiques et les droits de tous”.

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