La rivière Sai, qui marque une partie de la frontière nord de la Thaïlande avec la Birmanie, est devenue le nouveau foyer d’inquiétudes environnementales. Des analyses récentes y ont révélé la présence de métaux lourds, faisant écho à la pollution déjà bien documentée de la rivière Kok, située dans la même région. En ligne de mire : l’exploitation minière illégale menée dans l’État Shan, en Birmanie, par des entreprises chinoises opérant sous la protection de groupes armés.
Alors que la rivière Kok fait l’objet d’alertes sanitaires depuis plusieurs années en raison d’un taux élevé d’arsenic, c’est désormais la rivière Sai qui inquiète.
Le 29 mai, une réunion publique intitulée « Fermez la mine en amont de la rivière Sai avant qu’il ne soit trop tard » a réuni une cinquantaine de participants — citoyens, chercheurs et représentants d’ONG — à la mairie de Wiang Phang Kham, dans le district de Mae Sai, frontalier de la Birmanie.
Le Dr Suebsakul Kittanukorn, professeur à l’université Mae Fah Luang, a expliqué que le gouvernement se concentre actuellement uniquement sur la pollution par l’arsenic de la rivière Kok, mais que le problème s’est en réalité étendu à quatre rivières.
« Aujourd’hui, l’eau à Mae Sai est toxique », a-t-il déclaré. « Le gouvernement ne parle que de lutter contre les inondations. Nous avons besoin de toute urgence de tests de contamination, de directives sanitaires claires pour les habitants et de protocoles pour les fonctionnaires qui pénètrent dans les zones inondées. Les autorités locales et les cliniques doivent vérifier qui a développé des éruptions cutanées après avoir été exposé. Les gens ne devraient pas entrer en contact direct avec l’eau, mais cela est difficile à éviter pendant les inondations. Nous avons besoin de conseils pratiques. Cette eau de crue peut contenir des métaux lourds, est-elle toxique ou non ? »
Les préoccupations sont étayées par des images satellites fournies par l’agence spatiale thaïlandaise GISTDA, qui montrent plus de quarante sites de défrichement.
Des entreprises chinoises exploitent ces zones, situées dans des territoires contrôlés par le United Wa State Army, un groupe armé actif dans cette région semi-autonome de Birmanie.
Par ailleurs, la militante écologiste Pianporn Deetes, directrice des campagnes pour l’organisation International Rivers, a appelé à une réponse urgente. « Il faut arrêter immédiatement les activités minières. Ni les barrages ni les systèmes de filtration ne peuvent traiter le problème à sa source. Tant que les exploitations perdurent, la contamination continuera », a-t-elle déclaré le 24 mai à Chiang Rai.
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