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THAÏLANDE – SOCIÉTÉ: Le concept du don, pilier de la communauté thaïlandaise

Journaliste : Oriane Bosson
La source : Gavroche
Date de publication : 10/08/2020
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Actes communautaires et sociaux, les dons concernent toute la population thaïlandaise, mais les villageois plus encore, car dans des structures étroites on pose l’œil plus facilement sur son voisin. De nombreuses fêtes sont organisées autour du concept du don, comme les courses de pirogues. C’est un grand enseignement bouddhique : ce qui est donné récompense dans la vie future. Les mérites regonflent les karmas et les bonnes consciences. Ici, on ne pardonne pas, on rachète.

 

De bon matin, les portes s’ouvrent sur les bols vides des moines bouddhistes. Il est l’heure d’obtenir des mérites et de demander l’aumône. C’est l’aube, l’heure du « bin tak bat » (quête du matin). Des défilés de moines passent devant des fidèles agenouillés sur les bords des chemins. On donne du riz et des victuailles. On contribue ainsi à assurer la subsistance des moines, mais on gagne aussi des mérites (bun) pour cette vie ou une vie future.

 

En Thaïlande, il est un devoir de donner pour améliorer sa condition divine et humaine. C’est aussi un moyen de se construire une image communautaire que l’on pourrait appeler « la face ». Le point de rencontre entre l’indicible personnel et l’acceptation communautaire, la différence entre ce que l’on est réellement et la perception de ce que les autres savent. Car on donne beaucoup en public.

 

Ainsi, se met en place le grand enseignement du don et du contre-don, le premier étant matériel, le second spirituel. Le contre-don est ce que l’on reçoit en contrepartie du don. La nourriture donnée reviendra aux donateurs dans la série de ses renaissances ; l’argent lui mettra le pied à l’étrier dans sa future vie sociale. Rien ne se perd, rien ne s’égare, tout se transforme. « De même que le fleuve retourne à la mer, le don de l’homme revient vers lui » dit un vieux proverbe chinois.

 

L’abnégation des biens matériels suggérée par la religion trouve ainsi toute sa signification. Chez un bon fidèle, l’accumulation des richesses reste possible s’il fait don de son surplus financier après sa consommation. S’enrichir égoïstement va à l’encontre de l’enseignement de Bouddha. Il ne doit pas aller à l’encontre de l’équilibre communautaire ; il est alors bon de penser rénover un monastère, le construire, fonder une école et ainsi contribuer à l’intérêt général.

 

Cette quasi obligation de coopération tempère la dynamique de compétition à tout prix. On donne aussi beaucoup pour recevoir un service urgent, quand les moines deviennent soigneurs, prophètes, récupérateurs d’âmes égarées. C’est bien clair, on donne pour recevoir.

 

La presse fait les gorges chaudes des ces outrancières richesses accumulées, distribuées. Bien entendu, il est plus difficile de photographier les contre-dons spirituels… Toutefois, il existe une « police des moines », et on peut dénoncer les abus sur une hotline. Peu importe, les détracteurs se chargeront de rectifier les dérives.

 

Le peuple thaïlandais a son esprit marqué par la nécessitée du don. Dès l’annonce d’une catastrophe touchant le royaume et tous ceux qui s’y trouvent, les dons affluent ; une famille riche enverra l’un des siens aider les nécessiteux. Après le tsunami de 2004, les avions entre Bangkok et Phuket étaient occupés par ces élégantes femmes thaïlandaises qui venaient donner leur temps, leur argent, leur connaissances, leur compassion pour aider la population anéantie à se redresser.

 

Il existe aussi cette merveilleuse fête des enfants, « wan dek » (le jours des enfants en thaï), le second samedi du mois de janvier.

 

On leur donne alors l’accès gratuit aux bus, au métro, aux zoos. Ils peuvent visiter le bureau du Premier ministre, s’assoir dans son fauteuil, monter dans les avions de la Royal Air Force ; les banques distribuent des stylos et des cahiers ; on leur offre glaces et sucreries. Le don est une fête, une joie.

 

Dans les institutions pour personnes âgées ou personnes handicapées et dans les écoles, on organise des journées pour les donateurs bienfaiteurs, récompensés par des remerciements infinis, des sourires et de petits spectacles charmants. Churchill disait : « On gagne sa vie avec ce que l’on reçoit, mais on la bâtit avec ce que l’on donne ».

 

Oriane Bosson

 

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