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Thaïlande, tortues de mer : la nidification sur les plages de Phuket se raréfie

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 05/05/2020
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A vingt minutes à peine des sites endiablés du sud de l’île de Phuket, la nature retient une curiosité : les tortues, qui vivent dans les océans de la planète depuis 130 millions d’années, viennent encore pondre sur ces belles langues de sable des côtes Andaman. Mais pour combien de temps ?

 

Après avoir quitté l’île de Phuket par le pont Sarasin en direction de Khao Lak, la route traverse une petite bourgade du nom de Thai Muang. C’est ici, en longeant une allée de lampadaires à l’effigie des tortues, que se niche un trésor de lumière : une longue plage de sable blanc bordée de casuarinas.

 

L’océan abandonne ses vagues sur une côte magnifique et déserte. Pas une trace de pas sur le sable mouillé. A perte de vue, la mer et la plage s’alanguissent. Les oiseaux s’ébrouent dans l’eau salée, les crabes sillonnent le rivage d’or et l’aigle de mer tourbillonne dans l’air transparent comme l’eau.

 

Pas de touristes, pas un seul établissement pour effrayer la nature, que de rares pécheurs à la ligne et parfois un petit groupe d’enfants qui jouent dans les rouleaux de l’océan. C’est divin, sauvage et silencieux. Ici, les tortues viennent encore nidifier. Celles qui sont nées là reviendront y pondre. Leur zone d’alimentation est au large, où elles plongent en apnée jusqu’à cinquante mètres de profondeur pour trouver leur nourriture. Les politiques de protection environnementale mises en place par la Thaïlande et les Nations Unies ont permis leur protection. Mais leur nombre diminue dramatiquement.

 

Cinq espèces, la tortue verte (menacée), la tortue imbriquée (gravement menacée), la tortue caouanne (menacée), la tortue olivâtre (vulnérable) et la tortue Luth (rare et gravement menacée) ont été recensées par les instituts de recherche et de protection des tortues marines présents près des zones de nidification. Ce bel animal, mémoire des temps préhistoriques, peut vivre entre 60 et 80 ans. A la différence des tortues terrestres, sa tête et ses pattes ne se rétractent pas sous la carapace. En cas de danger, elle peut atteindre sous l’eau une vitesse de nage de 60 km/h. Omnivores pour la plupart, les tortues de mer se nourrissent d’algues et d’herbes marines, de petits mollusques, de méduses et d’éponges. Seule la tortue verte est totalement herbivore.

 

La ponte, moment crucial

 

Ces reptiles carapaces atteignent leur maturité sexuelle vers 25 ans, une femelle pouvant pondre une centaine d’œufs par ponte. Les tortues de mer s’accouplent entre leur espace de nutrition et leur espace de ponte. Une tortue femelle, qui pond tous les trois à six ans, choisira le crépuscule et la marée montante pour nidifier. Dans chacun de ses nids, elle pondra une centaine d’œufs et reviendra au cours de sa vie entre trois et six fois sur la même plage pour pondre. Chacune de ces pontes est espacée de dix à quinze jours. On peut donc estimer qu’une femelle reste dans les eaux proches des plages pendant deux mois pour libérer environ 500 œufs. Chaque nid est creusé avec les pattes arrière. La tortue recouvrira ensuite sa future progéniture de sable humide afin de la protéger des chaleurs trop violentes pendant l’incubation et brouillera soigneusement les alentours du lieu de nidification.

 

Le début de l’éclosion survient deux mois plus tard. Quand les nouveaux nés se libèreront de leur coquille, ils se précipiteront vers l’océan. On connait encore mal par quel instinct ou par quel magnétisme ils trouvent leur chemin, à un moment où leur chance de survie est réduite a 1%. Les oiseaux de mer, les rats, puis les poulpes calamars et autres se gaveront de leur carapace molle et tendre.

 

Les survivants nageront alors pendant cinq à six jours sans discontinuer, puis abandonneront ce stade de nage active pour passer au stade de nutrition. Au début de leur croissance, ils préfèreront les planctons et mollusques charges en protéines et offrant un développement rapide, puis petit à petit ils équilibreront leur régime alimentaire avec algues et herbes marines.

 

Public participatif

 

C’est essentiellement pour marquer la fin de la saison des pontes (entre novembre et mars) que le Phang Nga Coastal Fisheries Research and Development organise chaque année, du 1er au 8 mars, une grande exposition sur la plage de Thai Muang. La protection des tortues est l’une des activités principales de ce centre de recherches qui travaille depuis une trentaine d’années dans le domaine de la protection océanographique et étudie l’exploitation industrielle du milieu marin, comme l’aquaculture et les fermes de crevettes. Pendant cette semaine de la tortue, les visiteurs peuvent découvrir les nombreux bassins, dont une vaste nurserie, assister aux soins donnes aux tortues blessées ou malades et de relâcher de jeunes tortues de 8 mois en mer. Toutefois, par tradition, les lâchers de tortues se font aussi le jour de Songkran (13 avril) sur les plages de Nai Yang et Maikhao, dans le nord de l’ile. Pour quelques bahts, vous pourrez parrainer une petite tortue et la remettre à l’eau.

 

Il existe également sur l’île de Phra Thong, au nord de Phuket, près des îles Surin, une mission d’éco-volontariat pour la protection des tortues. Ce programme de recherche scientifique mène depuis 17 ans par Naucrates, une ONG italienne, propose à des passionnés d’étudier des stratégies de conservation des ressources naturelles locales. Les stagiaires observent les quatre espèces de tortues marines présentes dans la zone en milieu naturel, dans la mangrove, sur le massif corallien, sur les plages et étudient les neufs espèces de plantes marines dont se nourrissent les tortues. Ils participent également au suivi de l’herbier et prennent connaissance de tous les systèmes de mise en place d’études, d’observations et de soins des tortues. Un programme qui rappelle que la protection des espèces ne dépend pas seulement de l’engagement des Etats et des autorités, mais est aussi la responsabilité de chacun.

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