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THAÏLANDE – TOURISME: Kanchanaburi, une région à explorer

Journaliste : Raymond Vergé
La source : Gavroche
Date de publication : 04/09/2020
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La nouvelle escapade dans nos archives nous mène à Kanchanaburi. Pour tout visiteur ou résident qui se respecte, Kanchanaburi et sa région font partie des incontournables. Outre son charme particulier, cette petite ville est le point de départ de très nombreuses excursions, toutes aussi surprenantes les unes que les autres.

 

“Il y a bien sûr le pont sur la rivière Kwaï, devenu mondialement célèbre grâce au roman de Pierre Boulle adapté au cinéma par David Lean en 1957 et immortalisé par son refrain sifflé «Hello le soleil brille». Comme le livre et le film ont très peu à voir avec la réalité historique, certains peuvent être un peu déçus en découvrant que ce pont n’est en fait qu’une étroite passerelle sur la rivière, dont le nom ne se prononce d’ailleurs pas «kwaï» (kouaille) mais «khwae» ou « khwè». Seuls les francophones font l’erreur, à cause d’un tréma injustifié.

 

Bombardé (et non pas dynamité) par les alliés en 1945, ce vestige de la Seconde Guerre mondiale constitue naturellement l’attraction principale de la ville, provoquant un défilé incessant de curieux. Sur la place qui sépare la jolie petite gare de la rivière, l’ambiance est décontractée et bon enfant. Autour des boutiques de souvenirs, sous les allées ombragées, beaucoup de touristes étrangers déambulent tranquillement, bercés par de la musique pop thaïe, se laissant tenter par les vendeurs de pierres précieuses et semi-précieuses, extraites des mines locales.

 

La vie sur l’eau

 

La ville est située au confluent de la Khwae Noï et de la Khwae Yaï qui forment ensuite la Mae Klong. Tout près du pont, on peut à tout moment sauter dans un “long tail boat” (bateau à longue queue) pour une promenade express au fil de l’eau et admirer les berges où se succèdent les restaurants sur plate-forme et les guest-houses fluviales, entourées de lotus roses éclosant sur des tapis de plantes aquatiques aux larges feuilles vertes étalées. Visions calmes et sereines si ce n’était le vrombissement du moteur hors-bord ! En passant, le barreur (un vrai pilote !) vous montre la somptueuse résidence secondaire du propriétaire du Thai Rath (un quotidien tirant à un million d’exemplaires).

 

Le meilleur moment pour embarquer est en fin d’après-midi, pour revenir à la brune et savourer, depuis la terrasse d’un estaminet, l’heure magique du couchant aux tonalités d’un bleu sombre liseré de rouilles éclatantes. Très appréciées également sont les croisières qui s’étendent sur 7 à 10 heures de navigation, comprenant des «nocturnes», sur de grandes barges aux baies vitrées, spécialement aménagées, avec piste de danse et karaoké !

 

Kanchanaburi est aussi réputée pour être la ville touristique la moins chère du pays. De Bangkok, on peut facilement se rembourser le voyage grâce aux tarifs en vigueur sur le gîte, le couvert et les boissons alcoolisées. Il y en a quand même pour tous les budgets et l’éventail est large: le prix d’une nuitée va de 70 bahts pour une simple hutte en paille et bambou, les pieds dans l’eau, à 8000 bahts au Felix River Kwai Resort, en passant par de petits hôtels très corrects, avec vue directe sur les ondes, à 500 bahts. On y croise donc un mélange très éclectique de visiteurs: jeunes couples de routards occidentaux, familles d’expatriés en congés et ressortissants des pays d’Asie, notamment une proportion élevée de Japonais venus admirer la prouesse technique de leurs aînés, tout en se repentant de la cruauté des soldats de l’armée impériale nippone.

 

Entre les civils asiatiques (Birmans, Siamois, Malais, Indonésiens) et les prisonniers de guerre (Australiens, Britanniques, Néo-zélandais, Américains et Néerlandais), on estime à plus de cent mille le nombre de travailleurs forcés qui ont laissé leur vie (entre 1942 et 1943) à construire les 415 kilomètres de la ligne joignant les réseaux ferroviaires birmans et siamois. A Kanchanaburi même, plusieurs musées et cimetières permettent de se faire une idée du calvaire de ces forçats. Leur visite est édifiante et indispensable. Cent trente kilomètres de ce «chemin de la mort» sont toujours utilisés et permettent notamment de faire le trajet Kanchanaburi-Namtok, dans un petit tortillard aux banquettes de bois. Les compartiments sont de vieille facture, rappelant ceux de la Compagnie des Indes, avec des ventilateurs au plafond, des porte-bagages réglementaires, des vitres coulissant verticalement et des persiennes métalliques.

 

La plupart des passagers sont des touristes émerveillés qui découvrent la campagne, les paysages verdoyants, avec au loin de petites chaînes de montagnes. C’est une belle région très fertile, prospère car bien arrosée par les pluies et irriguée par les eaux de rivière. Tout y pousse: pommes de terre, bambous, bananes, canne à sucre… On aperçoit de nombreuses fermes abritant des élevages de porcs et des troupeaux de zébus dans des enclos.

 

Le terminus de Namtok est aussi le point de départ pour partir à la découverte d’une région riche en sites naturels, culturels, archéologiques et religieux, au milieu de parcs nationaux qui sont de fabuleuses réserves de faune et de flore. Namtok veut dire «chute d’eau» en thaï et on en trouve à satiété dans tout le secteur, à commencer par celles de Sai Yok Noi, à quelques centaines de mètres de la petite gare de montagne (où l’on peut au passage admirer une impressionnante locomotive à vapeur rescapée de la guerre). Le site est remarquable de beauté naturelle.

De nombreux centres d’intérêt

 

Entre autres, il ne faut pas manquer les cascades d’Erawan (à 65 kilomètres de Kanchanaburi), qui font certainement partie des plus populaires de toute la Thaïlande. La période idéale pour les visiter est pendant l’arrière saison des pluies, d’août à octobre, lorsque les eaux coulent en abondance, à travers des forêts très denses de bambous et d’arbres à feuilles caduques. L’ensemble des chutes s’étage sur sept paliers, le premier (et le plus bas) étant à 700 mètres de la route et à 1500 mètres du sommet, avec un bon dénivelé, cela va sans dire. Compter 45 minutes et prévoir de bonnes chaussures de marche. C’est en arrivant tout en haut que l’on comprend le pourquoi de ce nom: Erawan, le véhicule d’Indra (le roi des dieux) est un éléphant à trois têtes, et la formation rocheuse qui domine la cascade n’est pas sans rappeler cet animal mythologique. Au fur et à mesure de l’ascension, il est possible et même recommandé de se baigner dans les nombreuses et grandes vasques granitiques, voire de se doucher copieusement sous ces inépuisables débordements d’eau délicieusement fraîche.

 

La région offre un grand nombre d’endroits à visiter qu’il est impossible de lister ici. Pour ceux que l’Histoire intéresse, on peut aussi y remonter très loin dans le temps: bon nombre de cavernes répertoriées ont abrité des hommes du néolithique et, il y a quelques siècles, les Birmans voisins suivaient les sentiers praticables des cols et des vallées pour envahir le royaume de Siam. Le poste frontalier le plus célèbre est celui dit des “Trois Pagodes” (construites au 4ème siècle), à quelque 240 kilomètres au nord-ouest de Kanchanaburi. Mais c’est aussi par là que passaient les caravanes de marchands et les moines missionnaires bouddhistes de l’Inde ancienne.

 

Bien plus près, à 45 kilomètres de la ville, se trouvent les vestiges du Prasat Muang Singh (le sanctuaire de la Cité des Lions), temple d’une citadelle qui fut un poste avancé du royaume khmer, à l’apogée de sa puissance. Construite au 12ème siècle, entourée d’une haute muraille toute en latérite, elle domine la rivière Khwae Noi. C’est maintenant un vaste domaine d’une centaine d’hectares, bien entretenu et comprenant principalement un lieu de culte shivaïte restauré et qui évoque quelque peu les merveilles d’Angkor Vat ou du Bayon d’Angkor Thom. Non loin de l’édifice religieux, un musée abrite toute une collection de statues, de poteries, d’outils, de photos, d’images et de cartes.

 

Tous les ans, de fin novembre à début décembre, la ville de Kanchanaburi organise le «River Kwai Bridge Festival» en hommage aux «cheminots malgré eux». Spectacle son et lumière et feu d’artifice grandiose sont au programme ainsi que des expositions historiques et archéologiques, un carnaval et des manèges, des danses et musiques folkloriques, divers évènements culturels et un grand marché ouvert. Même pour la hutte en bambou, il est conseillé de réserver à l’avance.

 

Mais quelle que soit l’époque de l’année, la belle région de Kanchanaburi produit son effet magique sur tous les visiteurs. La douceur du climat et l’abondance des ressources donnent à ses habitants un tempérament calme et serein qui transforme les moindres rapports commerciaux en relations conviviales.”

 

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