Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Min Aung Hlaing s’est entretenu avec le Premier ministre malaisien à Bangkok le 17 avril, une rencontre condamnée par les critiques du gouvernement militaire. Min Aung Hlaing a effectué un voyage dans la capitale thaïlandaise pour rencontrer le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim en marge d’une réunion bilatérale thaï-malaisienne. La déclaration de la junte a ajouté que l’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra était présent à la réunion. Anwar a déclaré plus tôt cette semaine qu’il rencontrerait Min Aung Hlaing pour discuter de la sécurité des équipes humanitaires malaisiennes envoyées en Birmanie après le tremblement de terre de magnitude 7,7 du mois dernier. Les groupes d’opposition et les organisations de défense des droits ont critiqué le 16 avril l’engagement des dirigeants de l’ASEAN avec le chef de la junte militaire.
Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui assure cette année la présidence tournante de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré le 18 avril avoir exhorté Min Aung Hlaing à respecter le cessez-le-feu en vigueur après le séisme meurtrier survenu le mois dernier. La discussion a eu lieu à Bangkok, en marge d’un déplacement non officiel du général birman. Min Aung Hlaing s’est rendu dans la capitale thaïlandaise le 17 avril pour rencontrer Anwar Ibrahim, à l’occasion d’entretiens parallèles avec des responsables thaïlandais. La régime birman a décrété un cessez-le-feu temporaire jusqu’au 22 avril, à la suite du séisme de magnitude 7,7 qui a frappé le pays le mois dernier, faisant plus de 3 700 morts.
Dans un message le 17 avril, Min Aung Hlaing, a réitéré son appel à ce que chacun coopère avec les élections qu’il prévoit d’organiser à la fin de l’année. Il a promis des « élections libres et équitables » en décembre et a déclaré qu’il avait proposé de « résoudre les conflits en cours par des moyens politiques ». Min Aung Hlaing a annoncé que les élections se tiendraient par étapes de la troisième semaine de décembre à la deuxième semaine de janvier, ce qui lui permettrait de revendiquer une légitimité nécessaire pour son gouvernement putschiste. La Chine, la Russie, l’Inde, le Bélarus, la Thaïlande et le Cambodge ont exprimé leur soutien aux élections, tandis que les démocraties occidentales, y compris les États-Unis, ainsi que le Gouvernement d’unité nationale civil et d’autres opposants au régime, les ont condamnées comme une mascarade visant à maintenir l’emprise de l’armée sur le pouvoir.
Le personnel administratif du régime birman a regagné Lashio, capitale de l’État Shan nord, après le retrait de l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), contraint par la pression chinoise. Soutenue par ses alliés de la résistance, la MNDAA avait pris le contrôle de la ville en août 2024, à l’issue d’un mois de combats. Mais sous l’influence de Pékin, le groupe armé a accepté de se retirer avant le 21 avril, selon le comité de reconstruction de Lashio mis en place par la MNDAA pour réhabiliter une ville largement détruite par les affrontements. Les forces et les administrateurs du mouvement ont quitté les lieux courant avril.
Plusieurs ministères birmans pourraient être relocalisés à Rangoun, après le puissant séisme du 28 mars qui a gravement endommagé environ 80 % des bâtiments gouvernementaux et des logements du personnel à Naypyitaw. La résidence présidentielle, le parlement et plusieurs ministères sont devenus inutilisables. Les portefeuilles des Affaires étrangères, de l’Hôtellerie et du Tourisme, de l’Immigration, du Commerce ainsi que la Banque centrale seraient concernés. Malgré le transfert de la capitale en 2005, certains bureaux restent actifs à Rangoun et pourraient accueillir provisoirement les services déplacés.
À l’occasion du Nouvel An traditionnel, le 17 avril, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing a décerné des titres honorifiques à plusieurs responsables militaires sanctionnés par la communauté internationale. Parmi les récipiendaires du titre Sithu figurent le lieutenant-général Aung Aung, visé par un mandat d’arrêt argentin pour génocide contre les Rohingyas, et deux membres du Conseil d’administration de l’État sanctionnés par l’UE et la Suisse. Min Aung Hlaing a également décoré le ministre de l’Électricité, Nyan Tun
Économie
Des militants pro-démocratie demandent à Prague d’enquêter sur Compelson s.r.o., une société tchèque accusée d’avoir vendu un logiciel d’espionnage téléphonique à la police de la junte birmane. Selon Justice for Myanmar, l’entreprise aurait fourni plusieurs licences de MOBILedit Forensic Pro, capable d’extraire des données de téléphones, même effacées. Le groupe dénonce une complicité dans la répression visant les opposants, dont les téléphones sont souvent fouillés sous la torture. La vente pourrait enfreindre les règles européennes sur les exportations vers la Birmanie, soumises à embargo. Une alerte a été transmise à l’UE en février, sans réponse à ce jour.
Depuis le coup d’État de 2021, la bière Heineken gagne du terrain en Birmanie, portée par un boycott des marques liées à l’armée. La brasserie néerlandaise, implantée à Rangoun via une coentreprise depuis 2013, aurait dépassé Myanmar Brewery, longtemps leader avec 80 % du marché. Ce dernier, associé au conglomérat militaire Myanma Economic Holdings, a perdu du terrain après le retrait du groupe Kirin en 2023. Heineken capterait désormais près de 50 % du marché birman. Carlsberg progresse aussi avec ses marques Yoma et Tuborg, tandis que le thaïlandais Chang tire son épingle du jeu. Malgré la demande, les brasseurs restent confrontés à des défis logistiques et sécuritaires. Myanmar Brewery tente un retour discret avec la marque Keen, dont la part de marché avoisinerait 10 à 15 %.
Répression/Conflit
Pendant le festival de Thingyan, célébré du 13 au 16 avril, l’armée birmane a mené au moins 26 frappes aériennes contre des zones civiles, tuant 23 personnes, dont des enfants et des novices, et en blessant une cinquantaine d’autres. Les attaques ont touché sept des quinze régions du pays, dont les États de Karen, Chin et Rakhine. Le 15 avril, un raid aérien a frappé un monastère dans le canton de Kawkareik, faisant six morts et 17 blessés. Cela malgré les cessez-le-feu annoncés par le Gouvernement d’unité nationale (NUG) et certaines factions ethniques, ainsi qu’une trêve de la junte après le séisme du 28 mars.
Le 18 avril, des frappes aériennes du régime birman ont frappé des zones tenues par la résistance, tuant plusieurs civils. Cela survient après que le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim ait exhorté Min Aung Hlaing à respecter un cessez-le-feu post-séisme lors de discussions à Bangkok le 17 avril. Un avion de chasse a largué une bombe sur le village de Lake Kya, dans la région de Mandalay, tuant 13 civils et en blessant trois autres, selon la Force de défense populaire (PDF). Une autre attaque aérienne a visé le village de Yay Htwat, causant des dégâts mineurs aux infrastructures avant de revenir dans l’après-midi, tuant 13 autres civils, dont des enfants, et en blessant environ 20.
Société
Min Aung Hlaing a décerné des titres Thiha Thudhamma Theingi de troisième classe aux épouses de ses généraux pour leurs « généreuses donations à la promotion du bouddhisme ». Les récipiendaires comprenaient les épouses du secrétaire du SAC, Aung Lwin Dwe, du chef du renseignement militaire, Ye Win Oo, du ministre des Transports, Mya Tun Oo, du ministre du bureau du Premier ministre, Tin Aung San, du ministre de la Défense, Maung Maung Aye, du membre du SAC, Nyo Saw, du ministre des Affaires frontalières, Yar Pyae, du chef d’état-major général, Kyaw Swar Lin, du chef de l’armée de l’air, Tun Aung, du ministre du bureau du président du SAC, Moe Aung, et d’autres généraux à la retraite. Ces récompenses surviennent un mois après que Min Aung Hlaing a remis le titre Thiri Thudhama Theingi de deuxième classe aux épouses de son adjoint Soe Win, ainsi qu’à d’anciens vice-présidents et ministres.
L’évaluation préliminaire a révélé des dégâts considérables dans la capitale birmane Naypyitaw après le séisme du 28 mars. Plus d’un tiers des bâtiments du personnel se sont effondrés ou sont devenus inhabitables, avec 116 bâtiments totalement détruits et 494 gravement endommagés sur un total de 1 556 inspectés. Le ministère de la Construction et le génie militaire ont mené l’évaluation et indiqué que 946 bâtiments nécessiteront des réparations importantes avant que le personnel puisse y retourner. Le séisme a fait plus de 3 700 morts et plus de 5 000 blessés, avec Naypyitaw, Sagaing et Mandalay parmi les régions les plus touchées. D’autres infrastructures essentielles, telles que la résidence présidentielle et plusieurs ministères, ont également subi de graves dommages.
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