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Vous l’avez peut-être remarqué. Samedi 26 avril, une chaise a fait toute la différence lors du court entretien bilatéral entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. D’abord installée par les prélats mobilisés pour organiser cet aparté dans la basilique pontificale accaparée par les obsèques du pape François, cette troisième chaise s’est volatilisée. Il n’en est donc resté que deux, pour un face-à-face à l’allure de confession entre les présidents ukrainien et américain. Exit, le troisième larron.
La question maintenant est de savoir qui aurait pu ou dû s’asseoir en marge des cérémonies ? A priori, c’est Emmanuel Macron (baptisé catholique à l’age de 12 ans contre l’avis de son père). Les images des derniers instants avant l’entretien montrent que le président français tenait la rampe. S’est-il ensuite éclipsé de lui-même ou Donald Trump l’a-t-il écarté comme le jurent des experts qui ont lu sur ses lèvres ?
L’enseignement de cette chorégraphie diplomatico-religieuse au Vatican est en tout cas évident : si les États défendent toujours leurs intérêts, un (petit) espace existe encore pour les hommes (et les femmes) guidés par leur tempérament et par les circonstances. Tant mieux. Faute de chaise aux côtés de Trump et Zelensky, Macron a gardé ses distances, à l’image de l’Europe contrainte d’attendre le feu vert (ou orange, ou rouge) de Washington, alors que Trump achève ses cent jours de pouvoir.
S’asseoir avec eux aurait finalement été peut-être plus inconfortable. Il vaut mieux, parfois, ne pas entendre certaines confessions.
Bonne lecture, in paradisum !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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« l »Europe », c’est comme la Ve République et Emmanuel Macron, ça n’existe pas.
L’insolent Président des États-Unis n’a aucun égard pour la tendresse d’Emmanuel Macron pour le Président Zelenski. Moi, à la place de Zelenski, je me méfierais.
C’est exactement ça. Je lui ai donné ce surnom depuis longtemps. Merci pour le rappel de la fable de La Fontaine.
Le Coche et la Mouche. Jean de La Fontaine, Livre VII, fable 9 (Première édition en 1678)
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient, et des chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant à chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le moine disait son bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
ça, Messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout le nécessaire,
Et, partout, importuns, devraient être chassés