Une chronique de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande
Le 29 avril 2025, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) a adopté une résolution de 10 pages intitulée « Santé mondiale et politique étrangère : repenser la promotion de la santé comme voie de transformation vers un bien-être amélioré et plus durable pour tous ». Le projet de résolution était parrainé par le Brésil, le Cambodge, le Congo, la France, la Guinée, l’Indonésie, la Norvège, les Philippines, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Thaïlande.
Le texte a été présenté en séance plénière de l’AGNU par le représentant de la Thaïlande, qui a notamment déclaré que la résolution proposée vise à instaurer un changement de paradigme dans la manière de relever les défis et de remédier aux inégalités en matière de santé mondiale.
Par cette résolution, l’AGNU a exhorté les États membres, entre autres, à accroître les investissements et à envisager de mettre en place ou de développer des mécanismes de financement innovants et durables pour une promotion globale de la santé et la prévention des maladies, dotés d’une base institutionnelle solide pour leur gestion, et à prendre des mesures pour garantir une approche axée sur les soins de santé primaires comme base solide pour parvenir à une couverture sanitaire universelle et à une bonne santé publique.
Malgré de fréquentes répétitions de résolutions précédentes sur le même sujet, la résolution à l’étude marque une évolution significative dans la stratégie mondiale de santé, en mettant fortement l’accent sur une approche globale et axée sur l’équité en matière de promotion de la santé qui s’étend au-delà des systèmes de santé traditionnels.
Aspects fondamentaux
Pour des raisons de place, nous nous concentrerons dans cette brève chronique, peut-être trop succincte par rapport au texte original, long et riche en contenu, uniquement sur les principes et objectifs fondamentaux reflétés dans ce document hautement programmatique.
• La promotion de la santé comme stratégie transformatrice : La résolution redéfinit la promotion de la santé comme une stratégie centrale pour atteindre un bien-être durable. Elle préconise de prendre en compte les déterminants sociaux, économiques et environnementaux de la santé, reconnaissant que des facteurs tels que le revenu, le logement, l’éducation et les conditions environnementales jouent un rôle essentiel dans les résultats de santé.
• Intégration dans la politique étrangère : Reconnaissant l’interdépendance de la santé et de la politique étrangère, le document appelle à faire de la promotion de la santé un élément clé des relations internationales. Il souligne que les défis de santé mondiale nécessitent des efforts diplomatiques coordonnés et que les considérations sanitaires doivent éclairer les décisions de politique étrangère.
• Équité et inclusion : L’un des principes fondamentaux de la résolution est l’engagement en faveur de l’équité en santé. Elle exhorte les États membres à donner la priorité aux besoins des populations vulnérables et marginalisées, en veillant à ce que les efforts de promotion de la santé soient inclusifs et s’attaquent aux disparités en matière d’accès et de résultats en matière de santé.
• Collaboration multisectorielle : La résolution souligne la nécessité d’une collaboration intersectorielle, impliquant non seulement les ministères de la Santé, mais aussi des secteurs clés tels que l’éducation, l’environnement, les finances et le travail. Cette approche reconnaît que la santé est influencée par un large éventail de facteurs sociétaux et qu’une action coordonnée entre les secteurs est essentielle.
• Alignement sur les Objectifs de développement durable (ODD) : La résolution aligne la promotion de la santé sur le programme plus large des ODD, en particulier l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être). Elle souligne que la promotion de la santé est essentielle pour parvenir au développement durable et que les considérations sanitaires doivent être intégrées à tous les aspects de la planification du développement.
Concernant la mise en œuvre et le suivi, la résolution appelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autres organismes compétents des Nations Unies à soutenir les États membres dans la mise en œuvre de stratégies de promotion de la santé. Cela comprend la fourniture d’une assistance technique, la facilitation de l’échange de connaissances et le suivi des progrès. Elle encourage également l’élaboration d’indicateurs permettant de mesurer l’impact de la promotion de la santé sur le bien-être et le développement durable.
Santé et solidarité sont étroitement liées, car promouvoir et protéger la santé exige souvent une action collective, une responsabilité partagée et un soutien mutuel au sein des communautés et entre les générations.
C’est pourquoi il convient de noter que la résolution fait spécifiquement référence à la nécessité de créer un environnement propice au développement durable à tous les niveaux, dans un esprit de partenariat et de solidarité mondiaux, souligne le rôle de la coopération internationale, de l’équité et de la solidarité mondiale, reconnaît que le financement de la santé exige une solidarité mondiale et des efforts collectifs, et souligne l’importance cruciale de la solidarité intergénérationnelle pour le développement social.
Conclusion
La résolution examinée a été adoptée avec un soutien important des États membres, témoignant d’une reconnaissance mondiale de l’importance cruciale de repenser sérieusement la promotion de la santé. Ce document témoigne d’un engagement fort en faveur d’une approche holistique, inclusive et durable de la santé, soulignant que l’amélioration du bien-être nécessite de s’attaquer aux causes profondes des disparités en matière de santé et d’intégrer les considérations sanitaires dans tous les domaines de la politique et de la gouvernance.
Cette résolution représente une avancée diplomatique précieuse dans les efforts visant à faire progresser la politique de santé mondiale, positionnant la promotion de la santé comme un outil de transformation pour parvenir à un bien-être équitable et durable dans le monde entier. Le contenu de ce document diplomatique souligne l’importance d’une collaboration internationale et de structures de gouvernance solides pour répondre efficacement aux urgences sanitaires mondiales et mettre en œuvre des stratégies de promotion de la santé.
La résolution prône une approche plus intégrée et plus équitable de la santé mondiale. En inscrivant la promotion de la santé dans le contexte plus large de la politique étrangère et du développement durable, elle pose les bases de stratégies internationales de santé plus cohérentes et plus efficaces. L’accent mis sur l’équité, l’innovation et la collaboration intersectorielle reflète une vision globale pour parvenir à un bien-être durable pour tous.
Par sa terminologie équilibrée et nuancée, elle reflète une vision ambitieuse et holistique de l’intégration de la promotion de la santé au développement durable et à la politique étrangère. Cependant, les attentes réalistes quant à sa mise en œuvre effective doivent être tempérées par les réalités politiques, financières et institutionnelles. Sans la création d’un mécanisme de suivi, l’impact à long terme de la résolution pourrait s’estomper, car son processus de mise en œuvre nécessitera probablement une réaffectation des ressources existantes ou de nouveaux engagements de donateurs, des éléments incertains dans le contexte actuel d’aide.
De plus, la fragmentation croissante du multilatéralisme et les rivalités géopolitiques pourraient limiter, dans la pratique, une action coopérative dynamique en matière de promotion de la santé mondiale.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.