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INDONÉSIE – POLITIQUE : Prabowo Subianto accueille Emmanuel Macron pendant qu’il met le pays au pas

Date de publication : 27/05/2025
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armée indonésienne

 

Un commentaire du Jakarta Post (original en anglais)

 

Le procureur général d’Indonésie (AGO) peut estimer nécessaire de s’appuyer davantage sur l’armée (TNI) pour mener à bien des enquêtes portant sur des affaires criminelles très médiatisées — une démarche qui, à première vue, pourrait sembler justifiée. Mais ce qui suscite une inquiétude bien plus profonde, et qui risque de fragiliser durablement les fondements démocratiques du pays, c’est le signal inquiétant que cet arrangement envoie quant à l’avenir de la primauté du pouvoir civil sur les institutions militaires.

 

Le mois dernier, plusieurs rapports ont fait état d’un accord formel prévoyant le déploiement de personnel militaire dans les locaux du parquet général ainsi que dans les bureaux des procureurs régionaux. Selon les autorités, cette initiative vise à renforcer la sécurité des procureurs exposés à des menaces dans le cadre de dossiers sensibles, notamment en matière de fraude et de corruption.

 

Ce dispositif a été entériné par un règlement présidentiel relatif à la protection des procureurs — une mesure qui, dans le contexte indonésien, pourrait sembler justifiée. Mais la légitimité de cette décision ne saurait prévaloir sur un principe fondamental : les forces armées doivent rester strictement en dehors du champ de la justice civile et de l’action des procureurs. Flouter cette frontière, même au nom de la sécurité, reviendrait à affaiblir la séparation des pouvoirs — un pilier essentiel de toute démocratie.

 

Pourquoi l’AGO estime-t-il avoir besoin d’une protection militaire en ce moment ?

 

L’une des explications possibles à cette militarisation croissante du parquet est que les procureurs pourraient être confrontés à des affaires si sensibles et politiquement explosives qu’ils redoutent des représailles de la part d’acteurs influents ou de certaines élites de l’État. Si tel est le cas, cela rend d’autant plus urgente la nécessité de renforcer les institutions civiles chargées de faire respecter la loi et d’assurer le contrôle démocratique — et non de transférer ces responsabilités à l’armée.

 

Les critiques se multiplient au sein de la société civile et parmi les juristes, qui voient dans l’accord entre le parquet général (AGO) et l’armée (TNI) une dérive préoccupante, porteuse d’une érosion du principe fondamental de la suprématie du pouvoir civil. Nombre d’observateurs rappellent qu’aucune base juridique claire ne permet à la TNI d’assurer la protection de bureaux relevant d’une autorité civile, et alertent sur le risque de créer un précédent : celui d’une présence militaire banalisée au sein des institutions civiles.

 

C’est précisément ce type de dérive que de nombreux activistes et juristes redoutaient de voir s’installer sous la présidence de Prabowo Subianto. Autoriser l’armée à s’immiscer, même marginalement, dans le fonctionnement du système judiciaire risque de réactiver une culture d’omniprésence militaire que l’Indonésie avait entrepris de démanteler après la chute du régime autoritaire de l’Ordre nouveau.

 

Il reste aussi un enjeu politique majeur : l’éléphant dans la pièce demeure l’incertitude entourant la continuité du pouvoir dans l’ère post-Joko « Jokowi » Widodo. Bien qu’il ne soit plus président, Jokowi continue d’exercer une influence notable sur des pans essentiels de l’appareil d’État — qu’il s’agisse de la police, de l’armée ou encore de certains ministères.

 

Ce déploiement de personnel militaire au sein du parquet pourrait-il être l’expression du syndrome des « soleils jumeaux » — deux centres de pouvoir concurrents opérant au sein d’un même État ? Si tel est le cas, l’indépendance des institutions et la clarté des responsabilités constitutionnelles apparaissent plus fragiles que jamais.

 

La frontière entre sécurité et ingérence est dangereusement mince. Et lorsque cette ligne est brouillée par le bagage historique, les loyautés personnelles ou les menaces perçues, il en résulte un affaiblissement des institutions mêmes qui défendent la justice et la transparence.

 

La séparation entre les domaines militaire et civil en Indonésie à l’époque de la réforme n’était pas un acte symbolique. Il s’agissait d’une correction nécessaire, obtenue de haute lutte, après des décennies d’enchevêtrement autoritaire. L’érosion de ces lignes, même graduelle, crée un dangereux précédent. Si les procureurs civils ont besoin d’une meilleure protection, cette tâche doit incomber à la police, soutenue par des réformes institutionnelles et la responsabilité publique, et non à des soldats armés de fusils.

 

Il ne s’agit pas de remettre en question le professionnalisme de la TNI ou de douter de son engagement national. Il s’agit de maintenir la clarté structurelle et l’intégrité juridique. L’armée ne doit pas être autorisée à devenir un outil polyvalent pour la gouvernance, la justice ou la politique.

 

Moins d’un an après le début d’une administration qui présente des parallèles flagrants avec l’ère précédant la réforme, les fondements du contrôle démocratique doivent être renforcés, et non érodés. Si nous commençons à accepter comme une routine l’implication exceptionnelle de l’armée dans les institutions civiles, nous nous retrouverons à revenir sur des décennies de progrès démocratique.

 

Nous appelons les pouvoirs exécutif et judiciaire à repenser cet arrangement. Laissons les institutions civiles protéger le travail des civils. Et veillons à ce qu’aucun gouvernement futur ne soit tenté de résoudre la faiblesse institutionnelle par la force militaire. C’est ainsi que les démocraties s’effondrent, non pas avec fracas, mais en ébréchant tranquillement des fondations de plus en plus faibles.

 

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