London Escorts sunderland escorts
Home Accueil THAÏLANDE – FRANCE : La caisse des Français de l’étranger, au cœur de l’action de Florian Bohême

THAÏLANDE – FRANCE : La caisse des Français de l’étranger, au cœur de l’action de Florian Bohême

Date de publication : 14/06/2025
0

Florian Bohême

 

Florian Bohême est conseiller des Français de l’étranger au Cambodge et président de la commission des Affaires sociales à l’AFE. Il a répondu aux questions de Gavroche sur la CFE, préoccupation souvent exprimée par les Français de Thaïlande et de la région.

 

Qu’est-ce que sont les Assises de la Protection sociale des Français de l’étranger ?

 

Les Assises de la Protection sociale des Français de l’étranger sont une grande concertation citoyenne lancée à l’initiative du Gouvernement et confiée à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE). Elles visent à faire le point sur les dispositifs de protection sociale existants pour nos compatriotes vivant hors de France, à identifier les dysfonctionnements, mais surtout à construire ensemble des propositions concrètes d’amélioration. Trois grands thèmes sont abordés : les aides sociales directes et indirectes, les bourses scolaires et l’accompagnement du handicap, ainsi que l’avenir de la Caisse des Français de l’étranger (CFE).

 

Depuis plus de deux ans, plus de 130 Conseillères et Conseillers des Français de l’étranger se sont mobilisés pour demander ces Assises. Leur lancement intervient à un moment crucial, où il devient nécessaire de réinterroger le pacte social que la Nation entretient avec ses 3 millions de ressortissants à travers le monde.

 

En quoi cela concerne-t-il les Français de Thaïlande ?

 

Les Français de Thaïlande sont directement concernés. Pour vous donner un exemple qui intéresse vos lecteurs : celui de la Caisse des Français de l’étranger. Sur environ 15 000 Français inscrits auprès du Registre consulaire, nous comptons plus de 6 000 adhérents à la Caisse ; ce n’est pas neutre.

 

Comment y participer ?

 

Plusieurs formats sont proposés : des réunions publiques sont organisées localement par vos élus consulaires et par les associations, comme celle à Bangkok ce 12 juin, mais aussi un questionnaire en ligne ouvert à tous, disponible sur le site ici.
Chaque citoyen peut y apporter sa contribution. C’est un exercice inédit : votre voix compte réellement dans la construction d’un nouveau modèle plus juste, plus solidaire et plus adapté.

 

Pourquoi avoir choisi le thème de la CFE pour la réunion publique à Bangkok ?

 

Cette réunion est à l’initiative de la société civile, et je tiens à saluer la mobilisation citoyenne des associations françaises de Thaïlande et des élus consulaires Claude Bauchet et Marc Laval. Tous ont été très actifs et responsables. Le sujet de la CFE est tout simplement incontournable ici. En m’arrêtant à Bangkok, juste avant le Conseil d’administration de la Caisse des Français de l’étranger des 16 et 17 juin, je souhaite écouter, comprendre et faire remonter les problématiques spécifiques des assurés. Je n’ai pas de baguette magique, et mon rôle d’administrateur me donne des marges de manœuvre limitées ; ma voix sera une parmi les 21 administrateurs. Mais je suis convaincu que l’écoute est déjà un premier pas vers l’action.

 

Pour aller un peu plus en détail, plus de 6 200 Français de Thaïlande (et leurs conjoints) sont inscrits à la CFE, dont près de 60 % ont plus de 60 ans, et 83 % sont des hommes. Il s’agit de l’un des plus grands contingents d’assurés pour la Caisse dans le monde. C’est donc l’un des pays les plus exposés aux évolutions des règles de couverture santé et aux décisions prises par la Caisse. En ce sens, les Assises offrent un espace unique pour que nos compatriotes puissent exprimer leurs attentes, leurs difficultés, mais aussi formuler des propositions. Pour le dire avec un peu d’humour, râler quand ça ne fonctionne pas, c’est bien, mais proposer des solutions concrètes, c’est encore mieux.

 

La Caisse est en difficulté : que faut-il faire pour la sauver ?

 

La CFE n’est pas la seule caisse en difficulté : selon un dernier rapport de la Cour des comptes, la Sécurité sociale elle-même fait face à un déficit historique de 22 milliards d’euros et à des risques de crise de liquidité. Ce qu’il faut poser, c’est la question centrale : comment sauver le modèle français de protection sociale à l’étranger ?

 

C’est l’un des objectifs des Assises : ouvrir la discussion sans tabou, avec toutes les parties prenantes. C’est pourquoi je viens débattre à Bangkok, un pays symbolique sur ce sujet. Avec un profil d’adhérents vieillissants parmi les Français de Thaïlande, le modèle est déséquilibré, et il faut des solutions durables.

 

Peut-on garantir que demain les adhésions à la CFE seront moins chères qu’aujourd’hui ? Il faut être réaliste et regarder la conjoncture en face. En revanche, celles et ceux qui disent que c’est moins cher dans le privé, je les mets au défi de trouver un système assurantiel qui offre une couverture santé de ce niveau, notamment pour les plus de 60 ans.

 

Pour sauver la Caisse, il faut donc aussi avoir cette réalité en tête. Est-ce que l’État français est prêt à soutenir concrètement le vieillissement de notre population française à l’étranger ?

 

Avez-vous voté les dernières décisions sur les augmentations ou la suppression du tiers payant ?

 

Non, je n’ai voté aucune de ces décisions, car je n’étais pas encore administrateur à ce moment-là. J’ai été nommé en avril, et mon premier Conseil d’administration aura lieu mi-juin.

 

Cela dit, en tant qu’élu à l’Assemblée des Français de l’étranger pour la zone Asie-Océanie, j’ai répondu à l’interpellation des associations françaises de Thaïlande pour dire que je n’aurais probablement pas voté la suppression du tiers payant. Mais, chacun en conviendra, commenter a posteriori est toujours plus facile, et je ne suis pas adepte du “Y’a qu’à, faut qu’on”.

 

Les administrateurs de la Caisse ont aussi pris leur responsabilité face à un État qui est en fait le vrai décisionnaire pour la CFE, puisqu’il dispose d’un droit de veto. Je crois néanmoins qu’en tant qu’administrateurs, nous avons un pouvoir que l’État n’a pas : celui de l’interpellation, de la mobilisation pour faire bouger les choses.

 

Sur les augmentations dues à l’inflation, je note qu’elles sont souvent inférieures à celles des assurances privées, ce qui mérite d’être souligné.

 

Concernant la décision prise sur les contrats EX, je suis en désaccord avec celle-ci, je l’ai fait savoir. Maintenant, peut-on réellement penser que l’État acceptera de revenir sur cette décision ? Il convient de trouver les solutions législatives nécessaires pour que ce que la loi a fait en 2018 puisse être changé. C’est ce qui m’importe le plus, et il y a urgence à agir.

 

Quel soutien de l’État attendre ?

 

C’est une vraie question. Quelle place l’État français veut-il donner à ses trois millions de ressortissants vivant à l’étranger ? Je recommande aux lecteurs de lire la proposition de loi portée par les députés Karim Ben Cheikh et Éléonore Caroit, qui propose de renforcer les droits des Français de l’étranger. L’un des articles prévoit que la CFE puisse recevoir une part de la CSG affectée à la CADES pour mieux remplir sa mission de service public.

 

La CFE est, au sens de la loi, une caisse de Sécurité sociale de droit privé, mais je fais une différence : ce n’est pas une entreprise privée, elle incarne à l’étranger le modèle français d’assurance santé et sociale. Il faut lui donner les moyens de ses ambitions. En échange, il faut réellement s’interroger sur notre capacité collective à faire en sorte que la CFE retrouve demain une attractivité qu’elle a aujourd’hui perdue.

 

Est-ce que l’ensemble des acteurs de l’équipe France à l’international jouent aujourd’hui le jeu de la CFE ? Est-ce que les grosses entreprises françaises inscrivent leurs salariés à la CFE ? Est-ce que l’État, qui a de nombreux agents contractuels, les protège via la CFE ? Est-ce que le réseau éducatif ou culturel français à l’étranger assure ses agents non titulaires à la CFE ? On veut tout le temps opposer la CFE à une assurance privée, je préfère que l’on arrête cette compétition inutile, car on n’arrivera jamais à relever ce défi.

 

La Caisse doit clairement changer de modèle économique. Ce nouveau modèle doit passer par un soutien de la puissance publique et par un engagement clair de tous les acteurs français à l’international. Nous-mêmes, en tant que Français de l’étranger, devons clairement nous interroger sur notre volonté à protéger cet outil de protection sociale précieux.

 

Pourquoi avez-vous à cœur ce dossier et quelles sont vos attentes ?

 

J’ai ce dossier à cœur car finalement les dispositifs de protection sociale des Français de l’étranger ont tous été a peu près créés dans les années 80 et n’ont pas ou peu été révisés depuis. J’ai donc à cœur que ces Assises puissent dépoussiérer les dispositifs existants mais surtout repenser la protection sociale appliquée aux 3 millions de compatriotes hors de France.

 

Ensuite ce que je souhaite par-dessus tout dans ces Assises, c’est que la parole ne soit pas confisquée par des professionnels de la politique, rien ne serait pire qu’un débat confisqué. Tout le monde a le droit mais surtout tout le monde doit prendre la parole sur ces sujets majeurs. Je dis aux Français de l’étranger de ne pas se brimer, se limiter, s’interdire.

 

Dans le moment présent, nous sommes à un carrefour de notre démocratie et il est temps de faire France ensemble. Prenons toutes les propositions, débattons-en sereinement et formulons des recommandations qui pourront être reprises par le Gouvernement ou par le Parlement.

 

Un dernier mot ?

 

Oui. C’est la première fois qu’une telle consultation est organisée via ces Assises de la protection sociale des Français de l’étranger. On ne risque rien à y participer, mais on peut gagner beaucoup. Le contexte politique fait que le pouvoir est désormais au Parlement. Alors je le dis à toutes et à tous : engagez-vous, exprimez-vous, faites entendre votre voix. Les Assises de la protection sociale sont une chance à saisir !

 

Propos recueillis par Renaud Cazillac

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus lus