Le 24 juin 1932 reste une date fondatrice dans l’histoire politique de la Thaïlande. Ce jour-là, il y a 93 ans, un groupe de militaires et de civils connu sous le nom de Khana Ratsadon (Parti du Peuple) lança une révolution pacifique qui mit fin à plus de 700 ans de monarchie absolue, ouvrant la voie à un régime constitutionnel.
Un coup de force sans effusion de sang
Mené par le colonel Phraya Phahonphonphayuhasena, avec le soutien de figures influentes telles que Phraya Songsuradet et Phraya Ritthiyakhaney, le Khana Ratsadon mobilisa des troupes dans différents quartiers de Bangkok. Le groupe prit rapidement le contrôle de points névralgiques de la capitale, dont la Place Royale et la salle du trône Ananta Samakhom, siège symbolique du pouvoir.
Le matin du 24 juin, les révolutionnaires proclamèrent la Déclaration du Parti du Peuple, affirmant que leur objectif n’était pas l’abolition de la monarchie, mais l’instauration d’un gouvernement constitutionnel, dans lequel le roi ne régnerait plus en monarque absolu mais comme chef de l’État dans un système démocratique.
Le roi accepte la transition
À cette époque, le roi Rama VII séjournait au palais Klai Kangwon, à Hua Hin, dans la province de Prachuap Khiri Khan. Informé des événements, il reçut une lettre du Khana Ratsadon l’invitant à revenir à Bangkok pour entériner pacifiquement la transition.
Dans une réponse empreinte de prudence et de lucidité politique, le roi exprima sa volonté d’éviter tout affrontement sanglant et se déclara prêt à accepter une monarchie constitutionnelle – un projet qu’il aurait déjà envisagé.
Le 25 juin au soir, Rama VII rentra à Bangkok à bord d’un train royal. Deux jours plus tard, le 27 juin, il signa une constitution provisoire et publia un décret royal accordant une amnistie à tous les participants de la révolution.
Une rupture historique
Ce changement de régime marqua le début de la monarchie constitutionnelle en Thaïlande. Le pouvoir politique, jusque-là concentré entre les mains du roi, fut placé sous la responsabilité d’un Parlement élu et d’un gouvernement civil, selon les principes modernes de souveraineté populaire.
La révolution de 1932 a jeté les bases du système politique thaïlandais contemporain. Si le pays a depuis traversé de nombreuses périodes d’instabilité, avec coups d’État et révisions constitutionnelles, le geste fondateur du Khana Ratsadon reste un jalon majeur dans l’histoire de la démocratie en Thaïlande.
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