L’économie chinoise s’offre un bol d’air au milieu de l’année, portée par un regain d’activité extérieure à la faveur d’une trêve commerciale avec les États-Unis. Mais derrière la vigueur des exportations, les moteurs intérieurs peinent toujours à redémarrer. Selon les dernières prévisions de GEMs FI Strategy & Economics, la croissance du PIB chinois atteindrait 4,7 % en 2025 — un net relèvement par rapport aux 4,0 % anticipés précédemment — avant de ralentir à 4,3 % en 2026.
Exportations : un premier semestre dopé par l’anticipation
La dynamique des exportations reste le principal point d’appui de la croissance. Le phénomène de frontloading — les commandes passées plus tôt que d’habitude pour éviter les hausses de tarifs — a stimulé les livraisons au premier semestre 2025, dans toute l’Asie. La trêve commerciale conclue le 12 mai entre Washington et Pékin a prolongé cette dynamique, incitant les entreprises à anticiper d’éventuelles hausses douanières si la pause actuelle ne devait pas durer.
Conséquence : la production industrielle d’avril et mai reste robuste, et les chiffres du PIB du premier trimestre se sont révélés plus solides qu’attendu. Si les effets tarifaires devraient se faire sentir au second semestre, le ralentissement prévu au deuxième trimestre semble désormais modéré.
Croissance sous perfusion extérieure
Mais cette embellie masque des faiblesses persistantes dans la demande intérieure. Les ventes au détail, soutenues par des politiques de subvention dans certains secteurs ciblés (électroménager, électronique), ne suffisent pas à compenser l’hésitation des consommateurs dans un contexte de revenus incertains. Le secteur privé, bien que légèrement plus optimiste — grâce à des avancées technologiques comme celles de DeepSeek ou au succès inattendu d’un film d’animation domestique — reste prudent dans ses investissements.
L’investissement industriel, lui, pâtit encore des tensions commerciales et du manque de visibilité. Quant à l’immobilier, le bref sursaut observé après les mesures de relance de septembre 2024 n’a pas fait long feu. Le secteur reste plombé par la surcapacité, l’endettement et une demande en berne.
Un deuxième semestre à risques
L’équipe de GEMs table sur un ralentissement plus marqué au troisième trimestre, en raison de l’effet de « contrecoup » à l’anticipation des commandes du premier semestre. Un léger rebond est néanmoins attendu en fin d’année, grâce à la dissipation progressive de cet effet et à un soutien politique plus visible. Toutefois, les analystes ne prévoient plus de baisse des taux directeurs ou du ratio de réserves obligatoires (RRR) en 2025. L’accent devrait désormais se porter sur l’exécution des mesures budgétaires déjà engagées, plutôt que sur de nouvelles injections de liquidité.
En toile de fond, les droits de douane américains sur les produits chinois devraient se stabiliser autour de 40 %, tandis que ceux visant d’autres pays resteraient à 10 % au-delà de la trêve de 90 jours, selon le scénario central.
Conclusion
La trêve commerciale sino-américaine offre un répit salutaire à l’économie chinoise, mais elle ne résout pas les fragilités structurelles de la demande intérieure. Pékin devra redoubler d’efforts pour restaurer la confiance des ménages, relancer l’investissement privé et désamorcer les tensions dans l’immobilier, sous peine de voir la croissance replonger une fois les effets du commerce extérieur dissipés.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.