Une chronique géopolitique Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande
Traditionnellement, le mois de septembre marque chaque année l’ouverture de la session annuelle ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. En 2025, cette session sera l’événement majeur de l’année consacrée au 80e anniversaire de l’organisation mondiale. Nombre des 193 États membres de l’ONU seront représentés au plus haut niveau par des chefs d’État, des Premiers ministres et des ministres des Affaires étrangères.
L’un des documents les plus importants utilisés pour la préparation de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) et pour ses délibérations est le « Rapport sur l’activité de l’Organisation », récemment publié à New York par le Secrétariat de l’ONU. Ce document de 27 pages s’ouvre par le paragraphe suivant : « Le présent rapport revient sur une année de vents contraires et d’espoir pour l’humanité. En 2024, des conflits meurtriers ont continué d’infliger des souffrances et des déplacements massifs. Notre planète a battu de nouveaux records de chaleur. La pauvreté, la faim et les inégalités ont augmenté, tandis que des technologies transformatrices comme l’intelligence artificielle se développaient sans garde-fous efficaces, et que le droit international et les droits de l’homme étaient bafoués. » (p. 4)
Le rapport, analysé de manière critique dans cette chronique, propose une analyse thématique des travaux récents de l’Assemblée générale des Nations Unies, couvrant des domaines tels que le développement durable, la paix et la sécurité, les droits de l’homme, l’aide humanitaire, le droit international, le désarmement et la prévention de la criminalité et du terrorisme.
Pour des raisons de place, nous ne pouvons nous concentrer que sur la section consacrée à la Promotion de la justice et du droit international, qui précise que « L’Organisation des Nations Unies promeut la justice et le droit international par ses actions et ses mandats, notamment ceux liés au commerce international, aux océans et au droit de la mer, aux traités et accords internationaux, aux opérations de paix, aux tribunaux internationaux et autres mécanismes internationaux de responsabilisation et de sanctions. En outre, la Cour internationale de Justice, principal organe judiciaire des Nations Unies, règle les différends juridiques soumis par les États et donne des avis consultatifs sur des questions juridiques. » (p. 19)
Plus précisément, le rapport ajoute : « La Cour internationale de Justice a examiné plusieurs affaires en 2024. Elle a rendu des arrêts sur les exceptions préliminaires dans les procédures relatives aux allégations de génocide au titre de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Ukraine c. Fédération de Russie) et dans les affaires Arménie c. Azerbaïdjan et Azerbaïdjan c. Arménie. Dans la procédure relative à l’Application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza (Afrique du Sud c. Israël), elle a indiqué des mesures conservatoires supplémentaires. Elle a également statué sur la recevabilité des déclarations d’intervention dans l’affaire relative à l’Application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Gambie c. Birmanie : sept États intervenants). » (p. 19)
Dans son ensemble, le rapport parvient à saisir un large éventail d’activités de l’ONU, reflétant une approche intégrée couvrant de multiples domaines. Organisé en sections claires, il est accessible et navigable pour tous les lecteurs. Sa pertinence actuelle est illustrée par le fait qu’il reflète les défis mondiaux urgents – des conflits meurtriers et des crises humanitaires aux préoccupations en matière de droits humains – offrant un aperçu réaliste des efforts multilatéraux actuels.
Il est frappant de constater que des concepts fondamentaux tels que le « multilatéralisme » et la « diplomatie multilatérale » ne sont absolument pas mentionnés. Cette omission est surprenante étant donné que l’ONU est, par essence, une instance multilatérale.
Le rapport ne fait qu’une seule référence à la « solidarité ». Compte tenu de l’ampleur sans précédent des interdépendances mondiales, une invocation plus profonde et plus fréquente de la solidarité – à la fois comme principe directeur et comme impératif – fait défaut. L’absence du « multilatéralisme » et de références plus vigoureuses à la « solidarité » affaiblit le discours. Ces termes sont essentiels pour souligner l’urgence d’une action collective à une époque marquée par des menaces interconnectées comme le changement climatique, les pandémies et la fragilité géopolitique.
Conclusion
Le rapport de l’ONU présenté ci-dessus est bien structuré et thématiquement complet. Cependant, son cadrage rhétorique est manifestement dépourvu de concepts clés, notamment le multilatéralisme et les références soutenues à la solidarité. Pour refléter véritablement la raison d’être de l’ONU et l’urgence de l’interdépendance mondiale actuelle, une articulation plus forte de ces valeurs est essentielle.
Heureusement, d’autres sources officielles récentes de l’ONU nous apprennent qu’entre 2024 et 2025, le système des Nations Unies a soutenu environ 27 000 réunions dans environ 240 organes et produit environ 1 100 rapports – soit une augmentation de 20 % depuis 1990 – dont plus de la moitié étaient imposés par des résolutions existantes, ce qui illustre la charge croissante de documentation.
Pourtant, seuls les 5 % des rapports les plus téléchargés ont enregistré plus de 5 500 téléchargements, tandis que 20 % en ont enregistré moins de 1 000, et même un téléchargement ne garantissait pas leur lecture.
Ces chiffres mettent en évidence un déséquilibre persistant entre le volume de travail et son impact réel : les ressources sont mises à rude épreuve par le nombre important de réunions et de rapports, tandis que de nombreux produits restent sous-utilisés.
Ce décalage a directement alimenté les propositions de réforme de l’ONU80, qui préconisent des réunions moins nombreuses mais plus ciblées, une réduction du nombre de rapports à fort impact, une simplification de la création des mandats, une meilleure visibilité des produits et une meilleure harmonisation des ressources pour garantir une mise en œuvre plus efficace.
En pensant à l’avenir, nous ne pouvons omettre de mentionner la dernière phrase du rapport analysé dans cette chronique : « Reconnaissant la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap, l’Organisation a pris des mesures décisives pour combler les lacunes dans des domaines tels que l’accessibilité et l’emploi des personnes handicapées. » (p. 25)
Il reste à souhaiter plein succès à la prochaine 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
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