La nouvelle politique commerciale américaine pourrait fragiliser la Thaïlande, dont certains secteurs-clés dépendent largement des intrants chinois. Au-delà du tarif réciproque de 19 % appliqué par Washington, le risque majeur réside dans la classification de certains biens comme issus de « transbordement », c’est-à-dire jugés insuffisamment produits en Thaïlande. Dans ce cas, ils pourraient se voir imposer un tarif allant jusqu’à 40 %.
Des secteurs industriels particulièrement exposés
Les États-Unis pourraient exiger que 50 à 60 % de la valeur ajoutée provienne de Thaïlande pour que les exportations soient reconnues comme « d’origine thaïlandaise ». Si ce seuil était appliqué, les secteurs de l’électronique, de la machinerie et des pièces automobiles — dont la part de valeur locale se situe souvent entre 40 et 60 % — seraient directement concernés. En revanche, l’agroalimentaire, la chimie et certains produits agricoles, plus fortement ancrés localement, seraient moins exposés.
Un commerce extérieur déséquilibré
Les chiffres récents du commerce extérieur illustrent cette vulnérabilité. L’excédent commercial de la Thaïlande vis-à-vis des États-Unis s’est creusé, tandis que son déficit avec la Chine s’est accentué. En pratique, une part croissante des exportations thaïlandaises vers les États-Unis repose sur des composants chinois, ce qui accroît le risque d’être qualifiées de transbordement.
Les investissements étrangers en question
L’essor récent des investissements directs étrangers, notamment en provenance de Chine et de Singapour, s’est appuyé sur la Thaïlande comme plateforme de production « sûre » pour exporter vers les États-Unis. Si Washington applique des règles plus strictes sur la valeur locale, cette stratégie pourrait perdre de son intérêt. Un ralentissement des capitaux chinois pourrait ouvrir la porte à des investisseurs japonais ou occidentaux, mais ceux-ci ne compenseraient sans doute pas intégralement le manque à gagner.
Des choix stratégiques pour Bangkok
La Thaïlande fait face à une double menace : une baisse de compétitivité de ses exportations vers les États-Unis et une pression accrue des importations chinoises à bas prix sur son marché intérieur. Pour y répondre, les autorités sont appelées à renforcer la production locale de composants, à mieux intégrer les fournisseurs domestiques dans les chaînes de valeur et à négocier des exemptions avec Washington. L’enjeu est de taille : il déterminera si le pays peut conserver son rôle de hub d’exportation dans la réorganisation mondiale des chaînes d’approvisionnement.
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