Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
La Commission électorale de l’Union (UEC) a annoncé mercredi que les campagnes électorales pour tous les partis politiques débuteront officiellement le 28 octobre et se dérouleront sur 60 jours, jusqu’au 26 décembre, soit deux jours avant le lancement des élections en trois phases prévu le 28 décembre. Tous les dirigeants de partis devaient soumettre leurs discours de campagne avant le 15 octobre. Au total, 4 963 candidats issus de 57 partis politiques, ainsi que des indépendants, participeront aux élections, a précisé l’UEC le 23 septembre. Seuls six partis, dont le pro-militaire Union Solidarity and Development Party (USDP), sont présents à l’échelle nationale. L’USDP compte 1 018 candidats, suivi du National Unity Party (NUP) avec 694, du People’s Pioneer Party (PPP) avec 672, du Myanmar Farmers Development Party avec 428, du Shan & Nationalities Democratic Party (White Tiger Party) avec 584 et du People’s Party avec 512. Le National League for Democracy (NLD) a été dissous par l’UEC en 2023 pour ne pas s’être réenregistré après le coup d’État militaire de 2021.
L’Union européenne a annoncé qu’elle n’enverrait pas d’observateurs aux élections birmanes prévues le 28 décembre, les jugeant « ni libres ni équitables ». La commissaire européenne Kajsa Ollongren a estimé à Kuala Lumpur que l’organisation du scrutin empêche sa reconnaissance comme une véritable élection et a appelé l’ASEAN et les pays voisins à « faire fermement pression pour un changement de cap ». Elle a souligné que l’instabilité en Birmanie constitue une préoccupation majeure pour la région, à quelques jours d’un sommet crucial de l’ASEAN où cette question sera abordée.
La plus grande armée ethnique de Birmanie, l’United Wa State Army (UWSA), a annoncé qu’elle soutiendrait les élections du régime à l’occasion de la cérémonie du 10e anniversaire de l’Accord-cadre de cessez-le-feu national (NCA) à Naypyidaw, du 15 au 17 octobre. Lors de ce rassemblement, les quatre organisations ethniques pro-régime respectant le NCA depuis le coup d’État de 2021 se sont réunies. Bien que l’UWSA n’ait pas précisé comment elle contribuerait à stabiliser le nord de l’État Shan, son porte-parole a insisté sur la nécessité de faire régner la paix dans tout le pays. Le régime avait sollicité le soutien de l’UWSA et de la NDAA pour organiser les scrutins dans l’est et le nord de l’État Shan, où le calendrier électoral ne peut être fixé dans 17 des 55 cantons, dont ceux relevant de la Wa Self-Administered Division et de la région spéciale 4 de l’Est Shan, sous contrôle de la NDAA.
Min Aung Hlaing, a nommé le lieutenant-colonel Kyaw Zaw Ye comme nouvel aide de camp, en remplacement du colonel Sein Maung Lin transféré à la tête de la Direction de l’Anti-Terrorisme. Selon des sources, cette nomination serait liée à l’influence de l’épouse de Min Aung Hlaing, Kyu Kyu Hla, dont Kyaw Zaw Ye est un proche. Bien que membre éminent de la 47e promotion de l’Académie des services de défense, l’ascension de Kyaw Zaw Ye serait selon l’opposition davantage le fruit de ses liens étroits avec Kyu Kyu Hla, entretenus depuis ses études avancées en Russie et consolidés lorsqu’il a géré la résidence du couple à Rangoun.
À l’approche des élections de fin d’année, les partis politiques birmaniens intensifient leur présence sur les réseaux sociaux. L’USDP, proche de l’armée, notamment, multiplie les publications sur Facebook et TikTok pour promouvoir ses membres tout en attaquant le gouvernement démocratique déchu et la résistance. Son président, Khin Yi, publie plusieurs clips par jour vantant son expérience, tandis que d’autres figures du parti, comme Hla Swe et l’ancien lieutenant-général Thet Pon, sanctionné par l’UE pour la répression post-coup de 2021, partagent des contenus anti-NLD. La présidente du People’s Pioneer Party, Thet Thet Khine, ancienne députée NLD, a elle aussi intensifié sa communication en ligne, combinant messages politiques et contenus personnels, parfois jusqu’à 17 publications par jour. Au total, 57 partis se présenteront aux élections.
Un collectif d’anciens ministres et experts internationaux d’Asie du Sud-Est a appelé l’ASEAN à dénoncer l’élection partielle prévue par le régime birman à partir du 28 décembre. Dans une déclaration commune, ces personnalités – dont d’anciens ministres malaisien et thaïlandais, une députée philippine et d’anciens experts de l’ONU pour la Birmanie – estiment que le scrutin, limité à 102 des 330 cantons du pays, ne respecte aucun critère de crédibilité. Ils ont également dénoncé l’affirmation du régime selon laquelle la Malaisie enverrait des observateurs, la qualifiant de tentative de « fabriquer une légitimité » au détriment de l’ASEAN.
Six groupes rebelles, signataires de l’Accord de cessez-le-feu national (NCA), dont l’Union nationale karen et le Front national chin, ont appelé la communauté internationale à boycotter les célébrations prévues à Naypyitaw pour le 10e anniversaire de l’accord. Selon eux, la junte militaire a « détruit l’essence » du NCA depuis le coup d’État de 2021. Ils exhortent l’ONU, l’ASEAN et les diplomates étrangers à ne pas participer, contrairement à cinq autres signataires alignés sur le régime militaire et au FPNCC, qui confirmeront leur présence.
Min Aung Hlaing, a pris la parole mercredi lors de la cérémonie du 10e anniversaire de l’Accord-cadre de cessez-le-feu national (NCA) à Naypyidaw. Il a annoncé que les élections du régime, prévues à partir du 28 décembre, se dérouleront en trois phases, dans 274 des 330 cantons du pays. La première phase concernera 102 cantons le 28 décembre, les deuxième et troisième phases se tenant en 2026 pour les 172 cantons restants. Les scrutins complémentaires dans les 56 cantons non couverts seront fixés par la Commission électorale (UEC) et le futur gouvernement pro-militaire. Min Aung Hlaing a assuré que les machines de vote électroniques de l’UEC sont « à l’épreuve de la fraude », après avoir rappelé les allégations de fraudes électorales de 2020 utilisées pour justifier le coup d’État de février 2021. Cinquante-sept partis politiques participeront aux élections 2025-2026.
Économie
U Ko Ko Lwin, ministre birman de l’Énergie, a rencontré Montri Rawanchaikul, PDG de la branche « exploration et production » de PTT, à Naypyidaw. Lors de cette réunion, PTT a été invité à investir dans les projets de gaz naturel liquéfié (LNG) de Kanpauk, incluant importation, stockage et distribution pour alimenter les marchés birman et thaïlandais. Le groupe a également présenté ses plans de forage de nouveaux puits dans les champs gaziers Yadana et Zawtika et les avancées sur les projets offshore à venir. Le ministre a appelé à accélérer la production dans les nouveaux puits de Zawtika dès début 2026 et à obtenir le premier gaz du projet offshore Aung Thein Kha d’ici 2028. Les exportations birmanes de gaz vers la Thaïlande ont reculé de 20 % au premier semestre 2025, à 423 millions de pieds cubes par jour en moyenne.
La Banque centrale de Birmanie (CBM) a poursuivi ses interventions sur le marché des devises en octobre 2025. Elle a vendu plusieurs millions de dollars aux importateurs d’huile comestible et de carburant, complétant ces opérations par des injections de yuans et de bahts pour soutenir la liquidité du marché. Parmi les transactions récentes, la CBM a vendu plus de 1,79 million de dollars aux importateurs d’huile comestible à partir des réserves étrangères acquises auprès des entreprises CMP, et plus de 893 000 dollars aux importateurs de carburant, tout en injectant plusieurs centaines de milliers de yuans supplémentaires. Depuis septembre, la banque centrale a injecté plus de 39 millions de dollars ainsi que des devises additionnelles pour stabiliser le marché.
Le Département de l’Agriculture du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Irrigation a lancé un appel d’offres pour l’achat de 34 000 gallons de diesel et 3 400 gallons d’essence 92 Ron, payable en kyats birmans, a indiqué le Comité de réception et d’évaluation des offres. Les fournisseurs intéressés et éligibles peuvent se procurer le formulaire de soumission du 17 au 30 octobre 2025 auprès de la Division des approvisionnements et de la logistique, Bureau 43, à Nay Pyi Taw. La date limite pour le dépôt des offres est fixée au 31 octobre à 13 heures. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts du ministère pour assurer l’approvisionnement en carburant nécessaire aux activités agricoles à travers le pays.
Répression, conflit
L’armée birmane a repris mardi 14 octobre le carrefour stratégique de Phawtaw, reliant Mandalay aux États Shan et Kachin. Cette avancée, obtenue après des frappes aériennes, l’usage de drones et l’arrivée de renforts, constitue un revers pour les forces de résistance qui utilisaient le site pour coordonner leurs opérations. Contrôler Phawtaw permet à l’armée de menacer Mogoke depuis deux directions et de maintenir des frappes aériennes quotidiennes, tout en coupant un lien vital entre les fronts nord et sud. Les forces de résistance conservent néanmoins des positions sur la route menant à Mogoke.
Des combattants de la Chinland Defense Force (CDF) ont attaqué le poste de police central de Hakha, capitale de l’État Chin, dans la nuit du 16 octobre, libérant 15 détenus. L’opération, menée entre 3 h et 6 h du matin, a permis de sauver cinq membres de la résistance et de saisir des armes. Cinq militaires du régime et un combattant de la résistance ont été tués, tandis que plusieurs soldats ont été blessés. Les personnes libérées ont été mises en sécurité pour vérification d’identité. Il s’agit du deuxième assaut réussi contre ce poste, après celui du 20 juillet 2024 qui avait libéré 67 prisonniers politiques.
Le régime militaire birman a lancé une offensive terrestre et aérienne majeure dans le canton de Hpakant, dans l’État Kachin, pour reprendre le contrôle de collines stratégiques occupées par l’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA) et ses alliés. Des troupes de la 33e Division d’infanterie légère, appuyées par la milice Warazup, avancent vers Mawmawbwan, Lemaungkon et le village de Sainhtawng, soutenues par des frappes aériennes et des drones. La reprise de ces positions offrirait à la junte un contrôle dominant sur Hpakant et ses environs. Outre l’enjeu militaire, cette offensive vise à couper les revenus tirés des mines de jade, essentielles au financement de la KIA et des groupes de résistance.
L’Armée d’Arakan (AA) et ses alliés de la résistance encerclent la Base de défense aérienne de Nat Yay Kan, dans le canton de Ngape (Magwe), après avoir pris la plupart des avant-postes environnants. Cette position stratégique, située à 1 587 m d’altitude et à moins de 12 km de l’Usine d’armement n°14, est cruciale pour le régime militaire. La chute imminente de la base affaiblirait la capacité de contre-attaque de l’armée vers l’ouest et mettrait directement en danger ses installations de production d’armes le long de l’autoroute Pathein-Monywa.
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