Si vous débarquez au Royaume du sabai sabai dans ce contexte, muni de la ferme intention de vous revivifier et de vous requinquer le moral, une suggestion de saison : allez vous faire éclabousser dans l’une des innombrables fêtes humides du genre « pool party ».

Ce sera au minimum rafraîchissant. Il s’agit d’une tendance festive qui prend de l’ampleur en Thaïlande. Une flopée de boîtes, de clubs et d’hôtels accueillent ces agapes vraiment très humectées. Une éclosion d’oasis de plaisir. Des éditions spéciales Happy New Year, il y en a une infinité, dans toutes les grandes villes et dans tous les secteurs de haute fréquentation touristique.

À Bangkok, comme partout ailleurs, l’ustensile de base est une piscine

Au beau milieu d’une esplanade coiffant une tour de plusieurs dizaines d’étages. En contrebas, la ville fourmille de millions de vies accaparées. Après le pic des heures chaudes arrive une douce transition. Parenthèse émolliente. Le soleil semble bien décidé à minorer son rougeoiement pour se retirer dans ses appartements célestes, devenus marmoréens en nocturne.

Une autre magie s’installe. Le crépuscule enveloppe progressivement le panorama somptueux de la mégapole iridescente. Très vite, la nuit enfile son manteau galactique, constellé d’étoiles. Krung Thep Maha Nakhon (nom thaï de Bangkok) s’empourpre, clignote d’une incommensurable ribambelle de feux.

De l’habituelle séquence très alanguie dédiée à la relaxation de l’après-midi, il faut embrayer sur un tempo électrique. Portée par des flots de décibels, la fièvre cavalcade de part en part du rooftop balnéaire. Une frénésie subite s’empare des corps. Joie ascensionnelle vers un mythique point de climax. Irrésistible envie de partager jeux et facéties avec des amis improvisés rencontrés un quart d’heure plus tôt entre deux vaguelettes.

Vous êtes le héros de l’histoire. Rires en gerbes conviviales. Vous souvenant soudain que vous avez toujours rêvé d’être champion d’aquagym, vous plongez. Par réflexe. À cet instant, les lois de la physique s’appliquent intégralement. Étant immergé dans une masse liquide, vous finissez par ressortir de ce bain intégralement mouillé. Ça ne loupe pas. Vous remontez à la surface trempé de la tête aux pieds.

À deux encâblures, jaillissant de l’eau irisée par le halo des projecteurs, d’espiègles créatures vous frôlent. Toutes dégoulinantes. Restez stoïque. Pas de hotte harnachée sur leurs frêles épaules, mais des sourires à gogo. Enfin, vous êtes Ulysse en version tropicale, voguant sur le lagon de la félicité.

Seule parade : imitez le grand requin blanc, toujours aux aguets. Gardez la prunelle glauque, forcément énigmatique, pour vous prémunir de quelque sirène trop intrusive.

Nombreux sont les touristes et les résidents farang qui raffolent de ces moments à forte intensité ludique. Bangkok est une île aux trésors géante. La fête a aussi son petit côté didactique. Je sais désormais que si j’invite un pote, je comprendrai mieux sa réaction s’il décline : « Je ne peux pas venir. J’ai piscine. »

Patrick Chesneau

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