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ASIE – DIPLOMATIE: L’avenir de l’Asie Pacifique au cœur de la mission des Nations Unies

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 06/05/2021
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Notre chroniqueur Ioan Voicu suit de près les travaux des Nations Unies dans la région. Ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande, il dresse le tableau des négociations au sein de l’Escap, la commission économique et social de l’ONU pour l’Asie-Pacifique.

 

Une chronique géopolitique de Ioan Voicu, professeur invité à l’université de l’Assomption

 

La diplomatie multilatérale est un domaine important de l’activité humaine qui est sérieusement affecté par la crise multi-vectorielle générée par la pandémie COVID-19.

 

Cependant, malgré les difficultés actuelles sans précédent créées par un ennemi invisible, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (ESCAP/ CESAP) est parvenue à adopter le 19 avril 2021, une résolution longue et très substantielle traitant de l’Asie et du Pacifique pendant et après la pandémie dévastatrice du COVID-19.

 

Une résolution orientée vers l’action

 

Ce document significatif et orienté vers l’action s’intitule «Reconstruire en mieux après une crise grâce à la coopération régionale en Asie et dans le Pacifique». Le document comporte un préambule composé de 17 paragraphes, tandis que son dispositif comprend 16 paragraphes, totalisant 7 pages.

 

Ce n’est pas le but de ces lignes de présenter de manière exhaustive le riche contenu de cette résolution.

 

Nous nous limiterons à mettre l’accent sur les idées et recommandations les plus importantes de la résolution, tout en respectant le langage diplomatique original du document.

 

Un diagnostic réaliste

 

Tout d’abord, la CESAP a formulé au début de la résolution un diagnostic réaliste de la situation dans les termes suivants qui sont valables dans le monde entier: «la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) est l’un des plus grands défis mondiaux de l’histoire de l’Organisation des Nations Unies, elle a déclenché une crise sanitaire, sociale et économique mondiale sans précédent, empêchant de progresser dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.»

 

Ce diagnostic n’est pas en reste sans proposer une solution possible, à savoir «la sortie de la crise liée à la COVID-19 est l’occasion de reconstruire en mieux en Asie et dans le Pacifique, notamment grâce à la coopération multilatérale et internationale à tous les niveaux.»

 

Cette idée est davantage expliquée en termes clairs, comme la CESAP réaffirme «son attachement à l’esprit d’unité, de solidarité et de coopération multilatérale… exprimant son engagement en faveur de la coopération internationale et du multilatéralisme ainsi que son plein appui au rôle central que joue le système des Nations Unies, notamment l’Organisation mondiale de la Santé, et déterminé à mener une action coordonnée pour intervenir efficacement aux crises mondiales telles que la pandémie de COVID-19 et à leurs conséquences».

 

Plus concrètement, la CESAP se déclare «Consciente que l’immunisation à grande échelle contre la COVID-19 joue le rôle d’un bien mondial public dans le domaine de la santé en contribuant à prévenir, à contenir et à arrêter la transmission de la maladie et à mettre un terme à la pandémie …. soulignant qu’il est nécessaire d’assurer l’accès à des vaccins sûrs, de qualité, efficaces, efficaces et abordables».

 

Que faut-il faire d’autre?

 

La réponse est claire: «il faut agir avec persévérance pour faire face à la crise et à la dépression, amorcer la reprise économique et réduire au minimum les effets négatifs sur les moyens de subsistance …… veiller à ce que les biens et services essentiels ainsi que les personnes continuent de circuler, dans le respect des recommandations de santé publique applicables. »

 

Des idées intéressantes et d’actualité se reflètent dans le préambule de la résolution sur des questions telles que: faire progresser la connectivité pour le développement durable en Asie et dans le Pacifique; la coopération internationale dans le domaine de l’économie créative; l’intérêt d’une approche intégrée «Une seule santé» qui favorise la coopération entre les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé végétale ainsi que le secteur de l’environnement et d’autres secteurs concernés.

 

Un message important

 

Du point de vue des pays en développement, la résolution formule un message important en «Reconnaissant l’importance de la coopération internationale à tous les niveaux, y compris la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, en gardant à l’esprit que la coopération Sud-Sud ne se substitue pas à la coopération Nord-Sud, mais la complète, pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

 

Mettre en place une riposte

 

Le dispositif de la résolution commence par un paragraphe dans lequel la CESAP «Demande à ses membres et à ses membres associés de mettre en place une riposte à la pandémie de COVID-19 mobilisant l’ensemble des pouvoirs publics et de la société en décrivant les mesures qu’ils comptent prendre immédiatement et à long terme et en tenant compte du fait que la pandémie de COVID-19 touche lourdement et de manière disproportionnée les femmes et les filles, les personnes handicapées, les personnes âgées, les jeunes et les filles enfants, ainsi que les pauvres, les personnes en situation de vulnérabilité et les couches marginalisées de la population, en vue de renforcer durablement leur système de santé et leur système de protection sociale, ainsi que leurs capacités de préparation et d’intervention, avec la participation des populations locales et la collaboration des parties concernées. »

 

Ce long paragraphe est suivi d’un rappel spécifique et approprié de la pertinence naturelle des aspects institutionnels.

 

La CESAP «souligne le rôle de premier plan que tient l’Organisation mondiale de la santé et le rôle fondamental du système des Nations Unies s’agissant de mobiliser et de coordonner la riposte globale de la communauté internationale face à la pandémie de COVID-19 en veillant à une distribution universelle et équitable des vaccins et à ce qu’ils soient accessibles et abordables, en particulier dans les pays en développement et dans les pays les moins avancés, et le rôle de bien mondial public que joue l’immunisation à grande échelle.»

 

Les lecteurs de ce paragraphe ne peuvent manquer de visualiser la situation catastrophique actuelle en Inde et le besoin impératif de solidarité humanitaire avec le peuple indien.

 

Regard vers le futur
La résolution à l’étude est à la fois orientée vers l’action et tournée vers l’avenir. C’est pourquoi la CESAP «Engage les membres et les membres associés à renforcer la résilience en matière de santé, notamment en accélérant les efforts pour mettre en place la couverture sanitaire universelle d’ici à 2030, qui permet à chacun et à chacune de gagner à des soins de santé abordables et de qualité et de vivre en bonne santé, et favorise le bien-être de tous à tout âge, ainsi qu’en améliorant les aspects sanitaires de la réduction des risques de catastrophe et de l’action face aux crises sanitaires, tout en prenant note du Règlement sanitaire international (2005) et des Principes de Bangkok pour la mise en œuvre des composants santé du Cadre de Sendai et autres initiatives pertinentes , selon qu’il conviendra ».

 

Ce paragraphe est également une invitation indirecte adressée aux décideurs politiques à ouvrir certains fichiers oubliés et à décider de la marche à suivre pour la mise en œuvre de documents qui ne font pas la une des quotidiens.

 

Les composantes politiques et religieuses de la guerre contre le COVID-19 ne peuvent pas être oubliées dans cette résolution. Par conséquent, la CESAP «Demande aux États membres, auxquels il incombe au premier chef de lutter contre la discrimination et le discours de haine, et à toutes les parties concernées, y compris aux dirigeants politiques et aux chefs religieux, de promouvoir l’inclusion et l’unité dans les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19, de condamner fermement les discours haineux et de prévenir, dénoncer et combattre vigoureusement le racisme, l’intolérance, la xénophobie, la violence et la discrimination sous toutes ses formes.»

 

Difficultés financières

 

Dans le même esprit, les difficultés financières auxquelles sont confrontés les pays en développement ne peuvent être ignorées. A cet égard, la CESAP «se félicite des mesures prises par le Groupe des Vingt et le Club de Paris en vue de suspendre provisoirement les versements au titre du service de la dette pour les pays les plus pauvres et pour que les institutions financières internationales portent des liquidités et d’autres mesures de soutien afin d’alléger le fardeau de la dette des pays en développement.»

 

La résolution étant résolument tournée vers l’avenir, la CESAP «invite les membres et les membres associés à mettre en commun leurs expériences, qu’il s’agisse des succès remportés, des obstacles rencontrés ou des enseignements à retenir, en ce qui concerne la reconstruction en mieux après la pandémie de COVID-19 grâce à des stratégies de relèvement inclusives, résilientes et durables et à des investissements en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

 

Il faut reconnaître que cette invitation est aujourd’hui assez d’actualité pour toutes les commissions régionales des Nations Unies.

 

La volonté politique

 

Nous ne pouvons pas résumer tous les détails utiles contenus dans cette résolution de fond, mais il faut noter que la Secrétaire exécutive de la CESAP est priée par la Commission de faciliter «l’application de cette résolution et de lui rendre compte, (en 2022), à sa soixante-dix-huitième session, des progrès réalisés à cet égard ».

 

À notre avis, tout progrès dépendra pleinement de la volonté politique de tous les membres de la communauté internationale de s’acquitter de leur devoir de solidarité en tant que condition préalable impérative non seulement pour gagner la guerre contre le COVID -19, mais aussi pour être victorieux en face aux vulnérabilités, perplexités et discontinuités mondiales qui caractérisent notre monde.

 

Pour atteindre cet objectif, tous les pays devraient s’inspirer des paroles d’Armida Salsiah Alisjahbana, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la CESAP, à la clôture de la 77e session de la Commission: «J’ai le plus grand espoir que la résolution sur la coopération régionale pour mieux reconstruire après les crises en Asie et dans le Pacifique intégrera davantage notre réponse au COVID-19 …… l’esprit de bonne volonté a prévalu et la solidarité est restée au cœur de nos réponses».

 

Nous pouvons seulement exprimer l’espoir, guidés par un optimisme modéré, qu’en 2022 ces paroles deviendront réalité.

 

Ioan Voicu est professeur invité à l’Université de l’Assomption à Bangkok

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