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PHILIPPINES: Les Nations unies dénoncent les tueries de Duterte

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 12/07/2019
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Le quotidien suisse «Le Temps» que vous pouvez retrouver ici (www.letemps.ch) explique dans son édition de vendredi 11 juillet la décision du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies de voter ce jour même une résolution qui condamne la guerre anti-drogue menée par la police philippine à l’instigation du président Rodrigo Duterte. Le texte exige un un «rapport écrit complet sur la situation des droits de l’homme aux Philippines» d’ici un an.

 

Nous reproduisons ici l’article paru dans le quotidien Suisse «Le Temps» sous la plume de son correspondant à Genève Stéphane Bussard.

 

Les refus du Brésil de Bolsonaro, de la Hongrie d’Orban ou de l’Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane n’auront pas suffi.
Jeudi, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté par 18 voix pour, 14 contre et 15 abstentions une résolution qui demande à la haut-commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet d’établir dans un an un «rapport écrit complet sur la situation des droits de l’homme aux Philippines».

 

Le document exhorte Manille à coopérer avec les mécanismes des droits humains des Nations unies et à cesser «tout acte d’intimidation et de représailles».

 

Un pas modeste mais important

 

Au Palais des Nations, les activistes des droits humains auraient aimé une résolution beaucoup plus forte face aux graves violations des droits fondamentaux commises par le gouvernement de Rodrigo Duterte. Depuis qu’il a accédé au pouvoir en juin 2016, l’autocrate philippin mène une guerre sans pitié contre la drogue qui a déjà causé un carnage: 6600 morts selon la police philippine, plus de 27 000 selon des ONG locales et la Commission nationale des droits de l’homme.

 

« C’est un pas modeste mais important. Cela fait des années que les ONG font campagne dans ce sens », relève Hilary Power, d’Amnesty International. « C’est une résolution qui va donner du courage aux activistes sur le terrain», renchérit Laila Matar, vice-directrice du bureau genevois de Human Rights Watch, qui ajoute: « L’adoption de la résolution sous l’égide de l’Islande montre ce que des petits pays peuvent accomplir en coopérant avec d’autres. » Ellecer Carlos, coordinateur de iDefend, l’alliance des organisations des droits de l’homme philippine, était à Genève. «C’est un pas vers la justice, estime-t-il. C’est aussi un message collectif qui va inciter d’autres pays à ne pas mener le même type de politique de la drogue.» Des pays comme l’Indonésie, le Bangladesh et le Sri Lanka voient le pouvoir philippin comme l’exemple à suivre.

 

Aux Philippines, les mesures répressives sont extrêmes.

 

Ellecer Carlos n’est pas dupe quant à la finalité de la politique anti-drogue de Duterte. Elle vise à restaurer la dictature dans un pays où l’opposition n’existe plus. A cette fin, le pouvoir philippin utilise la désinformation massive afin de «cacher l’ampleur du phénomène. Résultat: on assiste à une sévère érosion de la culture des droits humains aux Philippines», constate Ellecer Carlos.

 

Ce n’est donc pas un hasard si la cote de popularité du dictateur Duterte reste très élevée. Selon l’activiste philippin, la machine de propagande vise à récrire l’histoire, à laisser croire que si l’ex-dictateur Marcos n’avait pas dû fuir le pouvoir le pays serait aussi prospère que Singapour. Duterte serait, en quelque sorte, une nouvelle chance pour les Philippines. «Il ne faut pas s’étonner si Duterte a réhabilité la famille Marcos.»

 

A Genève, la délégation philippine a tenté d’empêcher, en vain, l’adoption de la résolution. Et rien ne dit que Rodrigo Duterte fera un pas vers l’ONU, qu’il ne tient pas en haute estime. Il a ainsi qualifié le rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones de «terroriste». Il avait aussi traité l’ancien haut-commissaire aux droits de l’homme Zeid Ra’ad al-Hussein d’«écervelé» et de «fils de pute». Au début 2019, le président philippin a promis que les trois dernières années de son mandat de six ans seront «très dangereuses pour les gens qui ont affaire avec les drogues». «L’important maintenant, conclut Laila Matar, est de se référer à la résolution pour adopter des mesures plus robustes.»

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