Home Accueil BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 22 au 28 avril ?

BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 22 au 28 avril ?

Date de publication : 29/04/2024
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Soe Win

 

Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

 

France

 

Deux organisations non gouvernementales, Justice For Myanmar (JFM) et Info Birmanie, exhortent les autorités françaises à geler les avoirs de Theint Win Htet, fille du fondateur d’un conglomérat birman associé à la junte militaire. Elles suspectent Theint Win Htet d’utiliser la France comme source de financement pour la junte, privant ainsi le peuple birman des moyens de se défendre contre la répression. Theint Win Htet est la fille de Thein Win Zaw, propriétaire de Shwe Byain Phyu, un conglomérat étroitement lié au régime. Elle détient des actions dans une entreprise impliquée dans l’acquisition de Telenor Myanmar par Shwe Byain Phyu, exposant potentiellement des millions d’utilisateurs à la surveillance de la junte. Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions à Theint Win Htet et à sa famille en raison de leurs liens financiers avec la junte. JFM et Info Birmanie pressent la France d’adopter une mesure similaire et de diligenter une enquête sur les activités financières de Theint Win Htet sur le territoire français.

 

Politique, Diplomatie

 

L’Union européenne a décidé de prolonger d’un an, jusqu’au 30 avril 2025, ses sanctions contre la Birmanie. Ces sanctions, qui ciblent actuellement 103 individus et 21 entités, comprennent un gel des avoirs, une interdiction de voyager dans l’UE et des restrictions sur les exportations. L’UE maintient également la suspension de son aide financière directe au gouvernement birman et le gel de toute aide susceptible de légitimer la junte.

 

Face à ses défaites face aux minorités ethniques armées, la junte birmane renforce sa coopération avec la Russie. Le conseiller à la sécurité nationale de la junte, l’amiral Moe Aung, s’est rendu à Saint-Pétersbourg pour une réunion sur la sécurité. La Russie et la Birmanie collaborent désormais étroitement dans de nombreux domaines, dépassant le simple commerce d’armes et la formation militaire. Cette visite intervient alors que l’armée birmane subit de lourdes attaques. Des délégations militaires birmanes se sont rendues en Russie à plusieurs reprises ces derniers mois, et la Russie a décerné des médailles à des responsables militaires birmans. La junte a également discuté de commerce et de coopération économique avec la Commission économique eurasienne dirigée par la Russie. Ces visites soulignent les liens croissants entre les deux régimes isolés.

 

La coopération sécuritaire entre la Chine et la junte birmane se renforce. Le ministre chinois de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, a tenu des pourparlers avec son homologue birman, Yar Pyae, à Pékin. La Chine exprime son désir de collaborer avec la junte pour combattre la criminalité transfrontalière, notamment les fraudes en ligne. Elle exerce une pression croissante sur la Birmanie pour qu’elle prenne des mesures contre ces centres d’escroquerie, en particulier dans l’État de Shan, à la frontière chinoise. Cette réunion survient alors que les affrontements s’intensifient dans l’État de Kachin, frontalier de la Chine, avec les forces de l’armée d’indépendance Kachin (KIA) gagnant du terrain. La visite de Yar Pyae en Chine aborderait probablement ces conflits ainsi que la situation dans l’État de Rakhine, où le groupe armé ethnique Rakhine, l’armée Arakan, menace Kyaukphyu, un site crucial pour l’initiative chinoise Belt and Road. Ces rencontres soulignent l’importance stratégique que la Chine accorde à ses liens avec la Birmanie et son engagement à soutenir la junte birmane.

 

Un rapport alarmant du réseau des parlementaires de l’ASEAN révèle qu’en Birmanie, 74 parlementaires sont actuellement emprisonnés par la junte. Tous, sauf un, appartenaient à la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d’Aung San Suu Kyi, le parti civil renversé par le coup d’État militaire de février 2021. Ce ciblage massif des élus NLD démontre la motivation politique de leur détention. Le rapport dénonce également le harcèlement subi par les parlementaires et les membres du parti en exil ou cachés à l’intérieur du pays. Par ailleurs, le rapport critique la réponse de l’ASEAN face à la crise birmane. Il juge son “Consensus en cinq points” inefficace et appelle à un nouveau plan de résolution incluant le gouvernement d’unité nationale et les organisations armées ethniques. Il exhorte également l’ASEAN à reconnaître publiquement la légitimité des élections de 2020 et du gouvernement d’unité nationale.

 

Économie

 

Selon le dernier rapport d’avril 2024 sur les perspectives économiques mondiales publié par le Fonds monétaire international, la prévision de croissance pour la Birmanie en 2024 a été révisée à la baisse, passant de 2,5% dans le rapport précédent d’octobre 2023 à 1,5%. Cette révision s’explique par l’aggravation du conflit dans les régions frontalières depuis la fin de l’année 2023. Les perturbations du commerce et des chaînes d’approvisionnement ont entraîné une baisse de la productivité dans les secteurs manufacturier et agricole. Parallèlement, les investissements directs étrangers restent limités, les interruptions de fourniture électrique persistent et la dépréciation accélérée de la monnaie nationale continue d’alourdir le coût des importations. Concernant l’inflation, on prévoit qu’elle ralentira pour atteindre 15% en 2024, avec une projection de 7,8% en 2025, contre 27,1% enregistrés en 2023

 

D’après la Myanmar Rice Federation, les exportations de riz et de brisures au Myanmar ont généré 845 millions de dollars de revenus pour une quantité de 1,68 million de tonnes au cours de l’exercice 2023-24 (d’avril à mars), marquant une nette baisse par rapport à l’exercice précédent où 2,3 millions de tonnes avaient été exportées, pour une valeur estimée à 853 millions de dollars. Sur ces exportations, 1,59 million de tonnes ont été réalisées par voie maritime, tandis que seulement 90 000 tonnes l’ont été par voie transfrontalière. Les exportations n’ont pas atteint l’objectif fixé de 2,5 millions de tonnes pour 1 milliard de dollars de revenus. L’Indonésie se positionne en tête des importateurs de riz birman avec plus de 370 000 tonnes, suivie par la Chine (259 000 tonnes), la Belgique (200 000 tonnes), les Philippines (143 300 tonnes), l’Espagne (69 000 tonnes), la Pologne (58 400 tonnes), le Vietnam (51 000 tonnes), les Pays-Bas (43 600 tonnes), la Malaisie (38 700 tonnes), la Côte d’Ivoire (32 400 tonnes) et le Cameroun (28 600 tonnes).

 

Société/Répression/Conflit

 

Depuis le début du mois d’avril, le général Soe Win, numéro deux de la junte birmane, se trouve absent de la sphère publique. Son absence suscite des spéculations et des conjectures diverses. Certains avancent l’hypothèse qu’il aurait été blessé lors d’une attaque de drone et serait actuellement soumis à un traitement médical confidentiel. D’autres évoquent la possibilité d’une purge en cours, avec la perspective d’une éventuelle éviction du pouvoir orchestrée par le chef de la junte, Min Aung Hlaing. La récente arrestation d’un ancien général notoire pour ses critiques à l’égard de Min Aung Hlaing renforce ces conjectures. Le mutisme absolu de la junte concernant le sort de Soe Win ne fait qu’épaissir le mystère qui l’entoure.

 

Une frappe aérienne de l’armée birmane a frappé un hôpital dans une zone contrôlée par les rebelles de l’État de Chin, tuant et blessant plusieurs civils le 25 avril au soir. Les rebelles accusent la junte birmane d’avoir délibérément visé l’hôpital. Cette attaque est la dernière en date d’une série de violations des droits humains commises par la junte depuis le coup d’État militaire de février 2021. Les Nations Unies ont condamné l’attaque et appelé à une enquête indépendante.

 

Le mardi 23 avril, l’armée birmane a annoncé avoir repris pied à Myawaddy, ville frontalière clé du commerce avec la Thaïlande. Les troupes de la junte luttaient pour reconquérir ce carrefour commercial depuis son expulsion par l’Union Nationale Karen (KNU) et des groupes de résistance alliés le 10 avril. Menacée par la perte d’un milliard de dollars de commerce annuel via Myawaddy, la junte a riposté par des frappes aériennes et une contre-offensive terrestre à travers les montagnes de Dawna. Le KNU et ses alliés affirment avoir infligé de lourdes pertes aux troupes de la junte lors de leur traversée montagneuse. L’armée a déclaré qu’une partie de ses soldats avait atteint l’ancien poste de commandement militaire du Bataillon 275 dans la ville.

 

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