Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Le colonel Naw Bu, porte-parole de l’Armée de l’Indépendance Kachin (KIA), a réfuté les rumeurs selon lesquelles la Chine aurait placé le haut commandant N’Ban La en résidence surveillée pour contraindre le groupe armé à cesser ses offensives contre le régime birman. Il a également nié toute menace chinoise de suspendre ses achats de terres rares extraites en territoire kachin, en lien avec la tentative de la KIA de prendre la ville stratégique de Bhamo, proche de la frontière chinoise. Naw Bu a précisé que Pékin avait déjà exprimé par le passé son souhait d’une désescalade, sans évoquer de pression économique.
Le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, a salué la décision de Donald Trump de couper les financements à Voice of America et Radio Free Asia, deux médias soutenus par Washington. Dans une lettre adressée à l’ancien président américain, il a exprimé sa gratitude pour cette « régulation » qu’il juge favorable, accusant ces médias de diffuser des informations ayant entraîné des sanctions économiques contre la Birmanie. Alors que l’administration Trump a récemment annoncé des droits de douane de 40 % sur les produits birmans, Min Aung Hlaing a semblé moins préoccupé par l’impact économique que satisfait de cette reconnaissance implicite de son autorité. Il a proposé de réduire les tarifs à un niveau compris entre 10 et 20 %, et s’est dit prêt à envoyer une délégation à Washington pour négocier. Il en a profité pour saluer le leadership de Trump et relayer ses accusations de fraude concernant les élections américaines de 2020.
En vue des élections prévues fin 2025 ou début 2026, la junte birmane forme son personnel à l’usage de machines de vote électronique, appelées à remplacer les bulletins papier. Depuis juin, des sessions de formation sont organisées dans plusieurs régions du pays, incluant Rangoun, Mandalay et Naypyitaw. Environ 55 000 machines seront produites localement, avec un taux de fiabilité annoncé de 99,99 %, selon la Commission électorale de l’Union.
Le Timor-Oriental a écarté les objections de la Birmanie concernant son entrée dans l’ASEAN, les qualifiant d’« inconséquentes et non pertinentes ». Le président José Ramos-Horta a assuré que l’adhésion de son pays en tant que 11e membre de l’organisation régionale était déjà acquise. La Birmanie reproche au Timor son soutien aux mouvements démocratiques birmans, mais son influence reste marginale au sein de l’ASEAN depuis son exclusion des sommets après le coup d’État de 2021. La cérémonie d’adhésion officielle du Timor-Oriental est prévue en octobre.
Économie
Le 8 juillet à Naypyitaw, la société russe Rosoboronexport a remis un don de 431 000 dollars au ministre birman de l’Aide et de la Réinstallation, Dr Soe Win, en soutien aux victimes du séisme du 28 mars, qui a fait plus de 3 700 morts dans le centre du pays. Principal fournisseur d’armement de la junte depuis le coup d’État de 2021, Rosoboronexport a livré missiles, avions de chasse et drones utilisés dans des opérations militaires ayant causé des milliers de morts civils. En mai 2023, l’ONU estimait que plus de la moitié des armes achetées par la junte à la Russie provenaient de cette entreprise.
À compter du 1er août, les États-Unis appliqueront un tarif douanier de 40 % sur les produits birmans, une mesure annoncée par le président Donald Trump. Ce coup dur pour l’industrie de l’habillement, qui emploie près de 800 000 personnes, menace directement les exportations du pays, déjà affaibli par les sanctions internationales et les difficultés économiques internes. Le secteur, auparavant bénéficiaire d’exemptions tarifaires, craint une chute brutale des commandes. Le Laos est également concerné par ce tarif maximal.
Myanmar Agro Exchange Public Company Limited (MAEX) prévoit d’ouvrir d’ici fin 2025 un marché de gros à Kalaw, dans le sud de l’État Shan. Ce nouveau complexe facilitera la collecte, le stockage et la vente des produits agricoles des fermiers des districts de Kalaw et Pindaya. Il permettra de connecter directement ces producteurs au marché de gros de Danyingon à Rangoun, renforçant ainsi les liens commerciaux entre producteurs et acheteurs à l’échelle nationale. MAEX invite les grossistes et détaillants intéressés à investir dans cette nouvelle infrastructure.
La Banque centrale du Myanmar (CBM) a vendu plus de 1,7 million de dollars américains aux entreprises importatrices d’huiles comestibles le 11 juillet 2025, poursuivant une série d’interventions destinées à stabiliser le marché des changes. Depuis début juillet, la CBM a injecté plusieurs millions de dollars et de devises étrangères (yuan, baht) auprès de secteurs clés comme les importateurs d’huiles alimentaires, de carburants et de matières premières. Ces opérations visent à freiner la dépréciation de la monnaie locale et à lutter contre la manipulation du marché, dans le cadre d’une politique de libéralisation contrôlée des échanges de devises initiée fin 2023.
Répression, Conflit
La Chine a exhorté l’armée birmane et l’Armée de Libération Nationale Ta’ang (TNLA) à établir un cessez-le-feu et à protéger les civils lors de discussions séparées la semaine dernière, a indiqué la porte-parole de la TNLA, Lway Yay Oo. Malgré un cessez-le-feu annoncé fin mars après un tremblement de terre, les combats et frappes aériennes se poursuivent, notamment autour de Nawnghkio, une ville stratégique sur la route entre Mandalay et Muse. Les négociations, soutenues par la Chine, devraient reprendre en août, mais la TNLA exige l’arrêt des offensives et la sécurité des populations, refusant de céder le contrôle des cinq villes disputées.
Jeudi 10 juillet 2025, l’écrivain Maung Tha Cho et le moine bouddhiste Shwe Nya Wa Sayadaw, tous deux anciens prisonniers politiques, sont décédés à Rangoun. Maung Tha Cho, 67 ans, souffrait d’un cancer aggravé par une négligence médicale en prison. Shwe Nya Wa Sayadaw, 61 ans, est mort d’une maladie du foie. Arrêtés le jour du coup d’État en février 2021, ils avaient été libérés en novembre 2022. Leur décès s’inscrit dans une série de morts de prisonniers politiques liés à des soins insuffisants, selon le Réseau des Prisonniers Politiques-Birmanie.
Alors que la violence s’intensifie en Birmanie, des milliers de Rohingyas fuient vers le Bangladesh, rejoignant les camps surpeuplés de Cox’s Bazar où près d’un million de réfugiés vivent déjà. Selon le HCR, cet afflux constitue le plus important depuis 2017, mais s’effectue de manière plus progressive. La majorité des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants, aggravant la pression sur des ressources déjà limitées. Fin juin, 121 000 réfugiés avaient été enregistrés officiellement, tandis que de nombreux autres restent non recensés, exacerbant la crise du logement dans la région.
Le 13 juillet, les forces conjointes de l’Armée de libération nationale karen (KNLA) et des Forces de défense du peuple (PDF) ont pris le contrôle de l’avant-poste militaire d’Ukarihta, dans le sud de la commune de Myawaddy (État Karen), surnommé « la Clôture vivante » dans un film de propagande pro-junte de 2024. Environ 90 soldats du régime auraient fui en Thaïlande, où l’armée thaïlandaise les a désarmés et placés en détention. Un militaire a été capturé par la KNLA et un autre retrouvé mort. L’avant-poste voisin de Wawlay pourrait être le prochain à tomber, selon des analystes. Ukarihta servait de centre logistique essentiel pour l’approvisionnement des troupes du régime dans la région.
Selon un rapport publié le 10 juillet par l’Union des Femmes Birmanes (BWU), 34 femmes ont été tuées et 49 blessées à travers le pays en juin 2025, principalement dans des frappes aériennes et des tirs d’artillerie. Quatre des victimes étaient mineures. Les régions les plus touchées sont Sagaing, Mandalay, l’État Shan et l’État Karen. La BWU dénonce une intensification des violences et l’effondrement du système judiciaire. Depuis janvier, 259 femmes ont perdu la vie dans des frappes aériennes, selon l’AAPP.
Société
Les 11 et 12 juillet, des équipes d’inspection conjointes ont mené 19 opérations de répression du commerce illégal sous la supervision du Comité de lutte contre le commerce illicite. À Rangoun, les douanes ont saisi des marchandises industrielles d’une valeur estimée à 2,57 milliards de kyats dans 81 conteneurs au port d’Asia World, ainsi que des produits de consommation pour 11 millions de kyats à l’aéroport. Des denrées alimentaires importées de Chine, du bois illégal à Toungoo, et des biens non déclarés à Mandalay et Myawady ont également été confisqués. Au total, les saisies s’élèvent à 2,78 milliards de kyats. Des poursuites sont engagées conformément aux lois en vigueur.
La Fédération des entrepreneurs birmans de l’or (FMGEA) a lancé une campagne d’inspections dans les bijouteries de la région de Rangoun pour vérifier l’application du nouveau système de pesée, basé sur 16,329 grammes d’or pur par tical. Les commerçants doivent afficher clairement cette norme et vendre de l’or conforme aux spécifications indiquées sur les bons de commande. Les autorités contrôlent aussi le respect des prix de référence fixés par le comité compétent. Les vendeurs sans boutique physique sont également ciblés. En cas d’infraction, des sanctions seront prises en vertu de la loi sur les biens et services essentiels. À ce jour, 1 500 orfèvres ont demandé une licence.
Le Karenni O-1 Hospital, ouvert dans l’État Karenni, a pris en charge 1 655 patients entre janvier et juin 2025, selon un communiqué publié le 12 juillet. L’établissement, installé en zone de jungle, fait face à un manque de personnel soignant, à des difficultés techniques et à des pénuries de matériel médical. Malgré ces contraintes, l’équipe affirme prodiguer les meilleurs soins possibles avec les moyens disponibles.
La police birmane a saisi 26,4 kilos d’héroïne, d’une valeur estimée à 1,32 milliard de kyats, à Kalay, dans la région de Sagaing. La drogue a été découverte le 28 juin dans un camion en provenance de Mandalay, conduit par Naing Lin Aung, accompagné de Zaw Myo Naing. L’enquête a mené à l’arrestation de Nyein Chan Aung, soupçonné d’avoir organisé le transport. Les autorités poursuivent leurs investigations.
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