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BIRMANIE – POLITIQUE: A quoi peut aboutir le coup d’État militaire ?

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 15/02/2021
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L’actualité des protestations contre le coup d’État militaire survenu en Birmanie ne doit pas empêcher de se poser des questions à plus long terme. La principale est simple pour ce pays qui connaissait depuis 2015 une transition démocratique: que peut faire l’armée ? A quoi peut aboutir le coup d’État ?

 

Le 1er février, l’agence de presse chinoise Xinhua a rapporté qu’un “remaniement ministériel majeur” venait d’être annoncé en Birmanie, assimilant le putsch à un changement de conseil d’administration. L’armée, de son coté, a justifié ses actions par un recours aux dispositions constitutionnelles qui lui permettent d’assumer des pouvoirs d’urgence en période de crise nationale.

 

Il est difficile de comprendre les calculs politiques des généraux, au sein d’un État major notoirement secret et paranoïaque. Dans le contexte de la pandémie COVID-19 et des interruptions de télécommunications qui ont suivi le coup d’État, l’analyse est nécessairement encore plus provisoire.

 

Coup d’État = calamité

 

Ce qui est indéniable, c’est qu’un coup d’État est une calamité non seulement pour les hommes politiques civils – et les électeurs qui les ont élus – mais aussi pour les efforts déployés par l’armée depuis des décennies pour préserver son grand pouvoir politique et économique dans le contexte d’un système plus démocratique. Contrairement à l’avis de nombreux observateurs, Aung san suu Kyi ne s’était en effet pas laissée complètement dominer par l’armée. Elle tenait tête aux généraux. D’où une sorte de crise “probablement inévitable étant donné la cohabitation que la Constitution de 2008 impose aux ennemis politiques et personnels”.

 

Le point de rupture a été la victoire écrasante de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) aux élections générales de novembre 2020, qui, selon l’armée, est le résultat d’une fraude aux dépens de son propre parti. Des observateurs indépendants ont déclaré que l’élection, bien qu’elle ait été marquée par des problèmes de planification et d’administration, reflétait la volonté de l’électorat birman.

 

Et après ?

 

Et après ? La censure et l’isolement du pays  rapprocheront-ils encore plus la Birmanie de la Chine ? A voir. Il est certain que Pékin se réjouirait de voir l’Occident renoncer à toute influence. La Chine se soucie peu de la qualité de la démocratie du Myanmar – d’où son refus d’appeler le coup d’État un coup d’État. Mais le modèle de la guerre froide correspond imparfaitement aux faits. Bien que les relations de la Chine avec l’armée birmane soient importants, le ministre des affaires étrangères chinois avait rendu récemment visite à Aung San Suu Kyi. La Chine, sur le plan des investissements, n’a pas le goût des pouvoirs militaires forts et nationalistes.

 

Quid également de l’ASEAN ? L’organisation régionale ne va évidemment pas interférer, mais en son sein, des pays comme Singapour, l’Indonésie ou la Malaisie n’ont pas envie de donner un blanc seing aux militaires. Le grand défi pour les généraux birmans est en outre de savoir quoi faire d’Aung San Suu Kyi qui, depuis son passage à la tête du pays, a noué de nombreuses relations personnelles avec les dirigeants de la région.

 

L’armée Birmane a, en somme, repris les leviers de commande. Mais elle n’as pas nécessairement les moyens de tenir le pays , surtout si les difficultés économiques se présentent. En s’exposant sur le devant de la scène, les généraux ont pris tous les risques. Pour leur plus grand profit immédiat. Mais sans perspective établie…

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