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CAMBODGE – ECONOMIE: Attention, nuages européens et opportunités chinoises à l’horizon

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 24/09/2019
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Gavroche lit toujours avec intérêt les analyses fouillées de notre confrère Asialyst, que nous vous recommandons chaudement. Exemple de contribution à retenir: l’article récent de Jean Raphaël Chaponnière sur l’économie cambodgienne confrontée selon lui à de sérieux nuages à terme. Des nuages du côté de l’Union européenne, qui menace de supprimer les avantages tarifaires dont profitent les exportations cambodgiennes. Des opportunités du côté de la Chine, pressée d’exploiter les ressources naturelles du royaume. Retrouvez ici le site d’Asialyst.

 

Une analyse de Jean Raphaël Chaponnière publiée par Asialyst

 

Partant d’un niveau de revenu très faible, le Cambodge, avec ses 16 millions d’habitants, est depuis dix ans l’économie la plus dynamique d’Asie. Sa croissance, très inégalement répartie, crée de nombreux emplois salariés. Elle est tirée par l’exportation d’habillement et la construction dopée par la Chine.

 

Menaces sur l’habillement

 

Au début de la décennie 1990, l’industrie cambodgienne de l’habillement se résumait à des activités artisanales d’une part et d’autre part, à une dizaine d’entreprises étrangères attirées par un code d’investissement libéral et par l’ouverture des marchés américain et européen aux exportations de ce pays pauvre.

 

Entre 1990 et 2005, l’emploi dans l’habillement a augmenté de 10 000 à 200 000 salariés et le Cambodge est apparu dans le radar des grandes enseignes. Il n’a pas été marginalisé par la montée spectaculaire des exportations chinoises qui a suivi la libéralisation des échanges mondiaux de produits textiles.

 

Entre 2005 et 2018, sa part du marché mondial de l’habillement a progressé de 0,6 % à 2,6 %, loin derrière la Chine (30%), le Bangladesh (7,8%) ou le Vietnam (6,4 %).

 

660 000 emplois

 

Désormais, le pays se rapproche de l’Inde et exporte plus d’articles d’habillement que le continent africain. L’industrie de l’habillement a créé 660 000 emplois, soit la moitié de l’emploi salarié au Cambodge. Un cinquième des ménages bénéficierait des transferts des jeunes ouvrières.

 

Sur quoi repose la compétitivité de ce secteur ? Ce n’est pas seulement sur les coûts salariaux : le salaire minimum est deux fois plus élevé qu’au Bangladesh, et il a rejoint celui du Vietnam (180 dollars), alors que la productivité augmente lentement. Le secteur bénéficie en plus des facilités offertes par l’accord Tout Sauf les Armes (TSA). Depuis 2001, le TSA offre un accès libre de droits de douane sur le marché européen aux exportations cambodgiennes.

 

L’absence d’exigence sur l’origine des entrants – dont les tissus qui représentent près de la moitié du coût d’un article – autorise les entreprises de confection – chinoises, taïwanaises, coréennes – à utiliser des tissus importés de Chine.

 

Chaussures de sport

 

L’industrie s’est diversifiée vers les chaussures de sport – le Cambodge est le dixième fournisseur mondial. Chaussures et articles d’habillement représentent les trois-quarts des exportations, dont un peu moins de la moitié vers l’Europe et un cinquième vers les États-Unis où elles sont assujetties à un droit de douane de 14 %.

 

Suspension possible coté européen. Les jours du TSA sont comptés. D’une part, ce régime est réservé aux pays les moins avancés, une catégorie que le Cambodge va quitter. D’autre part, il peut être suspendu en cas de violations « sérieuses et systématiques » des droits de l’homme. Or en 2018, après avoir interdit le Parti du sauvetage national, principal formation d’opposition, Hun Sen a raflé tous les sièges aux élections.

 

La Commission européenne a réagi en lançant en mars dernier la procédure d’exclusion temporaire du TSA. L’UE a enquêté auprès de l’administration, la société civile et les représentants des Nations Unies : elle a remis son rapport début septembre sur les atteintes aux droits politiques, les procédures d’acquisition des terres et les droits syndicaux. Le gouvernement cambodgien a un mois pour réagir et la Commission prendra sa décision finale d’ici février 2020.

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