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CAMBODGE – POLITIQUE: L’opposant Sam Rainsy dénonce le procès de Kem Sokha qui s’ouvre le 15 janvier

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 13/01/2020
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Les deux opposants les plus en vue au Premier Ministre Hun Sen restent plus que jamais dans le collimateur des autorités cambodgiennes. Après l’échec de son retour au Cambodge le 9 novembre, l’opposant en exil Sam Rainsy demeure en France d’où il dénonce avec vigueur les conditions du procès de Kem Sokha, principal dirigeant de l’opposition à l’intérieur du pays. Ce procès, qui s’ouvre à Phnom Penh ce mercredi, est considéré comme un nouveau moyen de réduire au silence le président du parti du sauvetage national du Cambodge, actuellement assigné à résidence.

 

Nous reproduisons ici un appel lancé par Sam Rainsy

 

Le procès de Kem Sokha, chef du Parti Cambodgien de Sauvetage (CNRP), accusé de trahison pour des motifs politiques, doit s’ouvrir à Phnom Penh le 15 janvier.

 

Le processus judiciaire et ses conséquences constituent un moment décisif pour tester la détermination de la communauté internationale à agir en réponse aux violations des droits de l’homme et à l’abandon de la démocratie perpétrés par le Premier ministre Hun Sen.

 

L’arrestation de Kem Sokha en septembre 2017 et sa détention ultérieure, en prison puis en résidence surveillée, ont servi de prétexte à Hun Sen pour dissoudre le Parti National de Sauvetage du Cambodge (Cambodia National Rescue Party ou CNRP). Le parti avait obtenu 44% des voix lors des élections nationales de juillet 2013 et des élections communales locales de juin 2017. Ces résultats ont été obtenus malgré un parti pris structurel systématique en faveur du Parti du Peuple Cambodgien au pouvoir (CPP). Les dangers pour la survie du régime étaient clairs: il était impératif pour Hun Sen de trouver un moyen d’abolir le CNRP.

 

«Criminels condamnés»

 

En février 2017, j’ai démissionné de mon poste de chef du CNRP suite à un amendement proposé par Hun Sen interdisant aux «criminels condamnés» de diriger un parti politique. J’espérais éviter que ma série de condamnations à motivation politique ne soit utilisée comme prétexte pour abolir le CNRP. L’attention s’est simplement portée sur mon successeur, Kem Sokha.

 

Le CNRP a été dissous en novembre 2017 à la suite de l’allégation fabriquée contre lui. Aucune preuve de trahison n’a jamais été produite, malgré une enquête de plus de deux ans. Cela a peu d’importance pour Hun Sen étant donné le contrôle qu’il exerce sur le pouvoir judiciaire. L’indice de l’état de droit du World Justice Project en 2019 a placé le Cambodge en 125e position sur les 126 pays étudiés, sans changement par rapport à l’année précédente.

 

Première opposition démocratique unie du Cambodge

 

Sur le papier, le CNRP en tant que première opposition démocratique unie du Cambodge n’existe plus. Pourtant, son plus grand atout, son unité, reste intact, malgré les efforts inlassables de Hun Sen pour le détruire. Depuis la fondation de ce seul parti d’opposition parlementaire en 2012, Hun Sen a cherché par tous les moyens possibles à rompre le partenariat entre Kem Sokha et moi. Il est désormais interdit à Kem Sokha de quitter le pays, alors qu’il m’est interdit d’y entrer.

 

Ma dernière tentative de retour au Cambodge le 9 novembre a été déjouée alors que Hun Sen a pris la mesure lâche de menacer toute compagnie aérienne autorisant mon transport au Cambodge avec de graves conséquences. L’idée de moi-même et de Kem Sokha de renouveler notre partenariat et de relancer officiellement le CNRP était si troublante pour lui qu’il a même réussi à demander à la Thaïlande de m’empêcher de voler là-bas avant de traverser le Cambodge par voie terrestre. Mon retour aurait obligé Hun Sen à m’arrêter et à faire face aux réactions nationales et internationales. Je l’ai mis au défi à plusieurs reprises de me juger au lieu de Kem Sokha.

 

Créer des divisions au sein de l’opposition

 

Il est triste que le dirigeant de l’un des pays les moins avancés du monde ait consacré une grande partie de son temps et de son énergie, non pas à lutter contre la pauvreté abjecte dans laquelle vit la majeure partie de son pays, mais à chercher à créer des divisions au sein de l’opposition. Mais cet objectif de division reste pratiquement impossible à atteindre. Plus de 90% des 5 007 conseillers locaux du CNRP élus en juin 2017 ont refusé la possibilité de faire défection au CPP en échange de leur permettre de conserver leur poste.

Ces postes obtenus au suffrage universel ont simplement été confisqués aux partisans du CNRP et redistribués aux partisans du CPP. Hun Sen a organisé une fausse élection nationale en juillet 2018 sans la dissolution du CNRP, mais les électeurs du CNRP ont refusé d’appuyer aucun des nouveaux petits partis d’opposition autorisés à proliférer. Aucun de ces partis n’a remporté un seul siège à l’Assemblée nationale, qui est par conséquent désormais dominée à 100% par le CPP. Sur les 118 personnalités du CNRP exclues de la politique, plus de 90% ont refusé l’offre de réhabilitation conditionnée à l’abandon de leur allégeance.

 

En position d’otage

 

Kem Sokha, quant à lui, s’est effectivement retrouvé en position d’otage. Son silence est un témoignage éloquent de sa volonté de résister à la pression de Hun Sen et de sa détermination à protéger l’unité du CNRP. Hun Sen poursuivra avec un procès simulé qui devrait déclarer Kem Sokha coupable avant qu’une grâce royale ne soit offerte pour l’infraction imaginaire. Un acquittement supprimerait instantanément la justification de la dissolution du CNRP, qui devrait alors être automatiquement rétabli: un cauchemar pour Hun Sen.

 

Tromper la communauté internationale

 

La tactique de la grâce royale – une faveur purement personnelle accordée uniquement après une demande de Hun Sen au roi – vise à tromper la communauté internationale en lui faisant croire que la simple libération de Kem Sokha signifie le rétablissement de la démocratie. La libération de Kem Sokha dans de telles conditions n’ouvrirait pas la voie à la réintégration du CNRP en tant que seul parti d’opposition crédible et viable.

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