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CAMBODGE – THAÏLANDE : Les 5 raisons du conflit frontalier, côté cambodgien

Date de publication : 21/06/2025
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Cambodge litige frontalier avec la Thaïlande manifestation de soutien

 

Une analyse de Yann Moreels

 

1 – Répondre à l’instrumentalisation thaïlandaise

 

La divulgation récente par l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen du contenu de l’appel téléphonique de la cheffe du gouvernement thaïlandais démontre l’exploitation politique de ce conflit. Résultat : une crise gouvernementale s’est d’ailleurs ouverte en Thaïlande. Il y a quelques décennies, l’incapacité des dirigeants politiques thaïlandais à stabiliser l’économie et à faire face aux premières revendications sociales conduisait les médias à se tourner vers les frontières du Nord-Est, où les Khmers rouges rentraient soi-disant voler du bois dans la forêt thaïlandaise, dissimulant ainsi les trafics de pierres précieuses et d’artefacts du patrimoine des temples d’Angkor. Un trafic juteux qui finançait les Khmers rouges et entretenait les conditions de la guerre. Cela fonctionnait auprès de l’opinion, alors prompte à lutter contre toutes les formes de communisme environnant.

 

Aujourd’hui, la situation est en partie similaire. Où est la stabilité politique et institutionnelle du royaume, où les Premiers ministres semblent choisis par l’armée, et où le baht faiblit dans un contexte de très basse saison touristique ? Le peuple s’éloigne des leaders, voire de la royauté, pour regarder ailleurs. Parlons donc des casinos et des temples khmers aux frontières du pays ! Un problème récurrent de litiges.

 

2 – Conforter l’emprise du pouvoir à Phnom Penh

 

On le savait, mais c’est devenu évident. L’ancien Premier ministre, le grand homme d’État cambodgien — qui ferait presque oublier Sihanouk depuis qu’il a ramené une paix durable (et forcée) entre les Khmers — est toujours là. Certes, Hun Sen a placé son fils Manet à la tête du gouvernement pour devenir président du Sénat. Le Premier ministre thaïlandais et le Premier ministre khmer s’entendent d’ailleurs apparemment bien !

 

Cependant, l’homme de fer reste de fer. C’est lui le maître du jeu, et surtout, il est le plus haut gradé militaire. Depuis quinze ans, la prospérité économique a permis de reconstruire, former et équiper une armée nombreuse qui a désormais envie de se montrer. L’armée cambodgienne a désormais fière allure.

 

3 – Entre les deux pays, un passé qui ne passe toujours pas

 

Il y a des moments où le passé rejoint le passif, et les non-dits entre les deux nations resurgissent. Le passé, récent comme ancien, est toujours bien là.

 

Certes, le conflit sanglant et durable autour du temple de Preah Vihear a été tranché par les instances internationales. Mais les Thaïlandais ont toujours en travers de la gorge ce qui a été ressenti comme une défaite. Les Khmers, de leur côté, se demandent désormais : pourquoi pas les autres temples situés sur des frontières mal délimitées, sinon par les usages locaux et le passage transfrontalier des populations ? Après tout, les temples sont khmers !

 

La nouvelle génération khmère est partagée face à ses voisins. Elle a le sentiment que la royauté voisine a toujours rêvé d’annexer la moitié du pays, laissant l’autre moitié aux Vietnamiens. Il y a de la haine, en plus de la jalousie. Les derniers Jeux asiatiques ont exacerbé la sensibilité culturelle khmère face à la culture thaïe. De la danse à la boxe… tant de méconnaissance mutuelle.

 

Aujourd’hui, des milliers de jeunes Khmers — qui n’ont rien connu de ces tensions (où en est l’enseignement de l’histoire dans ces deux pays ?) — passent quotidiennement la frontière et parlent leur langue avec des Thaïlandais dont les grands-parents étaient autrefois khmers. Le nationalisme s’exacerbe parfois entre deux nations fières. La Thaïlande ne nourrit-elle pas un brin de mépris pour les peaux plus foncées ? Une forme de supériorité vis-à-vis d’un peuple meurtri par une guerre civile stupide et génocidaire ?

 

4 – Trouver un nouveau souffle à l’économie cambodgienne

 

Les Khmers souffrent du ralentissement de l’économie chinoise et de l’effondrement de son industrie touristique. Certes, il reste bien 3 % de croissance, mais on est loin des 7 % espérés d’avant-Covid.

 

Ils souffrent aussi des politiques commerciales de Trump, qui semblent plus favorables à la Thaïlande. Les panneaux solaires, les visites de M. Xi et de M. Macron dans la région, l’absence prolongée des touristes chinois…

 

Des velléités apparaissent de part et d’autre. Phnom Penh traverse un creux économique. Relever la tête, c’est aussi répondre aux Thaïlandais venus provoquer aux frontières, et honorer un soldat tombé, devenu héros national.

 

5 – Rétablir une balance commerciale déséquilibrée

 

La balance commerciale entre les deux pays profite largement à l’ex royaume du Siam, pas aux Khmers, si ce n’est ceux qui franchissent la frontière pour travailler — et ils sont nombreux. Les deux pays tirent avantage de l’entente cordiale.

 

En y regardant de plus près, le Cambodge importe massivement des produits thaïlandais qui concurrencent les productions locales, notamment les fruits et légumes. Le blocage de l’importation de sucre raffiné — dans un pays pourtant riche en palmiers — ne suffira pas à renverser la tendance.

 

Dès lors, il devient tentant de répondre : « Si vous fermez les points de passage, les marchandises ne rentreront plus non plus. » Il y a du Trump dans l’air, en ces temps de tensions bilatérales.

 

Le monde entier change, et les alliances se redessinent petit à petit. Par à-coups. Il n’est donc pas surprenant que ces deux pays cherchent à s’entendre, à défaut de régler leurs différends.

 

Les opinions publiques sont prêtes, les esprits sont chauffés, les troupes stationnées de part et d’autre. Les dirigeants sont en scène. Pourtant, la situation pourrait s’apaiser avec le temps, sans glissement vers un conflit armé. Le gouvernement cambodgien a d’ailleurs renouvelé sa demande d’aide internationale et appelle à la réouverture de tous les points de passage aux frontières.

 

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