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CAMBODGE – TOURISME: Tourisme au Cambodge : un développement frénétique tourné vers la mer

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 11/07/2018
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Plages de sable blanc, mangroves impénétrables, caps rocheux, bords de jungle, ports de pêche, îles comme des boules de verdure posées sur la mer : il ne manque rien au décor pour imaginer la côte du Cambodge, de la frontière thaïlandaise à celle du Vietnam, comme une destination touristique paradisiaque en Asie du Sud-Est. Avec de nombreux projets d’infrastructures, la région côtière est en pleine transformation alors que le royaume attend 7 millions de touristes en 2020. Après les temples, la plage ?

 

Khmers de l’intérieur qui découvrent leur pays, Chinois attirés par cette destination voisine, Russes en manque de soleil, Européens depuis longtemps familiers de la région, sans oublier Japonais et Coréens. Depuis deux ans, les plages et les îles du royaume font face à une explosion du tourisme, et le Cambodge compte bien devenir la prochaine destination balnéaire d’Asie du Sud- Est, au prix d’un développement ambitieux.

 

L’augmentation du nombre de visiteurs étrangers au Cambodge (5,6 millions en 2017, 6,1 millions attendus en 2018 et 7 millions en 2020), la modernisation des voies d’accès et la montée en gamme de l’hébergement expliquent en grande partie cette frénésie de développement.

 

L’activité de l’aéroport de Sihanoukville, avec 350 000 passagers annuels, a progressé de son côté de 170% et les liaisons avec Singapour, Kuala Lumpur ou la Chine sont dorénavant quotidiennes. Un constat qui annonce les succès à venir : alors qu’à Siem Reap (Angkor) la durée moyenne du séjour est de 2,5 nuits, elle devrait passer, selon les spécialistes, à 4 ou 5 nuits le long du littoral, tout en se renouvelant chaque année.

 

« Cela justifie les investissements actuels dans l’hôtellerie », estime Etienne Chenevier, directeur de City Star, important développeur hôtelier. Un développement rapide qui génère l’apparition de très importants projets d’aménagement et de construction.

 

Ainsi, à Sihanoukville, plusieurs zones spéciales de développement (ZES) attirent déjà des dizaines de sociétés étrangères tournées vers l’export. Hommes d’affaires, travailleurs, employés s’installent durablement dans les zones urbaines, tandis que visiteurs et touristes sont attirés par les belles plages, les îles ou encore l’offre de loisirs, comme la quarantaine de casinos fréquentés principalement par une clientèle asiatique.

 

Sihanoukville, dans les années à venir, va changer de look. Dans la ville même, à proximité du port, de très hauts buildings sont en construction pour accueillir les grandes chaînes hôtelières, dont un Intercontinental de 476 chambres, un Marriott, un Novotel de 600 chambres avec un terminal pour accueillir les bateaux de croisière, ou encore un Méridien de 888 chambres sur 58 étages.

 

Des tours d’appartements et bureaux, comme le Scarlet (32 étages) ou le Sea Gate Suite, un mastodonte de 100 000 m. et de 1000 unités, dont la construction a commencé en décembre 2017, complètent ce projet démesuré. En 2018, deux autres tours totalisant 1324 unités viendront s’ajouter, alors que des investissements immobiliers importants pourraient se poursuivre pendant plusieurs années selon les experts du secteur.

 

Côté infrastructures, le gouvernement n’est pas en reste. Outre la construction d’une autoroute reliant Phnom Penh à Kompong Som (l’autre nom de Sihanoukville) et d’un port en eau profonde pour accueillir de plus gros bateaux et rivaliser avec les autres grands ports de la région, il est prévu d’élargir la nationale 48, de construire une autoroute de Phnom Penh jusqu’à la frontière thaïlandaise (à Koh Kong), d’agrandir l’aéroport international et même, projet chinois, d’en construire un nouveau, plus grand.

 

Enfin, une raffinerie, à l’Est de la RN3, en prévision du pétrole off-shore que l’on découvrira sans doute, ou que l’on importera, alimentera Phnom Penh via un oléoduc.

 

Ream bientôt « chinoise » ?

 

La transformation rapide de la côte ne concerne pas seulement Sihanoukville et ses plages. A 25 km à l’Est de l’agglomération par la RN4, la presqu’île de Ream est un parc naturel d’environ 12 km du nord au sud, aux vastes paysages encore presque inhabités, avec des zones forestières et de très belles plages. Aux yeux des promoteurs, Ream est favorisée par la proximité de l’aéroport, un réseau routier en bon état et un prix du terrain au mètre carré encore peu élevé.

 

De grands projets d’aménagement ont déjà été lancés : des investisseurs chinois construisent une galerie marchande à l’Ouest, à laquelle pourraient bien s’ajouter des appartements pour devenir à terme une ville-resort chinoise. Plus à l’Est, d’autres très gros investisseurs chinois, avec des partenaires cambodgiens, ont aussi acquis à peu près toute la plage sur un kilomètre de profondeur.

 

Et il existe dans le coin Sud-Est de l’île un projet chinois de ville nouvelle dont les plans futuristes sont impressionnants. De sorte que cette région pourrait, estime Etienne Chenevier, «devenir chinoise». Et les villas que construit un promoteur khméro-américain dans le coin Ouest de la côte de Ream n’inverseront pas la tendance. Dans quelques années, les nouveaux habitants de la côte et des îles des environs pourraient bien aller s’approvisionner dans les nouveaux centres de Ream plutôt qu’à Sihanoukville.

 

La poussée vers les îles

 

Le peuplement progressif et l’urbanisation de la côte provoquent logiquement une poussée vers les îles. Sur environ 70 îles, une vingtaine sont aménageables. Longtemps des lieux de prédilection des jeunes backpackers, à Koh Rong par exemple, la montée en gamme se fait aujourd’hui sentir.

 

Les deux petites îles de Song Saa, toutes proches de Koh Rong, font figures de pionnières avec leurs 25 chambres de grand luxe. L’île de Koh Pos a quant à elle été reliée par un pont à la plage de Hawaï. A Koh Rong, il y a quelques années, le groupe propriétaire prévoyait une ville de 50 000 habitants, un aéroport, sept resorts…

On n’en est pas encore là, mais un hôtel 5 étoiles vient d’apparaître sur la longue plage de la côte Ouest. Le luxe gagne du terrain. Sur l’île de Koh Russey, réputée pour sa très belle plage longue de 1,4 km, le groupe City Star construit un complexe luxueux sous la marque Alila : 50 chambres d’hôtel et 15 villas, qui doit ouvrir en novembre.

 

 

Koh Russey, l’une des îles paradisiaques du littoral cambodgien. Un hôtel de 50 chambres ouvrira en novembre.

 

L’embarcadère est à 12 km de l’aéroport, et le trajet en vedette rapide dure 10 minutes. « Toute cette évolution de la côte justifie les choix que nous avons faits il y a dix ans, nous sommes très confiants », confirme le directeur de City Star Etienne Chenevier.

 

Le groupe prévoit d’ouvrir un autre hôtel sur l’île de Koh Russey, et deux autres sur l’île voisine de Koh Ta Kiev. A Koh Krabei, toute proche de Koh Russey, écrin boisé sans plage, le groupe américain Six Senses construit un hôtel-spa de luxe de 40 villas.

 

Les eaux cambodgiennes comptent bien d’autres îles, certaines aménagées– comme Koh Pos, proche de Sihanoukville, ou Koh Sdaek, près de Botum Sakor – d’autres pouvant l’être, de simples îlots pour la plupart qui abritent une riche faune aquatique connus des seuls plongeurs. Si les plus grandes de ces îles intéressent les investisseurs, les Chinois notamment voient beaucoup plus grand.

 

Botum Sakor, la nouvelle frontière ?

 

Cette vaste péninsule, encore presque inhabitée, déclarée parc national, la plupart du temps ignorée par les voyageurs qui depuis la Thaïlande se rendent à Kompong Som ou à Phnom Penh, est maintenant traversée en biais par une très large route bitumée financée par une société chinoise.

 

Partant, au nord-est du massif, de la nationale 48 (près du pont de Andoug Toeuk), elle rejoint, après quelque 60 km, au coin sud-ouest, la mer. Là, au hameau de Poi Japan, on peut garer en sécurité voiture ou moto et rejoindre après un court trajet en bateau l’île de Koh Sdaek.

 

La partie ouest du Botum Sakor, montagneuse, encore très boisée, est parcourue par quantité de pistes plus ou moins praticables, au bout desquelles se trouvent parfois des villages de pêcheurs (Ta Ni, Praek Khsat…) et des villages flottants. A l’Est, les villages de Chi Treh, Prai, Pra Teal, Srae Trav, Chamcar Leu dans la baie de Kompong Som, sont comme des bouts du monde, avec, au coin sud-est, l’agglomération et port de pêche de Thma Sa qui compte plusieurs guest-houses.

 

Tout cette région est encore ignorée du tourisme. La société chinoise Union Development Group prévoit de son côté d’investir 3,4 milliards de dollars dans l’aménagement des côtes sud et ouest du massif du Botum Sakor, sur une profondeur moyenne de 6 km. C’est la raison d’être de la quasi-autoroute qui le traverse, construite à grands frais.

 

Le plan-masse prévoit sept zones distinctes : villas avec jardins, terrains de golf, agglomérations plus denses avec condominiums, centres commerciaux, centres de loisirs et de santé, un casino-hôtel, une arène… D’où le nom des Sept têtes de Nagas donné au projet.

 

Cinq ports doivent aussi être construits ainsi qu’un aéroport à Ta Nuon. Les investisseurs comptent sur un afflux de chinois de la classe moyenne, visiteurs et résidents. Pour l’instant, en 2018, le projet des « sept nagas » reste à l’état embryonnaire et les plus sceptiques doutent qu’il soit jamais réalisé.

 

D’autres craignent que le milieu naturel, une forêt primaire où subsisteraient quelques tigres et éléphants, ne disparaisse, et que toute cette région ne devienne pratiquement « chinoise ».

 

En attendant, la très grande route mène, quelques kilomètres au-delà de Poï Japon, à un joli resort en bord de mer, le Seven Star Beach, un ensemble de pavillons dispersés dans une surface arboré.

 

Le Bokor, Kampot, Kep…

 

D’autres projets très ambitieux pourraient contribuer, plutôt que les Sept Nagas, au développement de la côte du Cambodge, et notamment le plateau du Bokor, à l’extrémité sud des Cardamomes (Chaîne de l’Eléphant) avec sa belle route en lacets taillée à flanc de montagne, son ancien palais-casino au bord de la falaise où se délassait jadis la bonne société, son splendide panorama et les chutes de Popokville en contre-bas.

 

La rénovation de l’ancien palais, et surtout la construction imposante d’un nouvel hôtel-casino au débouché de la route sur le plateau, font partie des projets prévus. Des discussions seraient en cours  pour aménager tout le plateau, avec deux lacs artificiels entourés de villas, et même un accès en téléphérique à partir de la RN3.

 

Dans les tuyaux également, un port pouvant accueillir des bateaux de croisière. Il ferait de Kampot une escale peut être plus importante que Kompong Som, et faciliterait les échanges entre les pays côtiers voisins : Thaïlande, Cambodge, Vietnam.

 

Le port contribuerait surtout à changer la physionomie du littoral, en accentuant l‘attractivité internationale de la côte du Cambodge. D’autant que d’autres attractions touristiques complètent ce tour d’horizon.

 

Parmi eux, la baie de Kompong Som, avec des ports de pêche comme Stung Hav, Okhna Mong et Sre Ambel ; la jolie cascade très populaire de Teuk Chou ou encore un curieux escalier bordé de soldats en ciment à Sre Ambel, sur la terrasse d’une pagode dominant la riviàre.

 

Plus à l’Est, la plaisante ville de Kampot, admirablement située sur l’estuaire de la rivière, a ses fidèles adeptes. De là, on peut atteindre dans un arrière-pays verdoyant certaines grottes sacrées, ou encore les poivrières de Kampot près de Kompong Tralach, et aussi, par un bel itinéraire (la dernière partie à pied à flanc de montagne), les hautes cascades encore très méconnues de Netanya, que l’on atteint à partir de l’embranchement à l’entrée du zoo de Kamchay.

 

Plus à l’Est encore, on rejoint Kep, petite ville tranquille pour les résidents adeptes du confort loin de la foule, avec ses trois attractions principales : la dégustation de crabes, l’île du Lapin et, dans l’arrière pays, des grottes sacrées pour archéologues et curieux.

 

Les temples d’Angkor ont toujours fait rêver, et les millions de visiteurs qu’ils attirent chaque année ne sont jamais déçus. Le développement du littoral et des îles devrait permettre au royaume de proposer ce qui lui faisait défaut jusqu’à maintenant : une destination balnéaire.

 

Alain Gascuel (http://www.gavroche-thailande.com)

 

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