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FRANCE – POLITIQUE : Vue d’ailleurs, Darmanin, en roue libre sur le Sarkodrome

Date de publication : 25/10/2023
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Gérald Darmanin

 

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Je l’ai écrit dans l’article que j’ai consacré au duel, par plateaux télévisés et réseaux sociaux interposés, entre le ministre français de l’Intérieur et l’actuel avant-centre de l’équipe saoudienne de football d’Al-Ittihad : Karim Benzema est inexcusable. Avoir demandé à ses millions de fans de prier et de faire preuve de compassion pour les victimes palestiniennes de la bande de Gaza, sans un mot simultané pour les centaines de morts et de blessés israéliens, est accablant d’aveuglement. Ou de refus de voir. A moins, bien sûr, que ce joueur si talentueux et si incompris en France n’ait eu peur, en appuyant sur le bouton envoi de son compte X (ex-Twitter), de déplaire à son public saoudien et à son employeur. Lequel, selon les médias, le paie chaque année 200 millions d’euros. Mais c’est une autre histoire…

 

C’est de Gérald Darmanin dont je voulais parler. Car le voici partout, toujours, au centre de la scène. Qu’importent les deux motions de censure de nouveau surmontées, vendredi 21 octobre, par la première ministre Élisabeth Borne, affairée à boucler le budget 2024 à coups d’article 49.3 ! Darmanin prend la lumière. Il accuse (Benzema). Il promet (les expulsions d’étrangers radicalisés). Il prépare (le prochain projet de loi sur l’immigration attendu pour le début novembre). Il cultive (son réseau d’élus et de soutiens dans le Nord, sa terre familiale et politique). Il consulte (les experts du djihadisme). Bref, Darmanin règne sur la République. Avec, comme évident modèle, celui auquel il ressemble tant : Nicolas Sarkozy, déjà rallié, dans son dernier livre, à la possible candidature présidentielle de son poulain en 2027.

Le problème est qu’un candidat ne peut pas faire un bon ministre de l’Intérieur. Surtout dans des temps si troublés. Mener une campagne « à la Sarkozy » impose de prendre la lumière en permanence, de verrouiller des cibles politiques pour exister, de courtiser à l’excès tous ceux qui pourront vous servir dans votre course à l’Élysée, de réunir une « firme » qui vous est dévouée corps et âme. Être candidat est irréconciliable avec le retour d’un calme réparateur, et avec le besoin d’incarner un ordre Républicain qui soit au service de tous, et non d’une cause. L’Affaire Benzema, enracinée dans le passé et le passif algérien des deux protagonistes, dit le risque d’une dérive vers le pugilat politique permanent, à fond la caisse sur le « Sarkodrome ». Sauf que Nicolas Sarkozy se présentait en 2007, après douze ans de chiraquisme endormi. Gérald Darmanin bouillonne, lui, sur le couvercle d’une France cocotte-minute.

 

Bonne lecture, et d’ici là « Aux armes et caetera » !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)

 

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6 Commentaires

  1. Chers lecteurs, c’est un plaisir de voir vos commentaires à notre éditorial hebdomadaire. Continuez. La France aime le débat. Et la cocotte minute continue de bouillir. Vive la Thaïlande ! Vive la France des pays du sourire !

  2. La cocotte et le chaudron ! Les ingrédients se font de plus en plus épicés tant le gourou de LFI agite avec vigueur frénétiquement la soupe. Le fond remonte à la surface. Le gourou est crédité d’une connaissance sure de l’histoire, il l’apprit à l’université et l’enseigna un temps… L’usage des termes est donc étudié, calculé. Le “camp” dans lequel il renvoya la présidente de l’assemblée nationale à ouvert la bonde. Il fallait insister et mettre les points sur les I. Mettre une étoile jaune sur l’écharpe tricolore. Le mot “campe” hante le cerveau du personnage. Il ne prétend pas faire une publicité subliminale pour Décathlon … Ce mot intrigue au delà de la référence aux camps d’extermination dont le gourou ne doit pas ignorer l’existence. Puisqu’il est crédité d’une connaissance historique indéniable un bref retour sur l’histoire est éclairant. Pierre Birnbaum, dans un récent article du journal “Le Monde” nous inflige quelques piqures de rappel. Édouard Drumont, “pape” de l’antisémitisme, écrit dans la “Dernière Bataille” en 1890 : “La race juive ne peut vivre dans aucune société organisée, c’est une race de nomades et de Bédouins. Quand elle a installé quelque part son campement, elle détruit tout autour d’elle”. Maurice Bedel parlant de Léon Blum (“Bengali”, recueil d’articles du journal antisémite “Candide” entre 1924 et 1944) écrit : “Le président du Conseil venu d’une race errante camper en Ile-de France par un hasard qui l’eut aussi bien mené à New York”. En 1954, dans le journal “Aspects de la France” du 2 juillet 1954 , il est écrit à propos du président du Conseil Pierre Mendès France : “Il est, de tous les Mendès, celui qui campe présentement entre Atlantique et Pyrénées”. Ces bijoux antisémites étaient naguère proférés par des mouvements et partis d’extrême droite, voire d’extrême gauche et se résumaient dans la figure du “juif errant” avec, faute d’être noir, un luxe de méthodes pour le reconnaitre. Aujourd’hui la répartition s’est inversée. L’antisémistime se dissimule (il ne peut en être autrement depuis la Shoah, à moins de la nier ou, concession, la relativiser) derrière l’antisionisme. Celui-ci repose sur une critique de l’existence coloniale d’Israël renforcée par celle de sa politique dans les territoires occupés. La critique peut déboucher, ce qui est le cas, sur la contestation de l’existence de l’État d’Israël. D’où une forte ambiguïté sur le vocable. L’antisémitisme s’alimente, comme autrefois, dans une certaine gauche (Proudhon, Marx, voire Jaurès) dans une critique du capitalisme et des ainsi dénommés “ploutocrates” et la défense de leurs exploités prolétaires. La Russie soviétique en fit un usage immodéré trouvant dans un antisémitisme profond et ancestral un terreau propice. Ces prolétaires hypostasiés en héros de toutes les libérations sont désormais les populations immigrées érigées en emblèmes du nouveau prolétariat. L’islam, culture dominante au sein de ces populations représente alors un instrument essentiel de mobilisation des recrues électorales escomptées et par une apothéose électorale du gourou pour une qualification à l’issue du premier tour de la future présidentielle. La défense du peuple palestinien en est pour le moment le drapeau. La résurgence des conflits au moyen-orient représente une aubaine de choix. Il faut observer que ce ne fût pas le cas lors de la répression des palestiniens, en 1970, en Jordanie, ni à Beyrouth en 1982 ni moins à propos des Rohingyas. Au diable la laïcité, notion naguère brandie et chérie par notre gourou désormais vue comme un instrument de domination, obstacle à la “créolisation” et contre laquelle il faut s’élever. Dans sa dérive langagière, passer à l’antisémitisme ouvert et assumé bien que dénié est une étape supplémentaire qui donne un condiment addictif, un poison mortel, à la fameuse soupe… Le bouillon déborde, se répand et enfle dans les slogans proférés au coin des rues et les inscriptions sur les murs de nos villes, Paris, Saint-Ouen, Aubervilliers… mais aussi Berlin. L’apprenti sorcier a ouvert la boîte de Pandore de ses tweets, les vieux démons sont en train de s’échapper et les bras risquent de s’armer…

  3. PP voit encore beaucoup plus loin… Sarko président dans et de sa geôle, c’est encore plus envisageable que de compter sur la résurrection du “fondateur de la Vème République”. A moins que de son sarcophage… en ces temps d’Halloween on peut rêver… Quand à son esprit et l’inspiration qui pourrait en découler en forme de langue de feu, une nouvelle pentecôte, cela parait, en l’état, encore plus improbable… Il n’y a plus qu’à attendre la fin des temps pour voir le retour du “sauveur”, la parousie. D’ici là, avec Ziad Takkiedine, même non extradé, il est permis d’espérer pour lui un poste de premier ministre les futurs ministres étant tout désignés : Balladur, Leotard, Hortefeux, Copé, Guéant sans oublier… Sarko… Président…

  4. La hauteur de vue des commentaires précédents est impressionnant ; franchement, je n’y ai rien compris ; mais, comme l’écrit le fondateur de la Ve République dans ses Mémoires de Guerre, T. III, 1944-1946. “selon moi, l’État doit avoir une tête, c’est-a-dire un chef” ; la question est donc de choisir lequel. Pour moi, je préfererai Ziad Taquieddine a un style plus élégant que Sako ou Darmanin et son expression française est meilleure. Je me demande si un ordre, républicain ou autre, ça s’incarne, et pourquoi un candidat à devenir chef interdirait de faire un bon ministre de l’intérieur.

  5. La cocotte minute bouillonne elle aussi, tout bout… La cocotte mijote une tambouille politique inextricable composée d’ingrédients franco-français avec au centre une projet de loi immigration (qui n’aboutira pas ou l’inverse avec un 49.3, le seul possible pour cette session) et avec en perspective des élections, européennes et présidentielles. Aux ingrédients externes le conflit israélo-palestinien a ajouté son sel. Pour porter la cocotte à ébullition il faut du carburant, nous l’avons, mais surtout il faut un un catalyseur, un “deus ex machina”, nous l”avons. LFI et son gourou occupe une place de choix. Il a remplacé ce que fût naguère, le menhir de la trinité. Sa fille a rejoint le “camp républicain” ou donne l’illusion de l’avoir fait, elle en est du moins créditée. Le Gourou de LFI, orfèvre en langue française (reconnu comme tel) occupe sur ce plan la place du menhir. Son vocabulaire est pour le moins apparenté, une “rivalité mimétique”. Il faut occuper une place restée vacante, vide : La présidente de l’assemblée nationale serait dans un camp à Tel Aviv d’où elle prônerait les massacres à Gaza d’un côté et de l’autre le “point de détail” et la “fournée” à propos d’un autre ministre, Michel Durafour en sept 1987 et sept 1988… En quelques décennies le narratif est toujours aussi clairement connoté mais il a changé de “camp”, la boucle est bouclée … Darmain, dans tout ça, interdit certaines manifestations et il a raison. Éteindre ou attiser le feu ? That is the question…

  6. Sarkozy incarne un ordre républicain au service de tous ? Un jugement un peu “helvétique “de l’épopée sarkozienne : la suite est éloquente et en fait la démonstration et ce n’est pas fini… Sarko candidat en 2027 du fonds de son cachot, résistant à ses indigestions de “petits pois” et, suivant un footballeur célèbre dans ses prières, enfin entendu par son nouveau Dieu, pardonné, exhaussé et élu… triomphalement ? Un nouveau paramètre démocratique émergent et déterminant, la geôle, case devenue obligée de l’assomption démocratique et avec le sacre ? Je crains toutefois qu’il ne faille patienter, 2032, 2037 vu la lenteur de la justice et la science procédurale du dilatoire dont le personnage est expert. Et Darmanin dans tout ça ?… toujours à la place Beauveau ?

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