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GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL: Douch est mort, il reste Khieu Samphan

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 08/09/2020
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La disparition de Douch, le bourreau Khmer rouge qui dirigea le centre d’extermination de Tuol Sleng (S21) sous le régime de Pol Pot, fait de Khieu Samphan le dernier dirigeant du Kampuchea Democratique à être encore en vie et en prison. Les deux hommes n’avaient absolument pas le même rang durant les années terribles 1975-1979. Douch, professeur de mathématiques avait dirigé des commandos de maquisards avant de devenir l’exécuteur en chef des purges du régime. Khieu Samphan, lui, contribua à forger l’idéologie Khmère Rouge. Il fut Chef de l’État sous le Kampuchea Democratique. Il négocia ensuite les accords de paix de Paris de 1991 au nom des Khmers Rouges…

 

Qui s’intéresse à l’histoire contemporaine de l’Asie du sud-est doit s’attarder un instant sur l’itinéraire de Khieu Samphan, aujourd’hui âgé de 89 ans et condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité. Intellectuel formé en France, docteur en Sorbonne pour sa thèse sur l’économie cambodgienne sous le règne de Norodom Sihanouk, Khieu Samphan incarne à la fois toutes les dérives du communisme maoïste et tout ce que la période Khmère rouge recèle de mystères encore non complétement éclaircis.

 

Il fut, pendant des années, hébergé et soutenu par la Thaïlande, dans son fief du Phnom Malai à quelques kilomètres de la frontière. Il négocia avec la communauté internationale la réintégration des Khmers rouges sur la scène politique cambodgienne. Il assista, dans sa demeure de Pailin, à la réinsertion des anciens bourreaux, avant d’être arrêté en novembre 2007 et d’être mis en examen pour crimes contre l’humanité.

 

Douch adorait citer Lamartine dans le texte, en Français. Khieu Samphan pouvait, voici peu, encore citer des passages entiers de «Philosophie de la misère» du socialiste Français Joseph Proudhon. Leur destin politique est indissociable de la décolonisation et des blessures laissées derrière lui par le protectorat français au Cambodge, de 1863 à 1953. La vérité sanglante des Khmers Rouges était celle de Douch. Les mensonges intellectuels et politiques de ce régime génocidaire furent, largement, ceux de Khieu Samphan.

 

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