Il suffit de plonger dans les archives pour se faire une idée de l’ancienneté du projet. Depuis le percement des premiers canaux internationaux, à Suez puis à Panama au 19e siècle, le percement de l’isthme de Kra, en Thaïlande, fait rêver les ingénieurs et les armateurs. Imaginez : une liaison directe entre l’Océan Indien et la Mer de Chine, via le Golfe de Siam. Une redistribution des cartes pour le trafic maritime mondial. Et peut-être la fin programmée de Singapour, garde-chiourme du détroit de Malacca.
Le gouvernement thaïlandais, sous pression internationale et miné par l’inquiétude d’un possible sécessionnisme au sud du royaume, ne veut plus entendre parler de canal. Le projet est désormais celui d’un pont autoroutier qui permettrait aux navires de décharger leurs cargaisons et de l’acheminer en quelques heures de l’autre coté, pour rembarquer. L’isthme de Kra serait le péage sur l’autoroute commercial mondial Asie-Europe. Une source énorme de revenus. Un changement stratégique important.
La difficulté est que les projets se succèdent sans que l’on sache si les autorités de Bangkok y croient vraiment, ou cherchent juste à entretenir le mythe. Le risque est aussi que ce chantier colossal soit un « éléphant blanc » qui alimenterait la corruption à tous les étages. Mais à l’heure où le Cambodge avance avec son propre projet de canal Funan-Techo, et compte tenu des besoins de la Chine de garder la main mise sur les routes commerciales, l’isthme de Kra revient sur la carte du monde. A vos recherches et à vos archives. Gavroche prépare un dossier complet sur le sujet. Écrivez nous !
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Il existe en effet un lien entre les canaux du XIXe siècle et l’isthme de Kra. Il semble que ce soit le roi Rama V qui se soit opposé au projet en raison des mauvaises relations avec la France, symbolisées par l’expression “le Loup français et l’Agneau siamois”.