Home Accueil GAVROCHE – ROMAN : Dans nos archives de «La fille qui aimait les nuages», épisode 12

GAVROCHE – ROMAN : Dans nos archives de «La fille qui aimait les nuages», épisode 12

Journaliste : Patrice Montagu-Williams
La source : Gavroche
Date de publication : 16/06/2020
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Amis lecteurs, soyez rassurés: vous pouvez retrouver à tout moment l’intégralité des épisodes de notre roman feuilleton «La Fille qui aimait les nuages» dans chaque article. Chaque épisode nourrit le suspense pour ce polar asiatique spécialement concocté pour Gavroche par Patrice Montagu-Williams. Que peut désormais faire Ành Hung, ce dignitaire communiste vietnamien résolu à demander l’asile politique en France ? Pourra-t-il échapper aux redoutables et très informés services de renseignement de Hanoï ? Un roman est une histoire. Et celle-ci nous tient aux tripes !

 

Résumé de l’histoire et de l’épisode 11 : Réunion d’urgence, à l’ambassade du Vietnam à Paris, des hommes des services secrets. Ils ont appris, de la bouche de sa propre femme, qu’Anh Hùng, chef de la délégation vietnamienne venue à Paris pour conclure un très important contrat d’armement rendu indispensable par la menace chinoise en mer de Chine, souhaitait demander l’asile politique à la France pour lui et pour sa famille. Il n’est pas question de laisser un membre important du Bureau Politique du Parti communiste vietnamien trahir son pays. Il est donc décidé de l’éliminer. Et, pour cela, Huyên, l’un des agents, a une idée…

 

Épisode 12 – Un roman de Patrice Montagu-Williams

 

Huyên lui a donné rendez-vous au Rooftop bar du Café de l’Homme, au Trocadéro : il ne voulait pas qu’on les voie ensemble à l’hôtel. Mai est arrivée un peu en avance. Elle regarde par la magnifique baie vitrée la Tour Eiffel qui scintille. Elle a appris que l’illumination se déclenchait automatiquement au début de chaque heure et durait cinq minutes.

 

Depuis qu’elle sait que Anh Hùng et Ai Vân ne veulent pas rentrer au Vietnam, elle a perdu tous ses repères. Cela fait deux jours qu’elle ne parle plus à son mari qui dort dans la chambre, à l’autre bout de la suite. Elle-même passe ses nuits sur le canapé du salon sans trouver le sommeil.

 

«Perle Lumineuse»

 

Les illuminations la font penser soudain à Minh Châu, « Perle lumineuse », la petite grenouille qu’elle avait trouvée une nuit, quand elle était petite, sur les pentes des monts Pu Hoat. Elle se souvient de tout : son dos verdâtre, sa peau translucide et ses flancs couverts de tâches noires. Minh Châu avait vécu sept longues années. Elle l’avait enterrée avec Anh Hùng dans le jardin, là où ils jouaient tous les deux, derrière la maison du petit village où elle vivait avec sa mère, dans la province de Nghệ An, près de Vinh. C’était ce jour-là qu’il lui avait dit qu’il l’aimait. Il avait voulu l’embrasser et elle s’était laissé faire, heureuse mais stupéfaite : il avait treize ans de plus qu’elle et elle ne comprenait pas qu’un garçon de son âge s’intéresse à une gamine à peine pubère…

 

Huyên s’assied à la table et pose son œil mort sur Mai. Elle ne peut contrôler un geste de recul, ce qui le fait sourire : cela fait longtemps qu’il sait se servir de son infirmité pour déstabiliser ceux qu’il interroge.

 

Sans rien dire

 

Il reste un temps comme ça, à la regarder sans rien dire. Elle se sent de plus en plus nerveuse et avale d’un trait le verre de whisky qu’elle avait commandé.

 

— Pour ta fille, c’est trop tard, finit par dire Huyên : elle est entre les mains des Français et ils ne nous la rendront pas. Elle ne veut pas retourner au Vietnam et ils ne vont pas nous la livrer de force. C’est leur système qui veut ça : ici, l’individu a tous les droits. Chez nous, c’est le contraire : la décision revient toujours au peuple uni, c’est-à-dire au Parti. Mais on ne peut pas laisser ton mari trahir son pays sans rien faire. Tu imagines un peu un membre éminent du Bureau Politique demander l’asile politique à l’occasion d’une mission à l’étranger ? Alors, je compte sur toi pour nous aider. Je sais que tu es une communiste fidèle, camarade, et que tu n’as pas oublié tout ce que le Parti a fait pour toi, sinon tu ne m’aurais pas prévenu de ce qui se passait.

 

— Que veux-tu que je fasse ? demande Mai, dans un murmure.

 

— Je vais te donner quelque chose pour endormir ton mari, quelque chose de fort, mais qui n’est pas dangereux. Ce sont des gouttes que tu mettras dans son thé ou son café. Ensuite, on l’exfiltrera en prétextant qu’il est malade sans attendre le départ du reste de la délégation. Les Français seront prévenus. Un avion militaire est déjà parti de Hanoï. Tu pourras l’accompagner.

 

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