L’un des auteurs des attentats à la bombe qui ont fait plus de 200 morts il y a vingt ans à Bali a été libéré sur parole mercredi après avoir purgé la moitié de sa peine, a indiqué un responsable, malgré les protestations de l’Australie.

Umar Patek était membre d’un groupe lié à Al-Qaïda qui a fait exploser des engins dans un bar et une boîte de nuit de l’île balnéaire indonésienne en octobre 2002, tuant 202 personnes, dont 88 Australiens, dans l’attaque terroriste la plus meurtrière d’Asie du Sud-Est.

“Depuis aujourd’hui, Patek a changé de statut et est désormais sous la supervision du pénitencier de Surabaya”, a déclaré à l’AFP Rika Aprianti, porte-parole du ministère de la Justice et des Droits de l’homme, en référence à l’établissement de la ville de Java-Est où il a été libéré.

Il devra suivre un programme de formation jusqu’en 2030 et sa libération conditionnelle sera révoquée s’il commet une infraction durant cette période, a-t-elle précisé.

Il a été établi que Patek avait fabriqué les bombes utilisées lors de l’attaque de Bali, une île hindoue très prisée des touristes étrangers.

Il a été libéré de la prison de Surabaya à 8 heures mercredi et a été escorté par les autorités car aucun membre de sa famille n’est venu le chercher.

“Il est tenu de suivre les conseils du bureau et ne doit commettre aucune violence pour conserver sa liberté conditionnelle”, a déclaré M. Aprianti.

Les autorités estiment que l’extrémiste condamné a “montré des changements” après avoir suivi un programme de déradicalisation, selon le fonctionnaire.

“Le plus important est qu’il a prêté allégeance à l’État unitaire de la République d’Indonésie”, a-t-elle ajouté.

Le gouvernement a déjà accordé des réductions de peine à de nombreux prisonniers qui ont purgé la majeure partie de leur peine, ont suivi des programmes de réhabilitation ou ont fait preuve d’un bon comportement.

Mais les experts ont mis en garde contre le fait que la libération de Patek et de son collègue kamikaze de Bali Ali Imron – qui purge une peine de prison à vie – pourrait renforcer leur notoriété à leur sortie.

Patek a été capturé en 2011 après près de dix ans de cavale, avec une prime d’un million de dollars sur sa tête à Abbottabad, la même ville pakistanaise où Oussama ben Laden a été tué par les forces spéciales américaines.

Les procureurs n’ont requis une peine de prison à vie pour l’homme de 52 ans, accusé de meurtre avec préméditation, que parce qu’il a fait preuve de remords lors de son procès en 2012.

La décision de le libérer par anticipation risque de provoquer la colère de l’Australie, qui a perdu le plus grand nombre de personnes parmi les 21 pays dont les ressortissants ont été tués.

En août, le Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré qu’il n’avait que du “mépris” et du dégoût pour les actions de Patek, affirmant que sa libération anticipée ne ferait que renouveler la détresse et le traumatisme des familles endeuillées des victimes.

Remerciement à Paul di Rosa