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LAOS: À Luang Prabang, la renaissance du royaume du million d’éléphants

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 23/07/2019
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Nous publions ici le récit de voyage d’une semaine dans les environs de Luang Prabang au Laos aux côtés de Prasop Tipprasert, un Thaïlandais maintenant retraité. Il fut le co-fondateur et directeur du Centre de Conservation des Éléphants en Thaïlande. Il a donc passé ces trois dernières décennies auprès des éléphants. Il suffit de l’écouter vous raconter les innombrables anecdotes dont il dispose pour comprendre qu’il a énormément appris à leur côté et qu’il est mû par un profond amour pour eux.

 

Nous reproduisons ici le récit publié sur internet par CC Altman. Et les commentaires de Christian Bollier au sujet de ce formidable projet.

 

L’expérience de Prasop Tipprasert s’est faite auprès d’éléphants captifs et sauvages jusqu’au jour où l’heure de sa retraite a sonné. Mais… quand on aime… On ne compte pas.

 

Deux mois après sa retraite, il n’a pu se résoudre à mettre un terme à ce qu’il pouvait encore faire pour améliorer la condition de ces animaux tant exploités, tués et maltraités dans cette zone de la planète.

 

Le voilà donc passé de l’autre côté de la frontière de son pays d’origine pour se joindre à une jeune équipe qui s’est lancée dans un vaste programme de réintroduction des éléphants dans leur milieu naturel au Laos.

 

Mandalao est né

 

À Luang Prabang, ville historique dans le centre nord du Laos, les éléphants sont un véritable pôle d’attraction touristique et un business juteux qui se fait au détriment du respect de l’animal dans 90 % des cas. Il suffit de voir les offres de la majorité des agences en ville pour constater que ces animaux sont montés à longueur de journée par les milliers de touristes qui affluent de tous les continents.

 

L’animal est exploité avec excès pour satisfaire la curiosité et le désir de nouvelles aventures des hommes, femmes, et familles de passage.

 

L’aspect corporel des éléphants porte les traces de cette exploitation.

 

Que cela vienne des lourdes nacelles pour transporter les touristes, ou encore de l’usage du crochet ou du marteau par leur «Mahout» (le maître de l’éléphant) afin de le diriger à volonté… La peau de ces éléphants montre les séquelles de ces abus répétés.

 

Le plus choquant est que cela ne semble pas plus perturber toutes ces personnes en recherche de sensations auprès de ces êtres majestueux.

 

Cependant, une alternative à 180° est venue s’immiscer au beau milieu de toutes ces agences : Mandalao.

 

À première vue, elle ressemble à une agence comme les autres qui proposent des activités auprès des éléphants, mais son sous-titre vient immédiatement interpeller l’esprit : Mandalao — Consciousness through Nature (la Conscience à travers la Nature).

 

Première différence, il n’est pas question chez eux de monter les éléphants. L’objectif est uniquement d’avoir la possibilité de les approcher, d’entrer en contact avec eux, de marcher avec eux dans la jungle, d’aider à les nourrir, les laver.

 

Au-delà de cette offre bien plus attirante que les autres, on y découvre rapidement Prasop et son programme qui n’a pas froid aux yeux.

 

Réunir l’homme et l’éléphant

 

Ce projet est né il y a tout juste quatre mois de cela. L’équipe de Mandalao a récupéré un groupe de sept d’éléphants qui étaient jusque-là exploités dans des camps de bûcherons comme tant d’autres.

 

L’atout de ce groupe d’éléphants est qu’il est composé de plusieurs générations, du plus ancien au plus jeune, et de la matriarche jusqu’à l’éléphanteau prénommé “Kit”.

 

Leur projet est de permettre à ce groupe de croître sur les terres qu’ils viennent d’acquérir à 30 minutes de Luang Prabang.

 

Ils ont trouvé un petit paradis près d’une rivière où la jungle est accessible et où même les quelques fermiers qui y vivent ont bien compris leur projet et se sont mis à les accueillir à bras ouverts.

 

Le sourire et l’immense bienveillance que véhicule Prasop ont dû fortement y contribuer.

 

Ce groupe de sept éléphants est le début d’un grand projet de réintroduction progressif dans le Parc National de Nam Phouy.

 

Ce sanctuaire naturel accueille déjà une quarantaine d’éléphants sauvages, mais les moyens manquent pour préserver leur tranquillité.

 

Le projet de Mandalao est donc également d’offrir la possibilité aux touristes de se joindre à leur équipe comme “chercheurs”, de venir surveiller la vie sauvage et de contribuer à sa préservation en aidant le projet de réintroduction.

 

Un projet ambitieux

 

Mandalao et son équipe voient grand, et c’est sans doute ce qui m’a le plus touché. Le respect de l’éléphant est leur priorité, ça ne fait aucun doute.

 

Cet amour qu’ils portent pour ces êtres magnifiques commence d’ailleurs déjà à se répandre dans les contrées de Luang Prabang et à influencer les autres agences qui prennent ainsi conscience de la possibilité d’agir autrement tout en attirant pourtant les voyageurs de passage au Laos.

 

Prasop milite également pour que ses méthodes d’approche et de communication avec les éléphants soient mieux connues. Il dispose d’une profonde connaissance de toute la diversité du langage des éléphants.

 

Il sait donc vivre avec eux au travers d’une communication exclusivement positive et n’employant aucun moyen allant à l’encontre de la liberté de l’animal. Ce fut un régal de l’écouter en parler et de le voir à l’œuvre, lui, ou les « Mahouts » Laotiens à qui il a transmis tout son savoir-faire.

 

C’est un grand bonheur, bien trop rare, de voir des éléphants vivant au contact de l’homme et dans le respect de ce qu’ils sont et, qui plus est, dans le but de leur réserver un avenir plus radieux.

 

Le commentaire et l’appel de Christian Bollier après sa visite au Laos:

 

Prasop Tipprasert vit au Laos voisin de la Thaïlande depuis 3 ans, après avoir dirigé et créée :

 

1) L’école de Mahouts respectueux des elephants du TECC (Thai Elephant Elephant Conservation Center) à Lampang (à 1 heure de Chiang Mai)

 

2) Le grand projet Royal de Chiang Mai University avec le TECC, depuis 2008, d’aider de jeunes humains autistes avec des éléphants du TECC en dix à douze séances inter-actives inter-espèces de jeux, échanges, ballades à dos d’éléphants …/… qui stimulaient les enfants autistes de façon extraordinaire en leur faisant faire des progrès visibles incroyables scientifiquement prouvés (sur dix ans).

 

Prasop avait réalisé un éléphant en métal + cuir et fourrure à roulettes et moteur électrique pour habituer les enfants à monter sur le dos de ce grand jouet mobile avant de monter sur le dos de vrais éléphants.

 

J’ai constaté personnellement ces résultats. Les autistes contrôlent difficilement leurs deux yeux simultanément…

 

Sauf lorsqu’ils sont assis sur le dos d’un éléphant. D’où des progrès très rapides, un meilleur contrôle de leur vision binoculaire, plus d’assurance, et de contacts physiques, moins de peurs, meilleure sociabilité…

 

Le père d’un enfant autiste est venu à l’Université de Chiang Mai pour remercier cette fantastique équipe, les larmes aux yeux car, après une séance avec un éléphant “son fils de 17 ans qui ne lui avait jamais parlé ni touché pendant 17 ans, l’a enlacé et lui a dit: « I love you Dad ! »

 

Après la mort du Roi Rama IX, ce Projet Royal n’a plus eu de budget Royal et les séances inter-actives ont cessé, car elles nécessitaient des budgets conséquents pour déplacer les 10 à 20 enfants autistes de Chiang Mai à Lampang avec encadrement scientifique de l’Université de Chiang mai de 10 à 20 étudiants et encadrement conséquent médical et universitaire.

 

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