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LAOS Nouveau départ pour Vang Vieng

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 21/06/2016
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Faut-il s’arrêter à Vang Vieng ? La question se pose bien sûr aux courageux qui choisissent la voie terrestre pour rallier Luang Prabang depuis Vientiane… mais aussi à tous ceux qui séjournent ou vivent dans la capitale laotienne et cherchent à s’en échapper le temps d’un week-end. Las, pendant longtemps l’image de ce petit village monté en graine s’est résumée à celle d’un haut lieu de consommation de stupéfiants, de descente de la rivière en pneu géant, et des accidents parfois mortels liés au cumul de ces deux activités. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

Force est de constater que des deux activités potentiellement dangereuses précédemment citées, seule la seconde, le « tubing », maintient bon an mal an sa tradition, et encore est-elle concurrencée par des sorties en kayak de toute évidence mieux encadrées. La première semble avoir été éradiquée, ou tout du moins sérieusement limitée par une politique municipale assez stricte, qui va de la multiplication des panneaux rappelant la prohibition de toute drogue au Laos, jusqu’à l’interdiction pure et simple de fumer dans la rue principale.

 

Certes la faune touristique affluant au village reste marquée par une forte proportion de jeunes Occidentaux portant beaux tatouages, dreadlocks et coups de soleil, et l’on n’est pas à l’abri de croiser la nuit venue quelques énergumènes manifestement en proie à une certaine agitation intérieure, mais ce flux « historique » est contrebalancé par celui de familles et de sportifs, plus nombreux à sillonner en VTT les chemins poussiéreux serpentant entre les montagnes qu’à hanter les bars du petit « centre-ville ».

 

A ceci près qu’à partir de 17h30, les uns et les autres se rassemblent quasi-religieusement dans lesdits bars du bord de la rivière pour célébrer le miracle quotidien de la disparition du soleil derrière les crêtes karstiques en sirotant bière ou cocktail. Les moins regardants sur le confort s’installent même sur les plateformes en bambou dressées à même le lit de la rivière Nam Song pour admirer le spectacle les pieds dans l’eau dans une ambiance très bon enfant.

 

Après quoi, chacun regagne plutôt tranquillement qui son restaurant de prédilection (rien de bien transcendant à signaler côté gastronomie ceci dit), qui son hébergement. Et ce n’est pas le moindre des mérites de Vang Vieng que d’avoir accompagné la diversification de sa clientèle par celle de son hébergement : la gamme est complète, de la cabane en bois sur pilotis pour quelques dollars la nuit (la Maylyn Guesthouse restant, de ce point de vue, une valeur sûre) aux hôtels de charme, magnifiquement décorés et éclairés, qui voleraient presque la vedette à la rivière le soir venu (The Elephant Crossing) en passant par une offre pléthorique dans le milieu de gamme. Le tout se caractérisant par des prix remarquablement bas, quoi qu’en disent les vieux routards de l’Asie du Sud-Est, amoureux aigris du pays, revenus de tout sauf de l’antienne « c’était mieux avant », qui vous assureront que le village s’embourgeoise (mais concluront probablement leur discours en vous garantissant que ce n’est rien par rapport à Luang Prabang, devenue tout bonnement « hors de prix »). Ce sont finalement eux les principaux fâcheux que vous risquez de rencontrer ici ! Mais leurs propos indécents ne suffiront pas à vous gâcher le plaisir d’un cadre naturel exceptionnel.

 

De montagnes, de grottes et d’eau

 

Le paysage de roches karstiques est en effet saisissant, de l’extérieur comme de l’intérieur, où l’eau a accompli son œuvre sculptrice après des millénaires de ruissellement. D’innombrables grottes s’offrent ainsi au visiteur curieux, plus ou moins aménagées pour la visite, voire plus ou moins répertoriées : il arrive que des promeneurs, portés par la chance et l’intuition (ou la seule volonté de s’abriter du soleil !) découvrent des cavités non mentionnées sur les cartes de la région. L’intérêt principal étant que les « pains de sucre » qui hérissent le paysage se dressent sur un sol relativement plat. D’où la possibilité, plutôt exceptionnelle en zone montagneuse, de pouvoir sillonner entre ces masses grises et vertes à vélo sans difficulté majeure. On peut ainsi s’établir à la journée un programme de visite de grottes sur des boucles de 20 à 30 kilomètres sans autre inconvénient que l’ardeur des rayons et l’abondance de la poussière ocre qui s’envole du sol en un nuage aveuglant qui vient adhérer à la couche de crème solaire à chaque – heureusement rare – passage d’un véhicule. On peut heureusement s’en débarrasser en se plongeant dans les eaux tentantes du « blue lagoon », bassin turquoise qui accueille le visiteur à l’entrée de la Tham Poukham, grotte vedette de la région, et pas seulement du fait de son attraction aquatique qui en fait un merveilleux lieu de pique-nique et de détente – le spectacle de touristes de tous âges et de toutes corpulences escaladant à tour de rôle l’arbre qui surplombe le bassin pour y plonger à grands renforts de cris et sous les encouragements du public ajoute même une certaine cocasserie à l’endroit… La grotte elle-même est en effet assez exceptionnelle, et mérite en tout cas la rude ascension nécessaire pour atteindre son seuil : elle se présente sous la forme d’une « salle » immense, marquée par la déclivité dans ses trois dimensions, ponctuée de formations étranges – dont celles en forme de « crabes dorés » qui lui donnent son nom – et recelant en contrebas une statue de Bouddha couché que l’œil ne peut s’empêcher d’utiliser comme mètre-étalon de l’immensité de la cavité. Celle-ci se prolonge d’ailleurs en boyaux plus étroits, dans lesquels on hésite à s’engager sans guide, même si l’on a pris la précaution de se munir d’une lampe torche à l’entrée : sa lueur semble trop modeste pour percer l’obscurité épaisse de ces anfractuosités dont on dit qu’elles s’enfoncent profondément dans la montagne. Attention toutefois à ne pas se laisser abuser par les imitations sur le chemin : la Poukham Cave jouit d’une telle réputation dans la région qu’on a vu des paysans attirer les touristes sur leur propriété par des panneaux indicateurs mensongers annonçant une « Tham Poukham » qui s’avère en fait être surtout l’occasion, pour les quelques gamins de la ferme qui s’improvisent guides avec une belle célérité, de soutirer quelques dollars aux naïfs déçus de ne trouver qu’une vague faille et un « blue lagoon » (en fait la rivière serpentant au bas de la propriété) plus gris que bleu… C’est dire à quel point les grottes sont devenues une attraction majeure, une attraction dont chacun, on le comprend bien dans une région si rurale, s’efforce de tirer un parti sonnant et trébuchant.

 

L’autre incontournable en la matière, la grotte de Chang, ne donne pas lieu à de tels malentendus, si proche qu’elle est de la rivière et du village que l’un des derniers resorts de la berge étend ses bungalows presque jusqu’à ses pieds. Il faut dire que sa présence est intimement liée à l’histoire même de Vang Vieng, la population de la région s’étant apparemment regroupée à proximité de ce refuge naturel au moment de la guerre civile – théâtre annexe trop méconnu de la guerre du Vietnam – qui a succédé à la guerre d’indépendance jusqu’en 1975. La Tham Chang possède en effet, en plus de son entrée principale, une trouée à flanc de montagne qui ménage une vue imprenable sur la vallée de la Nam Song et la plaine environnante. Ce qui implique que, là encore, la visite débute par une longue ascension, moins périlleuse cependant que celle de Poukham grâce à la présence d’un bel escalier en pierre. Et une fois à l’intérieur, surprise : les gérants de la grotte ont eu la bonne idée de souligner l’incongruité et l’exubérance des formations calcaires par des jeux de lumière colorée renforçant l’évocation ici d’un bouton de lotus et là d’un arbre tropical. Cette mise en scène du monde minéral permet en outre d’apprécier le moindre détail de cet environnement étrange : on en ressort comme enchanté, en se demandant quels autres trésors recèlent les cavernes des environs, et si Luang Prabang ne pourrait pas attendre encore un jour ou deux.

 

Sacha Leroy

 

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