Disons le tout de suite : il n’existe pas de mariage aussi réussi à Bangkok ! Madame Shawn, c’est l’union de la cuisine thaïe et du charme français. Sans prétention. Mais avec goût. Et du goût, il en déborde chez Madame Shawn. Dans le menu tout d’abord, où Madame Shawn, allias Jittini, a mis tout son talent. Dans le concept et la décoration ensuite, où Maxime, son français de mari, excelle. Une union née bien loin de la street-food et des restaurants tendance de la Cité des Anges, dans la Ville Lumière où ils se sont rencontrés et où ils vivaient avec leurs deux enfants jusqu’à l’an dernier.
L’histoire a tout d’un conte de fée. Formé à l’école hôtelière, il est déjà le jeune patron d’un restaurant dans le 10ème quand il rencontre Jittini en 2004. Elle lui fait découvrir les saveurs de la cuisine thaïe, sa passion. Ensemble ils décident d’ouvrir un premier restaurant.
Recettes thaïlandaises uniquement, fraîcheur et qualité des produits, le « surépicé » en moins pour ne pas heurter les palais sensibles. Le tout servi dans une déco sophistiquée et musicale dont raffolent les Parisiens. Le succès est immédiat. Le mariage prend si bien qu’ils auront beaucoup d’enfants, sept exactement, aux quatre coins de Paris. En 2007, ils sont les premiers à créer le concept du « bistro thaï ».
C’est avec ce bagage en main qu’ils décident un retour aux sources en famille. Après avoir trouvé l’emplacement rêvé, un ancien restaurant japonais de 300 mètres carrés au soï 49, ils démarrent les travaux qui dureront « plus longtemps que prévu », glisse Maxime.
Pendant qu’il chine sur les marchés vintage pour trouver des éléments de déco – des matériaux improbables comme ce carrelage noir « conique » sur le mur, des luminaires de Chiang Maï, des tapis turcs, des coussins fleuris asiatiques – et trouve à Bangkok un tanneur capable de réaliser sur mesure une vingtaine de banquettes en cuir marron qui embaume l’air, Jittini prépare les recettes avec une idée en tête : présenter dans un seul menu toutes les cuisines du royaume, en proposant de nombreux classiques, mais aussi quelques mets traditionnels rares, d’autres revisités, certains plus épicés.
C’est d’ailleurs ce mélange subtil et ce savoir-faire qui permettent à Madame Shawn d’attirer, depuis son ouverture en juin dernier, aussi bien les Thaïlandais conquis par ses recettes que les étrangers qui préfèrent des plats « tout juste épicés ». Une cuisine « sans glutamate » insiste-t-elle.
La carte est bien une invitation au voyage. Du Nord, Jittini a ramené le goût authentique du fameux khao soï kaï au curry si par- ticulier (175 B), décliné également en burger (250 B), une recette signature. Du Nord-Est, d’où elle est originaire, une myriade de recettes, incluant la panoplie de la street-food, dont le som tam pla ra (salade de papaye au poisson mariné – 95 B), le nua nam tok (130 B), le laab moo (120 B) ou encore le fameux sua rong haï « crying tiger », une viande cuite rouge de première qualité à tremper dans une sauce relevée (250 B).
Des soupes bien sûr, dont la sudiste massaman nua (210 B) et l’incontournable kang kiew waan moo (soupe de curry vert au porc –170 B).
Côté spécialités, la recette du kang rhoom kra-dook (travers de porc à la sauce curry rouge noix de coco – 175 B) est très rare à trouver, comme le bua loy peuak, un dessert à base de taro et de crème de noix de coco (75 B). La touche créative se devine dans des plats comme le surprenant hor mok à base de saumon (240 B) servi dans des feuilles de bananier, ou l’original yum som O (à base de pomélo – 125 B).
Ajoutez à cela des desserts, du bon vin (français) et du bon café, et vous comprendrez qui est Madame Shawn.
M.C.
Madame Shawn
Sukhumvit 49/3 (avant l’hôpital Samitivej) Parking disponible
Tél : 02 258 12 05
mmeshawn.com
