Entre 600 et 1000 bahts : c’est le montant mensuel de la couverture vieillesse universelle que reçoivent du gouvernement les personnes âgées. A titre de comparaison, et en considérant que le coût de la vie est quatre fois moindre en Thaïlande qu’en France, cela reviendrait pour un retraité français à percevoir entre 60 et 90 € par mois…

Les millions de seniors thaïlandais qui ne bénéficient pas d’un régime de retraite, ou ne sont pas supportés par leurs enfants, ou sont trop âgés ou en trop mauvaise santé pour trouver un travail d’appoint, vivent dans une très grande précarité, d’autant plus que le levier traditionnel de la solidarité familiale ne suffit plus.

C’est à partir de ce constat qu’en 2011, le gouvernement a fait voter une loi sur la création d’une caisse de cotisation (National Savings Fund Act) sur le modèle de prélèvements obligatoires sur salaires. Mais son décret d’application s’est perdu dans les limbes obscurs de la bureaucratie thaïlandaise et les soubresauts politiques n’ont rien arrangé. Devant une administration qui a tant de mal à mener des politiques sur le moyen et long terme, le royaume pourrait se retrouver dans les prochaines années face à une situation sociale et économique catastrophique.

Car la population thaïlandaise vieillit rapidement, le taux le plus rapide dans l’ASEAN après Singapour. Avec 15% de personnes âgées de plus de 60 ans (soit environ 10 millions d’habitants), la Thaïlande est bien au-dessus des normes définies par les Nations Unies, pour qui une population est dite vieillissante quand 10% de la population a plus de 60 ans. L’Institut de Gérontologie thaïlandais (TGRI) tire la sonnette d’alarme et prévoit que dans 10 ans, le taux de prise en charge, soit le ratio entre population active et personnes âgées (+ de 65 ans), sera de 2.5/1, contre 5/1 actuellement.