Dirigé pour la première fois par Lawrence Wong en tant que Premier ministre, le Parti d’action populaire (PAP) a remporté 87 des 97 sièges au Parlement, maintenant ainsi sa large majorité. L’opposition, qui espérait capitaliser sur ses gains historiques de 2020 — lorsqu’elle avait décroché 10 sièges — n’a pas réussi à élargir son ancrage. Le contexte électoral a basculé à mesure que les électeurs ont privilégié la stabilité, dans un climat d’incertitude lié aux tensions géopolitiques et aux craintes de ralentissement économique mondial.
Ces résultats valident la stratégie de Lawrence Wong, axée sur le renforcement des aides sociales pour atténuer l’impact de la vie chère. Ils s’inscrivent également dans une tendance observée lors des récentes élections en Australie et au Canada, où les électeurs ont reconduit les partis en place, dans un contexte d’incertitude croissante liée aux politiques commerciales de Donald Trump.
Âgé de 52 ans, l’économiste et son équipe avaient mis en garde contre les risques d’un affaiblissement du gouvernement, estimant qu’une plus grande présence de l’opposition pourrait engendrer une instabilité préjudiciable à Singapour, dont l’économie reste fortement tributaire du commerce international.
Au-delà des sièges parlementaires, le parti de Laurence Wong a obtenu de bien meilleurs résultats lors du vote populaire, recueillant environ 66 % des suffrages exprimés, soit près de 5 points de pourcentage de plus qu’en 2020.
Ce résultat offre à Lawrence Wong le mandat nécessaire pour conduire sereinement le renouvellement de l’équipe dirigeante au sein de son gouvernement, sans provoquer de réaction notable de l’opposition. Il envoie également un signal de stabilité politique aux investisseurs étrangers, dont la confiance a largement contribué à faire de Singapour un centre financier de premier plan.
Un signal clair
L’opposition n’a pas eu que des mauvaises nouvelles. Les partisans du Parti des travailleurs ont été rassurés de savoir qu’ils ont pu conserver les 10 sièges qu’ils avaient remportés en 2020, tout en augmentant leur part du vote populaire à près de 15 %. Cela renforce la revendication du Parti des travailleurs en tant que principale voix de l’opposition et, peut-être, en tant que force plus puissante à l’avenir.
L’élection de samedi traduit un renouvellement de la confiance du public envers un parti au pouvoir sans discontinuer depuis l’indépendance de Singapour en 1965. Lawrence Wong devient le quatrième Premier ministre de la cité-État, et seulement le deuxième à ne pas être issu de la famille du fondateur, Lee Kuan Yew. Son prédécesseur, Lee Hsien Loong, fils du père de la nation, a occupé le poste de 2004 à 2024.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Lawrence Wong s’est engagé à intensifier les efforts pour faire face à la hausse du coût de la vie, l’une des principales préoccupations des Singapouriens. Il a également souligné l’importance de la création d’emplois et du renforcement des soutiens dans les domaines de la santé, des retraites, de l’éducation et de la famille.
Si l’issue du scrutin ne faisait guère de doute, l’ampleur de la victoire conserve un poids symbolique et politique important à Singapour, où elle peut influencer l’orientation des politiques publiques à venir.
En 2020, le Parti d’action populaire (PAP) avait enregistré son plus mauvais score depuis l’indépendance, ne remportant « que » 89 % des sièges au Parlement. Ce recul s’expliquait en partie par le désenchantement d’une partie de l’électorat jeune. Depuis, le parti au pouvoir s’est efforcé de regagner leur soutien, en facilitant l’accès au logement social et en abrogeant une loi datant de l’époque coloniale interdisant les relations sexuelles entre hommes. Près de la moitié des 32 nouveaux candidats présentés par le PAP cette année avaient moins de 40 ans.
L’arrivée de Lawrence Wong au pouvoir a aussi marqué un tournant dans la stratégie du parti face à la hausse du coût de la vie, qui pèse sur les 3,6 millions de Singapouriens. Parmi les mesures mises en place figurent les premières allocations de chômage de l’histoire du pays, ainsi que des milliards de dollars injectés dans les budgets successifs pour alléger les dépenses des ménages, des repas scolaires aux factures d’électricité, en passant par le soutien éducatif.
Pour l’opposition, ce résultat signifie que les aspirations à un parlement plus équilibré et propice au débat devront encore attendre. Samedi soir, les candidats de l’opposition ont exprimé leur découragement à l’annonce des résultats. Toutefois, ils ont trouvé un certain réconfort dans le fait que le Parti des Travailleurs a réussi à conserver sa place au Parlement.
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