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SINGAPOUR – TOURISME : Quand l’île-Etat se sublime

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 01/04/2020
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Cette fois nos archives nous propose une escapade à Singapour, situé à l’extrême sud de la péninsules malaise. La ville-état qui vibre sous la pression de ses 5,6 millions de résidents, scintille au reflet de ses buildings de verre, s’enorgueillit de son métissage ethnique et résonne au son des cantiques d’une kyrielle de religions.

 

Si vous aimez l’authenticité, les clichés asiatiques des coupeuses de cannes birmanes, des rizières de Thaïlande ou des pêcheurs du lac Inlé, ne venez surtout pas à Singapour. En revanche, si la vision de buildings ultramodernes vous inspire un réel sentiment d’esthétique, ne ratez cette féerie sous aucun prétexte. D’ailleurs, cette cité-État est bien autre chose qu’une champignonnière de gratte-ciels même si, à travers eux, les ancestrales maisons chinoises, les temples hindous et les échoppes de Little India trouvent une place de choix.

 

Cette vision futuriste vous saute aux yeux dès l’aéroport : sunlight sur les immeubles en verre coniques. Au sol, pour faciliter la circulation, cinq voies bitumées se jouxtent, de chaque côté. N’en doutons pas, les concepteurs de cette mégapole sont des visionnaires. L’étroitesse du territoire les oblige à imaginer l’île dans un demi-siècle. Le quartier dit des affaires reste le « must » en la matière : toutes les plus grandes banques mondiales y sont représentées, ainsi que le gotha de l’industrie internationale. À l’heure du lunch, beaucoup de ces inépuisables travailleurs en costume-cravate où en tailleur strict iront jusqu’au Lau Pa Sat, une réplique orientale du restaurant chez Chartier, à Paris. Sous ces halles métalliques se savourent des spécialités venues de toute l’Asie. Ces « luncheurs » s’aventurent parfois jusqu’à Quay Boat. Mais, c’est surtout en soirée que cet endroit recouvre toute sa magie. Un dîner au bord de l’eau et une cinéscénie qui amplifie la magnificence des buildings. Vers minuit, extinction des lumières et il est déjà trop tard pour tenter de rentrer en métro. Aux douze coups, les grilles se ferment et tant pis pour les retardataires qui espéraient sauter dans le dernier wagon.

 

Boulot et shopping : les deux forces de l’île

 

En face de Quay Boat, le musée des Civilisations asiatiques est incontournable pour qui veut comprendre les mentalités d’aujourd’hui. Il est intéressant de poursuivre jusqu’à la voie d’eau, puis de traverser un pont à la Eiffel, construit à Glasgow, en 1868, et atteindre le très guindé Fullerton Hotel, ancien bureau de poste qui a conservé son style colonial. Détour imposé par l’Esplanade pour visionner les plus beaux monuments architecturaux comme le casino (entrée gratuite pour les touristes étrangers, 50 euros pour les Singapouriens), le musée des Arts et des Sciences, les théâtres et la statue du Lion, surnommé Merlion, emblème de Singapour. Naturellement, cette croisette concentre les restaurants et les hôtels les plus élégants de la ville. Pour fermer la boucle du « chic et choc », il faut se rendre à l’hôtel Raffles. Un bâtiment suranné, au charme certain, arc-bouté sur sa réputation de premier hôtel de l’île. La balade pourra se terminer par la cathédrale Saint Andrew, pour quelques minutes de pause cérébrale. Mais si l’objectif avoué d’un passage à Singapour revêt essentiellement un aspect « shopping », alors aucune hésitation, c’est à Orchard Road qu’il faut courir : 2,2 km de boutiques de luxe, 22 malls (grands magasins) et des milliers de visiteurs au quotidien.

 

Religion, culture et autres spécificités

 

Little India est une zone à part. Ce quartier ne capte pas le regard, mais enveloppe le visiteur par ses fragrances, ses couleurs et son brouhaha permanent. De prime abord, ce sont les tarifs raisonnables d’hébergement et de restauration pratiqués dans le quartier qui attirent de nombreux touristes. Franchir la porte d’un restaurant, c’est aller au-devant d’une cuisine relevée et parfumée, rarement décevante. Dans la journée, le temple Sri Veeramakaliamman est fréquenté majoritairement par les Indiens, généreux donateurs en échange d’une bénédiction de la part de ces Brahmanes au torse nu, la taille et les jambes couvertes d’un morceau d’étoffe blanc ou couleur safran. Cet édifice, tel un tronc d’arbre couvert de lianes, est remarquable par son entrelacement de statuettes miniatures colorées.

 

À une centaine de mètres, une mosquée à l’architecture sobre accueille, en ce début d’après-midi, un nombre important de fidèles. À l’extérieur, au cœur de ces rues bouillantes, des femmes en sari, aux traits fins et aux yeux noirs ajoutent à l’exotisme ambiant. Autre lieu, autre décor, le quartier de China Town, pensé comme un réceptacle à touristes : une rue exclusivement consacrée aux produits chinois bon marché où s’intercalent quelques boutiques d’antiquaires. L’idée étant de ne pas trop s’attarder et de filer vers d’autres ruelles plus traditionnelles, pour découvrir les vieilles maisons chinoises, des lampions qui ennoblissent les coursives et de superbes temples. Partout sur les murs, des calligraphies laissent les promeneurs songeurs. Sur la place, les joueurs de Go sont imperturbables, protégés du soleil par le musée dédié à l’histoire des premiers Chinois débarqués sur l’île. En face, c’est un tout autre décor. Dragons menaçants, poissons cracheurs d’eau ou bouddhas ventripotents ont fait place au charme classique des rues londoniennes. Le visiteur, loin de la frénésie ambiante, s’imprègne avec délectation de l’atmosphère dans ce quartier que d’aucun surnomme le village hollandais, où la majorité des résidents sont des expatriés, notamment français.

 

Mélange des genres et des couleurs

 

L’âme de Singapour naît de ses communautés ; un mélange d’ethnies majoritairement chinoise (74%), malaise et indienne. La diversité religieuse qui en découle a commandé la construction de nombreux édifices qui font la richesse du patrimoine local. Dans cette cité marchande de l’extrémité de la péninsule indochinoise (deuxième port au monde après Shanghai), la population dispose d’un haut niveau de vie, au regard du reste de l’Asie du Sud-Est. Et comme en Thaïlande, le paraître est primordial. Il faut afficher sa réussite professionnelle, son ascension sociale. Le 30 de chaque mois, tel un rituel, les files d’attente se forment devant les distributeurs automatiques, et témoignent de l’esprit de la « gagne » et de la propension à « flamber ». Rien n’est trop beau, trop moderne, à commencer par le métro dont les Singapouriens sont très fiers. Pour l’anecdote ne demandez pas où se trouve le subway, on vous indiquera l’adresse d’une chaîne de restauration rapide du même nom ; demandez plutôt le MRT. Il dessert une centaine de stations et reste très facile d’utilisation. A peine à l’intérieur, le visiteur comprend que le risque d’attentat n’est pas anodin. Pas un wagon sans quelques posters pour sensibiliser au danger du sac oublié ni un quai sans une vidéo montrant un terroriste à l’œuvre. Au-delà de cette pédagogie de la prévention quelque peu angoissante, tout est agréable. Il y a un sens du service non feint comme en Thaïlande, le plus souvent accompagné d’un sourire engageant. Néanmoins, l’époque où n’importe quel touriste pouvait ouvrir un compte bancaire est bien révolue. Ici aussi le protectionnisme est de rigueur. Pourtant, la société singapourienne semble plus permissive que ses lois. Ainsi, certains faubourgs, comme le secteur de Geylang, accueillent la prostitution à visage découvert. Racoler n’est pas un crime et les petites maisons numérotées sont en réalité des hôtels de passe à la vue de tous. Curieux tableau au cœur de cette zone « stérilisée », révélateur d’une société à la fois si divergente et tellement homogène, où chacun veut tirer profit de la dynamique économique, sans plus se soucier de l’origine culturelle de son voisin, collègue ou ami.

 

Texte et photos :
Mélanie Maudet

 

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