Home Accueil THAÏLANDE – CHRONIQUE : Il n’existe pas de plus beaux rooftops que ceux de la Cité des Anges !

THAÏLANDE – CHRONIQUE : Il n’existe pas de plus beaux rooftops que ceux de la Cité des Anges !

Date de publication : 09/03/2023
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Rooftop Bangkok

 

Notre ami et chroniqueur Patrick Chesneau a décidé cette semaine de faire prendre de l’altitude à sa chronique. Ou, plus simplement, de nous proposer de prendre l’ascenseur…

 

A Bangkok, la magie des rooftops,

 

Après trois années de pandémie, la Cité des Anges retrouve le goût de la fête en altitude.

 

Très en vogue, les soirées rooftops. Agapes à portée d’étoiles. Au frais. En contrebas de cette farandole de lieux haut perchés, douze millions d’âmes barbotent dans une marmite géante. Bangkok, frénétique, compulsive, démesurée. En contrepoint des heures survoltées qui ponctuent la vie en plein jour, les plaisirs du scintillement au clair de lune…

 

Mégapole des nuits irradiées.

 

Quand on la déshabille du regard, telle une jeune fille nubile, Bangkok s’empourpre. C’est à ce moment-là qu’elle libère sa fulgurante beauté. Elle s’illumine. Étourdissante. Pour être le témoin privilégié de cette mue grandiloquente au moment du crépuscule, il faut grimper là où se nichent les plus belles vues panoramiques. Les cartes postales les appellent skyline. Les yeux caracolent soudain sur une ligne de crête…On dirait une ceinture de feu. En ces lieux d’ivresse, il convient de s’abandonner à un lent tourbillon, happé par le flamboiement à perte de vue. Sur la ligne d’horizon, un tapis de guirlandes colorées chevauche les premiers arpents de la voie lactée. La beauté est une épreuve et Bangkok, un aimant. Ville piquetée de tours surmontées par autant de jardins suspendus. Agrippés à la moindre paroi, les lieux de réjouissance foisonnent. Bars, lounges, restaurants, clubs, boîtes de nuit. Posés comme des diadèmes. Carte exubérante pour dégustation guillerette tout en jonglant avec lois de la gravité. S’entrechoquent et tintent les verres au galbe voluptueux. Dans les coupes, pétillent d’étranges élixirs à bulles. Cocktails enchantés. Les gosiers roucoulent.

 

Dans l’espace sidéral, des airs de jazz et rythmes funky voguent entre les cimes des habitations.

 

Rires en cascade et breuvages mordorés font chalouper les convives. Très vite, le rooftop est cerné par les façades de verre et d’acier qui clignotent à tout va. Néons en déluge, gerbes d’enluminures, chaque devanture est un étonnant miroir déformant. Densité palpable de la ville opulente. Du haut de chaque terrasse, on pourrait en fermant les paupières se précipiter dans le vide. Vertigineux plongeon vers le damier des rues insomniaques. A ras de bitume, la vie se contorsionne en proie à un prurit désordonné. A contrario, sitôt juché au milieu des nuées, les sens opèrent une sélection naturelle. En particulier, l’ouïe est aux aguets. Bangkok, devient une assourdissante bande-son. Les clameurs et la stupeur. The Big Mango (surnom affectueux attribué à la ville trépidante) rugit, tonne, feule, ronronne. Aspire les foules, les ingère, déglutit, régurgite. Ogresse irrassasiable. Pour échapper à son appétit carnassier, la seule parade est de se lancer dans un gymkhana des sommets.  Virevolter entre des blocs à la rugosité de casemates et des pâtés de masures à l’architecture antédiluvienne. Protubérances d’avant-garde et bicoques en bois les pieds dans l’eau du klong (canal).

 

Tout part de la Chao Phraya River et tout y ramène.

 

Le fleuve impose son magistère. Tour à tour débonnaire et besogneux. Des chalands, des barges, des embarcations à longue queue, des jonques siamoises, des barques, des navettes labourent l’artère liquide. Elle est alanguie, nonchalante, puissante. Enjambée par des ponts somptueux, Rama VIII ou Bhumibol 2. Intermède prestige quand le regard se porte vers le quartier des origines, Rattanakosin. Le berceau historique. La ville regorge de lieux de mémoire et de monuments surgis d’un passé qui s’énonce dans le dithyrambe. Soudain, l’iris tilte sur Wat Arun, le Temple de l’Aube, en partie recouvert de fragments de porcelaine colorée. Le Grand Palais, majestueux. Un battement de cils et voici Wat Phra Kaew, le Temple du Bouddha d’Émeraude où les dorures sont une parure. L’esplanade de Sanam Luang, lieu des cérémonies officielles. D’un clignement adjacent, on tutoie l’immense Bouddha- 69 mètres- du Wat Phra Phasi Charoen, à Thon Buri, entièrement en bronze pur et son stupa blanc de 80 mètres. Après cette halte propice au recueillement, s’enclenche à nouveau une sarabande haletante. Ici, la Grande Roue à nacelles du parc Asiatique et son fronton assiégé par une noria d’esquifs posés sur l’eau comme les rémoras sur un squale. Là, l’architecture rococo futuriste de l’IconSiam, le dernier né des shopping malls à l’impudique opulence. En ajustant le tir, on réussit à enlacer la Mahanakon Tower, biscornue et emblématique, la deuxième plus haute de Thaïlande, 314 mètres à l’aplomb. Un édifice LEGO qui défie les lois de l’équilibre. 78 étages auréolés du skywalk, un plancher de verre qui permet au visiteur intrépide de narguer le gouffre. Au demeurant, la tour désormais mythique dans le décor de la capitale, sera bientôt détrônée par les gratte-ciels du projet One Bangkok en bordure de Praram 4 et du parc Lumpini, principal poumon vert de la capitale. Stratosphérique avec son cumul de 92 étages, la Signature Tower déploiera 437 mètres à la verticale.

 

En attendant la livraison de ce projet futuriste, échelonnée jusqu’en 2026, tout bon rooftop se rêve en ravissement céleste. Au loin, sans doute aux confins du monde connu et cartographié, une lueur tournoie sur elle-même comme un stroboscope de discothèque. Aux heures indues, écarquillées par tant de griseries, les prunelles exténuées étincellent encore. Les rires enflent. Les corps ondoient. Se frôlent. Des sensualités se murmurent. Sous les épidermes, le feu. Des déclarations d’amour empressé se chuchotent à l’oreille, réceptacle de confessions intimes. Nuit câline. Nuit coquine. Tout est chatoyant. Parenthèse rutilante dans le ressac des jours affairés.  Par temps clair, on peut apercevoir une noria d’engins spatiaux dans leur ballet effréné autour de la Terre. Propulsés par de puissants projecteurs, des faisceaux multicolores balaient les profondeurs de l’immensité quantique. On dirait qu’ils s’évertuent à trouer la couche d’ozone pour mieux baliser une piste d’atterrissage. Invitation à tous les OVNIS, les UFOS, les soucoupes volantes, les saladiers et les calebasses à somtam (plat traditionnel isaan, très pimenté). La révolution cosmique dévore les têtes et annexe les cœurs.

 

Patrick Chesneau

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