Une chronique siamoise et sociétale de Patrick Chesneau

Prééminence de la danse thaïe traditionnelle pour endiguer les assauts d’une modernité exagérément débridée. La Ram Seung Isaan, รำเซิ้งอีสาน.

Un héritage perpétué de génération en génération dans les jangwat (provinces) du Nord-Est. Plus généralement, pas un bourg, pas un hameau de la ruralité qui n’accueille ces processions puisant dans l’intime de la psyché thaïe. Comme dans toutes les manifestations culturelles aux quatre coins du Royaume, la scénographie des mains et des pieds est millimétrée.

Il revient à la musique seung, เข้าเรียกดนตรีเซิ้ง, d’indiquer le bon tempo et le rythme adéquat. En vedette, des instruments authentiquement Isaan comme le khen, แคน en langue vernaculaire, et le wot, โหวด.

Cette gestuelle, qui induit fluidité et harmonie, relève d’un art ancestral. Les hommes versent leur obole dans le pot commun de ce patrimoine immémorial mais, le plus souvent, ce sont les femmes qui occupent les premières lignes. Chaque participante, quel que soit son âge, est dépositaire de volupté. Il suffit d’un simple moment de contemplation pour que la grâce s’insinue dans le cœur du visiteur subjugué. La beauté ritualisée. Les sourires sont une invitation à la joie, une incitation au don de soi. Qui s’approprie, par une lente osmose, les codes de la thainess en éprouvera une ineffable félicité. L’harmonie fait alors irruption dans l’ordinaire de la vie du peuple d’Isaan. Rugosité et douceur entremêlées.

Patrick Chesneau

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