Les marchés financiers thaïlandais ont de nouveau fléchi mercredi 18 juin, dans un contexte de crispation politique croissante. La rupture entre les deux principaux partis de la coalition gouvernementale, provoquée par la divulgation d’un échange privé entre la Première ministre Paetongtarn Shinawatra et l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, fait planer un risque accru de dissolution de la Chambre des représentants. Résultat immédiat : l’indice boursier SET a clôturé en baisse de 19 points, soit -1,7 %.
La prime de risque : le thermomètre de l’incertitude
Au cœur des préoccupations des investisseurs figure la prime de risque sur les actions (Equity Risk Premium, ou ERP), un indicateur essentiel pour évaluer la santé d’un marché. Cette prime représente la rémunération supplémentaire que les investisseurs exigent pour détenir des actions plutôt que des actifs considérés comme sûrs, comme les obligations d’État. Plus l’environnement politique ou économique est incertain, plus cette prime augmente : les investisseurs veulent être mieux payés pour courir davantage de risques.
En période de turbulences, l’ERP agit donc comme un baromètre de la confiance. Historiquement, en Thaïlande, cette prime a bondi de 180 points de base lors des précédentes crises politiques, notamment entre 2006 et 2014 sous les gouvernements Thai Rak Thai et Pheu Thai. La hausse de l’ERP dure en moyenne six mois, le temps que la situation se stabilise.
Une instabilité devenue structurelle ?
Mais cette fois, le contexte semble plus préoccupant. La prime de risque thaïlandaise grimpe depuis 2022 – déjà plus de 200 points de base supplémentaires – et atteint désormais 770 points de base. Cela indique que les investisseurs ne perçoivent plus uniquement une instabilité passagère, mais une fragilité plus profonde et persistante du paysage politique et économique. Le seuil de 800 points de base, cible anticipée pour la fin 2025, pourrait être franchi bien plus tôt.
Un seuil symbolique en danger
Si cette prime atteignait 950 points de base – un scénario plausible en cas d’aggravation de la crise actuelle – l’indice boursier thaïlandais SET pourrait tomber sous la barre symbolique des 1000 points. Dans le pire des cas, si la croissance économique fléchit et que les perspectives de bénéfices à long terme sont revues à la baisse, la chute pourrait être plus marquée encore.
Pas de rebond attendu après les élections
Traditionnellement, les marchés thaïlandais baissent jusqu’à la tenue d’élections générales, avant de rebondir une fois un nouveau gouvernement en place. Toutefois, contrairement à ce qui s’est passé après les élections de 2023, un regain d’optimisme post-électoral semble peu probable cette fois-ci. Les problèmes structurels freinent toute perspective de reprise rapide.
Une tendance baissière persistante
Les analystes maintiennent, pour l’instant, une fourchette de prévision du SET Index entre 1000 et 1300 points. Mais ils reconnaissent que la tendance penche vers le bas. Les valorisations boursières (PER – prix par rapport aux bénéfices) se contractent rapidement et s’approchent des niveaux considérés comme justes, autour de 10 à 11 fois les bénéfices, contre 12 à 13 fois récemment.
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