Depuis le début de l’année, la Thaïlande subit une forte baisse des rendements obligataires accompagnée d’une appréciation notable du baht. Le taux des obligations d’État à 10 ans a chuté de 81 points de base pour s’établir en dessous de 1,5 %. Malgré trois baisses des taux directeurs orchestrées par la Banque de Thaïlande depuis octobre dernier, la monnaie nationale a continué de se renforcer, gagnant environ 6 % depuis janvier, soutenue par la faiblesse du dollar américain.
Ce phénomène traduit clairement une dynamique déflationniste qui pèse sur l’économie thaïlandaise.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs structurels majeurs : l’endettement élevé freine les dépenses du secteur privé, la contraction du crédit bancaire se poursuit et le secteur manufacturier perd en compétitivité.
La question cruciale reste de savoir si les futures baisses de taux pourront inverser cette tendance. Mais la Banque de Thaïlande fait face à une efficacité réduite de sa politique monétaire, notamment en raison d’une faible transmission des baisses de taux au travers du système bancaire. Les taux d’intérêt pratiqués sur les prêts ont peu évolué et le volume de crédit continue de se rétracter.
Si les autorités n’agissent pas rapidement pour améliorer la transmission du crédit et renforcer la compétitivité industrielle, la Thaïlande risque de rester prisonnière d’un environnement commercial déflationniste, même avec des taux d’intérêt proches ou inférieurs à 1 %.
Tarifs douaniers : la Thaïlande risque de conserver des droits élevés face aux États-Unis
La semaine dernière, plusieurs économies majeures, comme l’Indonésie, les Philippines, le Japon et l’Union européenne, ont signé des accords commerciaux avec les États-Unis. Ces accords promettent de réduire les droits de douane américains entre 15 et 20 %, en échange d’un meilleur accès des produits américains à ces marchés grâce à la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires.
Pourtant, les tarifs élevés ne disparaîtront pas complètement. Les États-Unis, sous un consensus bipartisan, cherchent à augmenter leurs recettes fiscales issues des droits de douane afin de réduire leur déficit budgétaire, tout en utilisant ces tarifs comme un levier pour pousser leurs partenaires à acheter davantage de produits américains. Ainsi, les tarifs pourraient rester un enjeu même après la conclusion d’accords commerciaux.
La Thaïlande risque de ne pas conclure d’accord avant la date limite du 1er août. Le pays montre des réticences à libéraliser certains secteurs sensibles et fait face à des pratiques de transbordement importantes. En conséquence, le tarif actuel de 36 % sur les exportations thaïlandaises vers les États-Unis pourrait rester en vigueur plusieurs mois. Plus la Thaïlande tarde à négocier, plus sa position se fragilise, ce qui pourrait peser lourdement sur ses exportations, sa balance commerciale et les investissements étrangers dans les douze prochains mois.
Conclusion
La Thaïlande doit faire face à une double contrainte : une dynamique déflationniste difficile à inverser et un contexte commercial international marqué par des tensions tarifaires persistantes. Pour sortir de cette impasse, le pays devra accélérer ses réformes structurelles internes et renforcer ses capacités de négociation à l’international. L’enjeu est crucial, car chaque retard risque d’alourdir le coût économique à moyen terme.
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