Lors du débat parlementaire sur le projet de loi de finances 2025, le ministre thaïlandais du Commerce, Phichai Naripthaphan, a répondu aux préoccupations des députés concernant les perspectives d’exportation du royaume, les pratiques commerciales jugées déloyales par certains industriels, et l’efficience budgétaire de son ministère.
Le ministre a défendu le bilan du gouvernement en matière d’exportations, affirmant que la croissance continue du commerce extérieur était un indicateur clair de la solidité de l’économie.
« L’exportation reste le principal moteur de l’économie thaïlandaise. Sans elle, la croissance du pays serait bien plus difficile », a-t-il martelé devant les députés.
Selon le ministère du Commerce, les exportations thaïlandaises ont progressé de 12,5 % entre octobre 2024 et avril 2025. Le seul mois d’avril a enregistré une croissance de 10,2 % en glissement annuel, pour atteindre 25,6 milliards de dollars, grâce à la bonne tenue des produits industriels et agro-industriels. Le ministre a par ailleurs rejeté les accusations de l’opposition selon lesquelles cette dynamique serait artificiellement gonflée par une ruée vers le marché américain, en raison de la menace de futures barrières tarifaires. Il a insisté sur le fait que les efforts de diversification commerciale portaient leurs fruits.
Cependant, les données du ministère montrent une réalité plus nuancée. Si les exportations vers les États-Unis ont grimpé de 23,8 %, portées par des hausses spectaculaires pour les ordinateurs (+75,1 %), les bijoux (+117,2 %) et les produits électroniques (+34,4 %), ces chiffres ne suffisent pas à masquer la baisse des exportations agricoles et le ralentissement général, la croissance hors or tombant à 7,2 % en avril contre 17,8 % en mars. De plus, la production manufacturière intérieure continue de se contracter, ce qui limite l’interprétation optimiste d’un véritable rebond structurel.
Sur le plan diplomatique, Phichai a mis en avant les avancées dans les négociations commerciales, notamment les dialogues en cours avec les États-Unis sur les droits de douane. Il a évoqué sa rencontre récente avec Jamison Greer, représentant américain au commerce en Corée du Sud, pour illustrer les relations de long terme entre les deux pays.
Côté accords de libre-échange, la Thaïlande a récemment finalisé les traités avec l’EFTA et le Bhoutan, et entend accélérer les négociations avec le Royaume-Uni, le Canada et la Corée du Sud.
Une rencontre avec Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, est prévue le 4 juin afin de faire avancer les pourparlers avec l’UE. Le gouvernement ambitionne de conclure un accord avec Bruxelles d’ici fin 2025.
Le ministre a également souligné les mesures mises en place pour protéger les industries locales contre la concurrence jugée déloyale, notamment via des mécanismes antidumping, anti-subvention et de sauvegarde commerciale.
Sur le front agricole, les autorités font face à la pression des prix mondiaux, en particulier pour le riz, dont l’Inde inonde actuellement les marchés à bas prix. En réponse, la Thaïlande a exporté 410 000 tonnes vers l’Afrique et conclu de nouveaux contrats lors du Thai Rice Convention 2025, portant sur 600 000 tonnes supplémentaires.
Concernant le manioc, le ministère a dû réagir à la chute des importations chinoises, provoquée par la baisse de 37 % du prix mondial du maïs, utilisé en substitution pour la production d’éthanol. Des accords ont été signés avec des acheteurs chinois et saoudiens pour plus de 3,5 millions de tonnes de manioc entre janvier et mai, permettant d’absorber 8,34 millions de tonnes de tubercule.
Enfin, sur les fruits, le ministre a mentionné les 25 programmes d’action en cours, en particulier en soutien à la filière du durian, avec une facilitation logistique vers la Chine. Le gouvernement a également lancé le Thai Fruit Festival 2025 pour encourager la consommation domestique.
Phichai a conclu son intervention en assurant que son ministère resterait à l’écoute des propositions du Parlement et continuerait de faire évoluer sa politique en concertation avec les acteurs économiques, afin de renforcer la compétitivité de la Thaïlande.
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