Gavroche aime raconter la Thaïlande sous tous les angles. Nous avons donc accepté avec plaisir la proposition d’un jeune français passionné de joaillerie, Guillaume Soubiraa, qui se proposait de nous raconter ce monde si secret. Un reportage en quatre volets à ne pas rater, à diffuser et à commenter !

VOLET 1 : Dans le monde thaïlandais des gemmes avec Billie Hughes

Billie Hughes est la fille du célèbre gemmologue Richard Hughes et de son épouse et compagne d’aventures, Wimon, rédacteurs de la bible du rubis et du saphir.

Billie a trouvé sa place dans cette équipe familiale, dans le laboratoire “Lotus Gemology” monté avec ses parents il y a 10 ans à Bangkok.

Nous l’avons interrogé.

Billie, quel est ton rôle dans ce monde des pierres si vaste ?

Je suis gemmologue dans le laboratoire Lotus Gemology. Ma spécialité est donc l’étude, la recherche et l’expertise des gemmes, tout ce qui incombe à un laboratoire d’expertise gemmologique. Nous identifions la matière. Nous testons les pierres que nous apportent les clients pour nous assurer que la nature de cette matière correspond bien à ce qu’ils annoncent, ou espèrent.

Par exemple, s’il s’agit d’une pierre bleue, nous déterminons s’il s’agit d’un saphir bleu ou non. Nous déterminons ensuite s’il s’agit d’une pierre naturelle ou synthétique (fabriquée par l’homme). Enfin, nous déterminons si la pierre a subi un traitement, comme un traitement thermique ou un remplissage de fissures avec de l’huile.

Notre rôle en tant que gemmologues de laboratoire est aussi de déterminer l’origine de la pierre. Nous publions enfin un rapport résumant nos conclusions. Certaines de ces tâches concernent la détection de nouvelles origines, quand de nouveaux gisements sont découverts. Ou de nouveaux traitements à identifier.

Afin de bien remplir notre mission, nous menons nos propres recherches pour être informés de ce qui se passe sur le marché. Ces nouveautés sur le marché nous imposent d’être constamment attentifs.

Fais-tu des expertises de pierres ?

Oui, la priorité quotidienne reste l’expertise de la pierre. En deuxième lieu, il y a les expériences que nous menons. Citons celle que j’ai menée sur le traitement thermique à basse température sur le rubis et le saphir, dont les bleus de Madagascar. J’ai également expérimenté le traitement thermique de rubis birmans. Comme dit précédemment, nous sommes très attentifs à tout ce qui arrive sur le marché. En troisième lieu, nous participons à des événements comme celui des ventes aux enchères, telles que celles de Gemfields en novembre dernier, ici à Bangkok, pour les émeraudes de Zambie. Très utile pour rester en contact avec le marché. Car, rappelons-le, ces enchères sont celles de pierres brutes ; elles vont donc être transformées avant d’arriver dans des laboratoires comme le nôtre. Les connaître en amont nous offre un bel avantage lorsque nous les reverrons taillées.

Enfin et surtout, une facette essentielle de la recherche, que tu connais bien, est celle d’aller sur le terrain prélever des échantillons directement sur les sites de production, comme lorsque nous sommes allés te voir à Madagascar. Nous les étudions ensuite au labo en tant qu’échantillons de référence.

Ces pierres que tu ramènes, comment évalues-tu la fiabilité d’un échantillon gemmologique ?

On garde à l’esprit que tout est possible. Il faut être prudent, mais dans l’ensemble, les échantillons que nous collectons, quelle que soit leur source, s’avèrent fiables.

Dans la pratique, comment cela se passe-t-il ?

Dans notre base de données, nous prenons des notes sur la manière dont nous avons obtenu tel ou tel échantillon. Nous avons, par exemple, des pierres provenant de Gemfields, directement de leurs mines. Travaillant en confiance avec eux, les échantillons sont considérés comme étant d’une fiabilité élevée. Cela ne suffit évidemment pas. Nous recoupons constamment les analyses que nous faisons pour vérifier leur fiabilité. Nous pouvons noter aussi que telle pierre a été extraite d’une mine dans une certaine localité.

Ou encore que nous avons acheté cette pierre sur un marché proche de la mine dans tel pays ou que c’est tel négociant qui nous l’a fournie. Tout est consigné sur la manière dont les choses ont été obtenues et sur l’année où elles l’ont été. Nous pouvons tout retracer ainsi, et avec le temps, en croisant les informationss, nous affinons nos résultats. Avec le temps et la multitude d’informations que nous collectons, nous sommes en mesure d’assurer un haut niveau de fiabilité.

Puisque l’on parle d’émeraude, est-ce que cette gemme représente une part importante de l’activité à Bangkok ?

Je dirais que c’est une petite partie bien qu’elle soit une pierre dont la popularité est en pleine croissance. J’ai plus de clients qui m’en apportent désormais. Je pense que c’est aussi dû aux différentes ventes aux enchères de bruts récents, ici ; cela suscite un intérêt accru. Notre pain quotidien, c’est vraiment le rubis et le saphir. C’est notre spécialité en tant que laboratoire. C’est pour cette raison que nous sommes connus, car nous avons publié un certain nombre d’ouvrages sur le rubis et le saphir.

Le public nous connaît pour cela. Ils nous en envoient donc beaucoup. Mais c’est aussi certainement la principale pierre de couleur sur le marché de Bangkok. C’est la capitale mondiale du rubis et du saphir. La plupart des rubis et saphirs importants du monde passent par Bangkok. Je dirais donc que le rubis et le saphir représentent la majeure partie du marché ici.

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