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THAÏLANDE – FRANCE : En 1694, une autre épidémie menaçait la France: le «mal de Siam»

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 14/04/2020
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Connaissez vous le «mal de Siam» ? A l’heure de l’épidémie mondiale de coronavirus, l’histoire mérite d’être contée. En 1694, les Antilles françaises le redoutent. Des marins débarqués de vaisseaux en provenance de Brest se retrouvent pris de fièvres violentes. Il s’agit du « mal de Siam » dont la conséquence, disait-on alors, est de provoquer «un débordement de sang par tous les conduits du corps, et même par les pores ». La maladie est attribuée à la première ambassade de France au Royaume de Siam. « Ce qu’il y eut de particulier chez ce malade, c’est qu’environ deux heures avant de rendre l’esprit, et lorsqu’il semblait que son corps devait être épuisé de sang, il lui en vint une sueur si forte, si abondante, qu’on eût pu croire qu’on lui piquait tout le corps avec des aiguilles; car, non-seulement le sang sortait comme l’eau sort des pores dans les sueurs extraordinaires, mais il jaillissait comme il jaillit de la veine quand elle vient d’être piquée par la lancette »…

 

Le «mal de Siam» remonta jusqu’à la cour de Versailles. Selon le blog d’Alain Bertrand, dont nous recommandons chaudement la lecture ici : Louis XIV signa à Fontainebleau le 25 juillet 1708 l’« Ordonnance concernant les précautions à prendre pour éviter la communication des maladies contagieuses, et notamment de celle de Siam » : « S. M. étant informée des désordres que la maladie de Siam a causés jusques à présent dans les îles de l’Amérique qui sont sous son obéissance, et qu’on peut espérer d’éviter ses fréquents renouvellements, en apportant les précautions nécessaires pour empêcher qu’elle se forme et communique des bâtiments dont les équipages en sont attaqués à d’autres, et en donnant les soins qui conviennent pour en arrêter les suites; et voulant y pourvoir, elle a ordonné et ordonne ce qui suit… ». Ce règlement prescrivait des mesures sanitaires détaillées pour contrôler les navires et tout particulièrement « Les bâtiments faisant la traite des nègres, étant les plus sujets à la maladie… »

 

Quelques dizaines d’années plus tard, « L’encyclopédie » de Diderot et d’Alembert parle encore de « mal de Siam » : « …Au Cap et à la Martinique, on y donne le nom de maladie de Siam à certaines espèces de fièvres continues, ardentes, qui attaquent les nouveaux débarqués dans ces pays et qui, outre les symptômes ordinaires, sont accompagnés d’hémorragies plus ou moins abondants par différentes parties du corps. Ces symptômes sont plus fréquents pendant les chaleurs brulantes de l’été que les autres saisons… Du reste, il ne paraît pas que ces fièvres soient plus dangereuses que les autres… »

 

Venue du lointain Siam

 

Par la suite et jusqu’à l’ordonnance de 1708, la maladie est mieux connue, on l‘appelle « mal de Siam », parce que l’on crut, alors, qu’elle avait été transportée à la Martinique par la frégate « l’Oriflamme » venant du Siam. A ce moment cependant elle faisait des ravages dans toute la mer des Antilles. On reconnaissait nettement son caractère contagieux et on savait la distinguer clairement d’autres fièvres « putrides et pestilentielles ». La maladie sera ensuite bien distinguée avec précisions de toutes les autres putrides fièvres tropicales, et de « mal de Siam », deviendra …..la fièvre jaune.

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