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THAÏLANDE – FRANCE : EXCLUSIF Yan Marchal : « Je ne vais pas me taire »

Journaliste : Philippe Bergues
La source : Gavroche
Date de publication : 30/11/2021
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Yan marchal

 

Empêché de retourner en Thaïlande ce week-end, Yan Marchal a accepté de répondre aux questions de Gavroche. Un entretien bien éloigné de l’image d’activiste peu respectueux des mœurs, des lois et des coutumes thaïlandaises comme le lui reprochent de nombreux lecteurs dans les commentaires postés suite à nos articles. Nous respectons évidemment toutes les opinions, que nous publions. Une seule recommandation néanmoins : lisez son témoignage. Les lois thaïlandaises s’imposent sur le sol de ce pays, surtout pour les étrangers. Nous l’avons écrit et nous le répétons. Cela ne se discute pas. Mais cela n’empêche ni de poser des questions, ni de s’interroger sur le bien fondé de certaines mesures et de certains textes législatifs, qu’une partie de la population thaïlandaise rejette elle aussi.

 

Ph. B. : Vous viviez en Thaïlande depuis 18 ans et votre activisme parodique ne date que de 2019. Pourquoi cet engagement visible depuis cette date ?

 

Y.M. : En effet, ma visibilité sur les réseaux sociaux date de 2019. Pour autant, depuis au moins 2006 et le coup d’État qui a écarté Thaksin de son poste de Premier ministre, je m’intéressais à la politique thaïlandaise et je postais sur Facebook mes remarques qui n’étaient vues que de mes amis. De même, l’occupation des aéroports de Bangkok par les Chemises jaunes en 2008 et les manifestations des Chemises rouges à Ratchaprasong en 2010 m’ont préoccupées. J’étais alors encore un jeune entrepreneur à Bangkok. Au premier trimestre 2019, j’ai dû fermer mon business ce qui m’a forcé à prendre une année sabbatique. Je me suis dit que c’était le bon moment pour apprendre sérieusement la langue siamoise et j’ai eu envie d’aller plus loin dans mon engagement politique. J’ai donc réalisé avec mes moyens cette vidéo parodique où je détourne la diatribe hebdomadaire de Prayut et son « Return for Happiness » et il se trouve, à ma très grande surprise, qu’elle provoque un million de vues en très peu de temps, ce que je n’avais pas du tout prévu.

 

Ph.B. : Officiellement, votre expulsion est motivée par le fait que vous « constituez un danger pour le public ou la société » tel indiqué sur le formulaire qui vous a été remis par les services de l’immigration à l’aéroport de Phuket …

 

Y.M. : Je tiens à vous préciser qu’à ma connaissance et à celle de mon avocate, Natalie Bergman, je suis le premier étranger à être interdit d’entrée (ou de ré-entrée) en Thaïlande, à être expulser sans qu’aucune charge judiciaire ni problème d’overstay (visa en situation irrégulière) ne m’aient été signifiés. A mon arrivée samedi à l’aéroport de Phuket vers 7h30 (heure locale), j’ai entendu les agents de l’immigration parler en thaï et comme je comprends maintenant la langue, j’ai compris que ces fonctionnaires parlaient à mon égard de l’article 112. Je connaissais le risque d’une telle éventualité. Ils m’ont présenté le formulaire d’expulsion et sont restés courtois. Après avoir pris attache auprès de mes conseils juridiques et la possibilité de faire appel de cette décision d’expulsion sous 48 heures, il m’a été conseillé de suivre la procédure de rentrer en France pour éviter une possible accusation de crime de lèse-majesté au cas où j’interjetais appel. Conseils que j’ai suivis. Par contre, à cette heure, mon avocate, Natalie Bergman, qui a constitué un appel en mon nom, se bat pour avoir accès au fond du dossier qui a conduit à mon expulsion et nous espérons avoir des réponses dans les meilleurs délais. Mais je sais que cette procédure qui pourrait me faire enlever de cette liste noire pourrait prendre du temps.

 

Ph.B. : Avez-vous eu des contacts avec la représentation française en Thaïlande ce samedi lors de votre expulsion ?

 

Y.M. : Oui, et je tiens à remercier Monsieur Christophe Hemmings, Consul de France en Thaïlande. Il a été d’un grand soutien et d’une grande bienveillance, en s’enquérant au mieux de l’évolution de mon dossier jusqu’à mon départ pour Paris. Vraiment, très reconnaissant à son égard.

 

Ph.B. : Pensez-vous être une victime collatérale dans ce contexte politique thaïlandais où les royalistes et les manifestants pro-démocratie battent la rue pour faire entendre leurs voix ?

 

Y.M. : Je vais vous faire une révélation. En janvier 2020, lors de la sortie en ligne d’une de mes vidéos satiriques, deux groupes ultra-royalistes สงครามไซเบอร์ et ประชาชนไซเบอร์ ont publié sur leur page Facebook mes coordonnées personnelles à Bangkok avec une invitation à venir me créer des problèmes. Je me suis aussitôt rendu au poste de police pour dénoncer cet état de fait et déposer ce qui s’apparenterait en Thaïlande à une main courante en France. Cette démarche a permis que ces deux pages de posts incendiaires sur Facebook (que Yan Marchal a mis à disposition de Gavroche) et mon adresse personnelle soient effacés de Facebook. Néanmoins, je peux vous dire que ces deux groupes dits de « cyber-guerriers de surveillance » se sont aujourd’hui refondus sous le nom de « pachachoncyber2 » sur cette même plateforme.

 

Ph.B. : Et maintenant revenu en France ? Quel engagement ? Des regrets ou non ?

 

Y.M. : Je ne vais pas me taire. Mon engagement est mûri et réfléchi. Je l’ai fait, je le ferai pour le peuple thaï. Je le fais pour que nettement moins d’inégalités flagrantes frappent ce peuple. Je le fais pour espérer qu’émerge une véritable démocratie en Thaïlande, ce que mérite ce peuple. Je le fais contre les multiples injustices criantes. Maintenant que je ne suis plus soumis aux lois thaïlandaises, de France, je vais sans doute continuer, puisque le public est là, à publier des vidéos parodiques sur TikTok. C’est ma façon. La loi sur le crime de lèse-majesté m’a aidé en Thaïlande à fabriquer mes vidéos en me restreignant de parler directement du monarque et en me concentrant de façon parodique sur les militaires et le système. Une sorte de caricature à la française, comique. C’est mon style et c’est ce qui plaît aux nombreuses personnes qui les regardent, en majorité Thaïlandaise, puisque je les fais en langue siamoise. D’ailleurs, effet multiplicateur ou effet « Streisand », sans que je ne publie aucune vidéo supplémentaire depuis samedi, mon nombre de followers est passé de 560 000 à 613 000 sur TikTok.

 

Ph.B. : Et votre activité professionnelle ? Des conséquences ?

 

Y.M. : Déjà, sachez que de Thaïlande où ma société Sanuk Games avait bien redémarré avec le jeu Drum Box, mes principaux clients provenaient du Japon et de France. J’ai une équipe qui reste très soudée (3 personnes) et je travaille en ce moment sur la réorganisation de la société vu que je suis en France. Il faut juste que je trouve le bon et juste équilibre, c’est ce à quoi je vais m’atteler dès à présent.

 

Ph.B. : Voudriez-vous ajouter d’autres éléments ?

Y.M. : Je tiens à remercier en particulier le journaliste Pravit Rojanaphruk de Khaosod et mon avocate Natalie Bergman, qui dès samedi matin de bonne heure, ont tout fait pour m’aider de même que je suis reconnaissant envers tous ceux qui m’ont fait passer des messages d’empathie.

 

Entretien téléphonique réalisé Philippe Bergues le lundi 29 novembre 2021

14 Commentaires

  1. Tout depend de ce qu’on considère politique. J’ai toujours dit que la politique ou les politiques de la Thaïlande ne sont pas de mon ressort sauf à partir du moment ou ça me concernera comme étranger vivant sur leur territoire.
    Et non je suis pas le peteux moyen je proteste en France et je proteste en Thaïlande contre ce qui ne me convient pas et non si je suis pas content je ne pars pas comme disent certains. Je proteste.
    J’ai déjà écrit à l’un de leur premier ministre antérieurement. Certains français me promettant expulsion, prison ou même de me faire descendre……non seulement je n’ai pas été descendu mais c’est moi qui ai fait virer 2 flics ripoux d’un commissariat donc quand vous n’êtes pas content, protestez ET agissez, pas dans un bar avec vos potes……en VRAI.

  2. Ce farang est l’expression de tout ce que je déteste…..Je suis marié à une Thailandaise …Je ne me reconnais pas le droit de juger ce gouvernement dont je sais d’où il est issu et il y avait de nombreuses raisons pour que l’armée intervienne. Ce farang , je le suis aussi, prend ses responsabilités mais j’en ai ras le bol que des étrangers à ce pays, et en particulier des français, veuillent donne des leçons à d’autres pays que ce soit la Thailande ou autre. Ce sont les populations autochtones qui doivent décider de leur destin et les étrangers n’ont pas à leur dicter leurs idéologies quelles qu’elles soient en fonction de leurs propres valeurs. C’est ce que l’on nommait autrefois l’impérialisme et j’ai toujours été opposé à cet impérialisme, ne fut ce que le fait d’un seul individu.

  3. Je pense qu’en tant qu’étranger la politique thaïlandaise ne nous regarde pas que ça soit une monarchie pour une dictature ça concerne que les thaïlandais et les thaïlandaises c’est à eux de gérer leur pays et c’est leur problème et non pas celui des étrangers. Et avant de vouloir juger les autres pays je crois qu’il faudrait mieux balayer devant sa porte car nos démocraties ont du plomb dans l’aile. Je ne parle pas de toutes les pertes de liberté qu’on a vécu. La bonne question est qu’est-ce qui nous reste comme liberté aujourd’hui pas grand-chose…

  4. Ces étrangers qui sont venus en Thaïlande pour sa qualité de vie, sa culture…, et ensuite ont tendance à décrire ce pays comme une dictature fermée est totalement intolérable.

    D’ailleurs que ça soit sous ce gouvernement ou les anciens, généralement ces personnes ont tendance à toujours être critique envers la Thaïlande (surement leur biais occidental et sentiment de supériorité (au nom du peuple 😊).

    Honnêtement qui peut dire se sentir oppressé en Thaïlande !
    La plupart qui le sont agissent contre les lois et sont donc au courant des risques. A notre ami révolutionnaire tik-tokeur sachez que dans la patrie des droits de l’homme et liberté d’expression un humoriste est traqué depuis 15 ans (sans compter ceux qui ne sont pas connu) !
    Donc ou il y a des règles, ou il y a peut être des choses à améliorer mais aux Thaïlandais de le faire au nom de leur propre intérêt si ils jugent que ça peut améliorer leur vie, et celle du pays.

    Par ailleurs, force est de constater qu’il y a très peu de répression en Thaïlande comparé au passé par contre les manifestations sont de plus en plus violentes (bruler des postes de police et symboles, barricades, et reprennent les codes qu’on retrouve dans les pays occidentaux, style antifa voir d’ailleurs en détail ces groupes soit disant pour la liberté, ils recherchent plus le chaos).

    La plupart des Thaïlandais sont très heureux en Thaïlande et se préoccupent peu de ces choses qui n’ont pas un impact direct sur leur quotidien. Oui il y a des problèmes économiques, de centralisations trop forte, mais ces problèmes ne sont pas né avec ce gouvernement ! par ailleurs les choses s’améliorent et des mesures sont prises depuis des années, bien que le Covid puissent retarder aussi ou soit un catalyseur pour déstabiliser (amalgame entre différent sujet économique, social, sanitaire…).

    Certains étrangers essaient de parler au nom du peuple Thaïlandais mais n’ont aucune légitimité. Ils essaient de diviser ce peuple , alors que de manière générale les Thaïlandais restent attachés à leurs traditions, leur pays, leur religion et savent garder un esprit critique (peut être en privé et alors ?).
    Ces étrangers (et nouvelle vague de politicien Thaïlandais formés dans les université occidentales) et leur vision droit de l’hommiste/progressiste agissent en donneur de leçons et au final divisent et renforcent les clivages.

    D’ailleurs le font-ils selon leurs propres convictions, et leurs agenda, ou sont en fait les idiots utiles d’un système globaliste dont le but est de détruire les valeurs, les traditions, et les symboles? la question peut se poser, tant les thèmes évoqués rappellent les révolutions de couleurs…

    Si les concepts occidentaux et la “soi-disant” liberté d’expression leur manque tant, qu’il rentre en France ou dans leur pays d’origine, ils verront s’ils sont mieux lotis. En France également les manifestants qui cassent sont arrêtés (pas condamnés par contre), et oui on ne peut pas parler librement de tout sous peine d’une exclusion sociale, ou la prison/condamnation si ce qui est dit est interdit par la loi (ex loi gayssot…).

    Oui, tout n’est pas parfait, mais on vit en Thaïlande en tant qu’étranger car on l’a choisi, et on y reste car on est heureux.

    En espérant que la Thaïlande conserve son charme, ses traditions, et son sourire et que ces courants déstabilisateurs qui ont conduit beaucoup de pays occidentaux à leur désastre ne trouve pas place en Thaïlande.

  5. Un étranger n’a pas à se mêler de la politique du pays d’accueil où il vit. Il s’acclimate à la culture locale, à ses règles et aux nombreux travers. Il n’y a pas de pays parfait. Et s’il n’est pas content, il repart chez lui. C’est au peuple de changer les choses, pas à un étranger.
    On a vu les résultats des interventions occidentales pour provoquer des changements de régime… En plus c’est les mêmes hypocrites criant aux droits de l’Homme qui serrent la pince des dictateurs obscurantistes des monarchies du Golfe.

  6. Ce qui se passe en Thaïlande reste en Thaïlande. Leur destin est entre leurs mains. A eux d’agir ou pas. Ce n’est pas notre problème.

  7. Les Thaïs qui lisent ses écrits doivent se demander qui est ce Farang qui se mêle de juger la politique d’un pays ou il n’est qu’un étranger qui croit connaître la culture et la mentalité, après juste quelques années passées dans le pays.
    Il y a fort a parier que ses “nombreux followers” sont justes des curieux.

  8. Thaïlande régime militaire. Corruption à tous niveaux. Discrimination entre Thaï (riche et classe inférieure) discrimination contre les étrangers. Quand est à Vorayuth “Boss” Yoovidhya, un parmi tant d’autres, soit disant sur la liste d’interpol pour le rechercher depuis 2012 quelle plaisanterie.

  9. Vous n’êtes pas Thaïlandais. Yan Marchal mettez fin à votre ingérence dans les affaires du peuple Thaïlandais.

    Préoccupez vous de la France, il y a tant à faire dans notre pays. Apparemment vous choisissez de fermer les yeux sur les souffrances de nombreux français qui vivent en France.

    Au sein de l’assemblée nationale française, il n’existe que trop peu de personnes représentant le peuple français. Tous sont des politiciens de carrière, des hommes ou femmes d’affaires, ou provenant d’une frange élitiste. Apercevez-vous la démocratie ici ?

    Qu’en est il du sénat ?

    Lorsqu’un partie politique français désigne la personne qui se présentera à une élection, qui la désigne ? Le peuple français ?

    La corruption en France est endémique et très répandue. Le pantouflage, les retro-commissions, l’ancien président devant les tribunaux, qui ne sera jamais sanctionné, ou en apparence.

    Quand est il de la quantité énorme d’affaires en justice pour les hommes politiques, qui n’aboutissent jamais ?

    Les commissions organisées pour étouffer des affaires de gestion publique très douteuses. La francafrique ? Les droits de l’homme en Libye, en Syrie, en Irak…… Est cela le modèle démocratique que vous souhaitez exporter en Thaïlande ?

    Yan Marchal cessez d’humilier les français avec votre idéologie que nombre de gens en Thaïlande ne souhaite pas voir arriver.

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