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THAÏLANDE – FRANCE : Transformer l’Ambassade de France à Bangkok en galerie d’art et en musée, une mission réussie !

Date de publication : 21/02/2022
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Cité de Carcasonne Thaïlande

 

Nous reprenons ici une information de l’Ambassade de France en Thaïlande.

 

A l’initiative de M. Thierry Mathou, Ambassadeur de France en Thaïlande, les équipes de « Restaurateurs sans Frontières » placées sous la direction de M. Robert Bougrain ont créé en collaboration avec les étudiants de la Poh-Chang Academy of Arts, Rajamangala University of Technology Rattanakosin, une œuvre originale composée de plusieurs tableaux exposés sur les murs d’enceinte de l’ambassade de France à Bangkok, pour illustrer la richesse du dialogue entre la France et la Thaïlande.

 

Les informations explicatives correspondantes ont été réalisées par les élèves du Lycée Français International de Bangkok.

 

Réverbère

 

Les réverbères étaient à l’origine des lampes à huile inventées en France en 1744 pour éclairer la voie publique, à la place des anciennes lanternes éclairées par des chandelles. Fonctionnant au gaz au début du 19ème siècle, ils furent ensuite électrifiés, une innovation qui marqua la fin du métier d’allumeur de réverbère, une corporation dont le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry eut la surprise de rencontrer un représentant sur une planète minuscule « Il y avait juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s’expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. » En Thaïlande, les Kinnari (statues du Temple du Bouddha d’Émeraude) ont été choisies pour être perchées en haut de certains réverbères.

 

L’art pariétal : à la rencontre des premiers « artistes » français et thaïlandais

 

En France comme en Thaïlande, les peintures pariétales préhistoriques représentent souvent des animaux, comme pour rappeler le lien étroit qui unit les sociétés à la nature qui les environne. On estime l’âge des peintures et des gravures de la grotte de Lascaux, située dans le département de la Dordogne au sud-ouest de la France, à 18 000 ans. Ce site exceptionnel est surnommé le « Versailles de la Préhistoire ». Chevaux, aurochs, bisons, cerfs et bouquetins dominent largement les peintures et gravures, suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’ours, le rhinocéros et les grands félins. 15 000 ans plus tard, les peintures rupestres en Thaïlande marquent une évolution avec l’apparition de la représentation humaine. Celles trouvées sur la falaise ouest de Khao Pla Ra, dans la province d’Uthai Thani, dateraient d’environ 3000 ans. Des pigments naturels ont été utilisés pour représenter des êtres humains et des animaux comme les bovins, les singes ou les chiens. Dans la grotte de Tham Khao Chan Ngam, au sud-ouest de la ville de Khorat, les personnages peints en rouge auraient été créés par une communauté agraire qui aurait habité cette région il y a 3 000 ou 4 000 ans.

 

La colonne Morris

 

Créées en 1868 par Gabriel Morris, imprimeur spécialisé dans la promotion des spectacles, les colonnes Morris font partie du paysage parisien. De couleur verte, recouvertes de marquises hexagonales coiffées de dômes bombés pour protéger les affiches de la pluie, leurs silhouettes élancées de fonte hantent la peinture de la Belle Epoque. Plusieurs centaines de colonnes ont été érigées entre 1868 et les années 1900, en particulier sur les Grands Boulevards afin d’afficher les spectacles donnés dans la capitale. La réplique de colonne Morris ici représentée annonce les Jeux olympiques de Paris 2024 et reproduit un certain nombre d’affiches de spectacles, de films et d’expositions, avec des clins d’œil à la Thaïlande (Alliance française, Muay Thai, Nuits des galeries organisées en Thaïlande par l’ambassade de France).

 

Les marchés du temps jadis : entre rues et canaux

 

Le marché est un lieu de vie essentiel en France comme en Thaïlande. Dès le Moyen Âge, de grandes foires se tenaient dans les villes de régions comme la Champagne ou la Brie. On y vendait notamment des tissus multicolores, des draps et des poteries mais aussi du bétail négocié à l’extérieur des villes après les grandes épidémies de peste. C’est surtout sur la place centrale des villes que la vie s’animait les jours de marché. En Thaïlande, les marchés sont appelés “dtalaat”. Une particularité est leur développement le long des cours d’eau. Ces marchés flottants où les vendeurs emportent en bateau fruits, fleurs, légumes, viandes, et plats préparés, sont devenus aujourd’hui essentiellement touristiques. Ainsi, dans le sud de la Thaïlande, près de Hat Yai, les touristes visitent avec curiosité le marché flottant de Khlong Hae, le premier et le seul marché flottant de ce type dans la région.

 

Sur les traces de la route de la Soie

 

Quand on pense aux contacts anciens entre l’Asie et l’Europe, on évoque souvent la route de la Soie. En France, la soie était extrêmement prisée depuis son arrivée de Chine via l’Italie au moment de la Renaissance. On voit ici un atelier de tissage situé à Lyon au XIXème siècle, héritier de la « Fabrique lyonnaise de soierie » créée au XVIème siècle lorsque le roi François Ier accorda aux tisserands de la ville les mêmes privilèges qu’à ceux de Tours pour lutter contre la concurrence italienne. C’est le quartier de la Croix-Rousse qui concentrait le plus d’ouvrières et d’ouvriers tisserands, qu’on appelait des canuts. La plupart vivaient et dormaient près de leur métier à tisser. C’est par référence à ses tisserands que l’on surnomme la Croix-Rousse “la colline qui travaille”, par opposition à “la colline qui prie”, Fourvière, avec son sanctuaire dédié à Notre-Dame et sa basilique construite dans les années 1870. A la même époque, en Thaïlande, le roi de Nan décida de reconstruire les temples de son royaume, parmi lesquels le Wat Phumin. Sur les parois du temple se trouvent des peintures murales dont certaines illustrent la vie quotidienne des Thaï Lü, un peuple originaire du Yunnan, en Chine. Les femmes qui tissaient la soie portaient un sarong avec des motifs originaux en forme de vagues. Les explications de la peinture sont en langue locale Nan. La découverte de fibres de soie sur le site archéologique de Ban Chiang (2500 av. J-C) dans la province d’Udon Thani a prouvé que la sériculture est très ancienne dans la région. Après un long déclin, la renaissance de la soie en Thaïlande a été initiée par Jim Thompson au XXème siècle.

 

La cité de Carcassonne gardée par des Ogres Yakshas

 

Transportons-nous au XIVème siècle. Nous voici à Carcassonne, ville célèbre de l’actuelle région Occitanie. La cité est renommée pour sa forteresse médiévale, une citadelle protégée par une double enceinte comportant cinquante-deux tours de guet. Une des portes de la cité de Carcassonne est ici surveillée par deux Géants venus de Thaïlande et apparus eux aussi au XIVème siècle. Ils sont pour la plupart représentés avec un visage caractéristique, de grands yeux ronds et exorbités et des crocs saillants, ainsi qu’un teint vert ou violet. On les appelle les Ogres Yakshas. Les deux gardiens qui ont été intégrés dans cette peinture protègent depuis le XVIIIe siècle le temple Wat Phra Kaeo, ou Temple du Bouddha d’émeraude, à Bangkok.

 

Les bancs publics

 

Il est difficile de songer aux bancs publics sans se souvenir des paroles de la célèbre chanson de Georges Brassens, « Les amoureux des bancs publics », composée et interprétée en 1953 : « Les amoureux qui s’bécotent sur des bancs publics, / Bancs publics, bancs publics, / En s’foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes (…) En s’disant des « Je t’aime » pathétiques / Ont des p’tites gueules bien sympathiques ». Le photographe Robert Doisneau les a immortalisés dans de multiples clichés où il représente aussi bien des couples enlacés que des enfants et des personnes âgées. Présents dès le Moyen Âge, les bancs furent déployés à grande échelle par le baron Haussmann sous le Second Empire dans l’alignement des arbres, en bordure des trottoirs. Que peuvent bien se raconter ce personnage coiffé d’un attribut traditionnel de la danse khon et cette Française qui devisent en contemplant les murs de l’ambassade de France ?

 

La fête des Lumières au Mont Saint-Michel

 

Cet îlot rocheux surmonté d’une abbaye s’appelle le Mont Saint-Michel, baptisé du nom de l’archange protecteur du lieu au Moyen Âge. Du fait de son site exceptionnel, avec sa large baie qui change d’aspect en fonction des marées, le Mont Saint-Michel est un des sites touristiques les plus visités de France. Ici, le reflet des lumières dans l’eau à la tombée du jour renvoie aux illuminations du ciel de Chiang Mai lors de la fête des Lanternes. Le festival Yi Peng, célébré lors de la pleine lune du 12ème mois du calendrier thaï lunaire, est lié à la culture du nord de la Thaïlande. On peut admirer des milliers de lanternes éclairées s’élevant dans le ciel nocturne ; certaines sont lancées par des moines bouddhistes, reconnaissables grâce à leur robe safran. Ces lanternes célestes, ou Khom Loi en thaï, sont appelées aussi lanternes à souhait ou bougies du ciel. Ce sont des ballons à air chaud, contenant une bougie dans un sac en papier de riz. On offre la lanterne pour se purifier des malheurs récents et pour rendre hommage aux ancêtres qui reposent au ciel.

 

La mosaïque des grands maîtres de la peinture

 

Certaines œuvres sont intemporelles. Pourtant les grands maîtres ont chacun marqué leur époque. Ici, des extraits de tableaux de grands maîtres français du XVème au XXème siècle se croisent et se répondent, parfois à plusieurs siècles d’intervalle, comme ces joueurs de cartes. L’héroïque se mêle à la vie quotidienne, le sacré au profane. Au milieu de cette mosaïque au style Art Déco se promène un personnage de la culture thaïlandaise, Hanuman : l’avez-vous trouvé ?

 

Flânerie franco-thaïlandaise sur les quais de Seine

 

Les bouquinistes font partie du paysage parisien et sont le dernier vestige du commerce de rue, y compris de bouche, qui animaient jadis les rues de la capitale française, et qui est encore florissant à Bangkok, comme ailleurs en Thaïlande. Ils se concentrent sur la rive droite de la Seine, du pont Marie au quai du Louvre, ainsi que sur la rive gauche, du quai de la Tournelle au quai Voltaire, à proximité de la cathédrale Notre Dame de Paris. Plus de 200 vendeurs, ayant chacun 8 mètres d’exposition, offrent ainsi une véritable librairie à ciel ouvert. On dit que les 900 “boîtes à livres” renfermeraient près de 300000 ouvrages anciens et d’occasion, sans compter le très grand nombre de revues, timbres et cartes de collection. Mais attention : une seule boîte est autorisée à contenir des souvenirs de Paris, des bibelots et des gadgets. La présence des bouquinistes participe du charme des bords de Seine et constitue une véritable animation, une attraction culturelle, un patrimoine littéraire et historique. Il faut savoir que la couleur « vert wagon » des boîtes est d’ailleurs réglementée pour se fondre harmonieusement avec celle du métro, des fontaines Wallace et des colonnes Morris. Si les bouquinistes de Paris ont inspiré d’autres capitales comme Ottawa, Pékin ou Tokyo, ce n’est pas le cas de Bangkok. Mais une autre curiosité orne les rues de la capitale thaïlandaise : les étals de calamar séché. Le calamar est d’abord passé plusieurs fois dans une presse à manivelle pour l’attendrir. Il en ressort fin comme du papier. Le morceau aplati de calamar est ensuite grillé sur un petit poêle à charbon de bois et servi avec une sauce épicée. C’est un plat de rue courant, un en-cas à déguster en marchant dans les rues.

 

Dialogue architectural dans la vallée de la Loire

 

Les châteaux qui bordent la Loire ont la particularité d’avoir été, pour la plupart, bâtis ou fortement remaniés aux XVe siècle et XVIe siècle, à une époque où la cour des rois de France était installée dans cette région ou ses environs.
Les châteaux sont de couleur claire en raison de la craie utilisée dans leur construction, qui donne à l’ensemble un aspect lumineux qui contraste avec les toits d’ardoise.

 

Le château d’Ussé a inspiré Charles Perrault pour son conte La Belle au bois dormant. Le château de Chambord, associé au règne du roi François Ier, est le plus vaste des 3000 châteaux de la Loire. Le château de Chenonceau est surnommé « le château des Dames » car il a été construit, aménagé et transformé par des femmes de caractère. Le château de Nozet, enfin, domine un vignoble de sauvignon blanc réputé.

 

La clarté de ces châteaux est ici mise en relation avec le Wat Rong Khun, temple situé au sud de Chiang Rai, et communément appelé le Temple Blanc. Il a été construit par l’artiste Chalermchai Kositpipat. La blancheur symbolise ici la pureté dans le bouddhisme. L’œuvre est incrustée de morceaux de miroir pour suggérer aussi l’illumination. Ce temple, toujours en cours de construction, n’est pas comparable aux temples traditionnels thaïs dans la mesure où il constitue une création artistique contemporaine.

La France des paysages et terroirs gastronomiques

 

Lorsque Kosa Pan débarqua à Brest, il traversa tout l’Ouest de la France pour rejoindre Versailles, occasion pour lui de découvrir certains des paysages qui font la richesse et la diversité du pays qui dispose sur son territoire métropolitain, équivalent à celui de la Thaïlande, d’une grande variété d’environnements naturels et urbains qui attirent le plus grand nombre de visiteurs au monde. La France compte plusieurs grands paysages naturels sur ses différentes façades maritimes, de la Mer du Nord à la Mer Méditerranée en passant par l’Océan Atlantique. Les paysages de montagnes sont également magnifiques. Les Alpes françaises comptent 24 sommets de plus de 4 000 mètres d’altitude, tandis que les Pyrénées culminent à plus de 3000 mètres. Le massif central regroupe en Auvergne pas moins de 80 volcans, heureusement endormis ! Les massifs forestiers français abritent une faune et une flore qui représentent un condensé de la biodiversité européenne. Certains paysages ruraux et agricoles comme le bocage normand, les vignobles, que l’on retrouve dans de nombreuses régions, et les champs de lavande de Provence sont souvent spécifiques à la France. Le patrimoine urbain et monumental dont certains exemples emblématiques sont représentés ici à l’instar des jardins à la française, et des villages ruraux sont tout aussi emblématiques. Les paysages vont généralement de pair avec des terroirs où est enracinée l’histoire de la gastronomie française. Quelques spécialités culinaires sont donc représentées sur la carte centrale. En reconnaîtrez-vous certaines ?

 

Les bouches de métro

 

La première ligne de métro Porte-de-Vincennes-Porte Maillot fut ouverte au public le 19 juillet 1900. Elle permit de desservir les épreuves des Jeux Olympiques d’été de 1900 au bois de Vincennes. Ouvertures pratiquées dans le sol de la voie publique, les bouches de métro furent conçues à l’époque par Hector Guimard, l’architecte phare de l’Art nouveau. Ces édicules en fonte se distinguent par un décor d’aspect végétal composé de plaques de verre. Bien d’autres bouches de métro ont vu le jour depuis, dont le kiosque des noctambules, œuvre d’art du plasticien Jean-Michel Othoniel. Formée d’un ensemble de sphères d’aluminium et de verre de Murano, elle se trouve place Colette, en face de la Comédie française, à la station Palais Royal- Musée du Louvre. En Thaïlande, les entrées du BTS et du MRT ont également un design spécifique aisément reconnaissable.

 

La Galerie des Glaces de Versailles : miroir de l’histoire diplomatique franco-thaïlandaise

 

Tout brille à la cour du « Roi Soleil » ! Mais ce 1er septembre 1686, l’éclat de Versailles fut rehaussé par la venue de l’incroyable ambassade siamoise, qui déposa au pied du trône le Mondop, cette structure mobile qui renfermait la lettre royale écrite à Louis XIV sur une lame d’or. La grandeur de cet événement se manifesta à travers la liste des cadeaux apportés à la France : la porcelaine, le jade, les meubles en laque, la soie impressionnèrent fortement Louis XIV et sa cour. Les trois inclinations traditionnelles asiatiques en guise de salut ne manquèrent pas de surprendre les 1500 personnes qui assistaient à la cérémonie. Les toiles siamoises à motifs de carreaux bleu et blanc devinrent rapidement à la mode parmi la noblesse française. De son côté, le « Roi Soleil » enchanta les ambassadeurs du Siam avec la Galerie des Glaces, conçue pour éblouir les visiteurs. Longue de 73 mètres, la galerie est revêtue de 357 miroirs, soit 21 miroirs dans chacune des 17 arches de la salle. Les miroirs, qui ne contiennent aucune imperfection, avaient vocation à faire rayonner le pouvoir du roi de France. Le roi Naraï le Grand ne s’y trompa pas : il chargea ses ambassadeurs de commander plusieurs milliers de miroirs pour la décoration de ses palais d’Ayutthaya et de Lopburi. Certains de ces miroirs furent utilisés pour décorer les murs du pavillon Sawan Thanya Maha Prasat à Lopburi avant d’être déplacés dans le stupa principal au Phra Phutthabat.

 

Versailles à Bangkok : le palais imaginaire

 

La France et la Thaïlande possèdent des cultures différentes qui peuvent toutefois être réunies, par exemple sur le plan architectural. Ici, le palais royal de Bangkok (à gauche) fusionne avec la partie construite sous Louis XIII du château de Versailles (à droite) formant un tout qui semble constituer un seul et même bâtiment. Les deux palais n’obéissent pas à la même esthétique, mais ils ont des proportions similaires. Proche de Paris, le château de Versailles était à l’origine un pavillon de chasse du roi. Louis XIII fit bâtir en brique et pierre de taille le pavillon en U qui entoure aujourd’hui la cour de marbre. L’ancien Palais royal de Bangkok, construit à partir de 1782 et pour le Grand Palais représenté ici à partir de 1877, a connu beaucoup de transformations au fil des siècles. Le mur de la salle du trône est décoré de scènes importantes de l’histoire des relations étrangères du Siam. Sur le mur Est, est accroché un tableau intitulé « Le roi Louis XIV recevant l’ambassadeur du roi Naraï d’Ayutthaya dans la galerie des Glaces à Versailles ».

 

Les gravures en médaillons qui entourent cette composition sont d’époque et illustrent cet épisode historique. Venus par mer, les ambassadeurs siamois arrivèrent dans le port de Brest le 18 juin 1686. Ils émerveillèrent tellement les Brestois que ceux-ci rebaptisèrent leur rue principale “rue de Siam”, rue où trône aujourd’hui un buste en bronze de Kosa Pan, réalisé par le sculpteur Watchara Prayoonkham, et offert en 2020 à la ville de Brest par l’Association Thaïlandaise des Professeurs de Français sous le patronage de son altesse Royale la Princesse Maha Chakri Sirindhorn. Vous qui regardez ce médaillon, n’oubliez pas que l’entrée de la section consulaire de l’ambassade de France se trouve au Soi 36 de Charoen Krung, qui a été rebaptisé “Rue de Brest”, le 15 février 2013.

 

La Résidence de France en 2022

 

L’Ambassade de France, une des premières missions diplomatiques installée en Thaïlande, fut initialement établie sous la forme d’un consulat en 1857, après la signature d’un traité d’amitié et de commerce entre la France et le Siam. Le terrain fut d’abord mis à disposition des diplomates français par le roi Mongkut (Rama IV) en 1857. Puis le roi Chulalongkorn (Rama V) décida de leur céder cette propriété en 1875. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui la Résidence de France fut modifié à plusieurs reprises après cette donation : un porche et une véranda ont notamment été ajoutés. Pendant la 1ère partie du XXème siècle, il fut régulièrement question, soit de vendre ce terrain pour s’installer plus à l’est, comme de nombreuses ambassades à l’époque, vers Sathorn et Witthayu, voire même à Ploen Chit où la France avait acquis un très grand terrain, soit de détruire ce bâtiment vieillissant pour en construire un plus moderne. Des chefs de mission comme l’écrivain Paul Morand défendirent l’emplacement actuel. En 1930, un référendum fut même organisé par Charles Arsène Henry, alors à la tête de la légation, auprès de la communauté française, pour statuer définitivement sur ce projet de déménagement qui fut unanimement rejeté par les Français de Thaïlande, attachés à cet emplacement. Après la 2ème guerre mondiale, le bâtiment, qui n’avait pas été entretenu pendant plusieurs années, était dans un état de délabrement tel que des campagnes de travaux durent être organisées en 1947 puis en 1952, alors que la légation était élevée en 1949 au rang d’Ambassade. Les derniers travaux de rénovation d’ampleur furent engagés de 2000 à 2002. La photographie affichée sur le portail d’entrée principal donne un aperçu de de l’état actuel de la Résidence de France et montre en particulier les soins apportés à l’entretien du jardin. Ce monument historique contraste avec l’architecture contemporaine du nouvel immeuble qui abrite les bureaux de l’Ambassade de France, achevé en 2015. La Résidence de l’Ambassadeur est ouverte au public chaque année en septembre lors des Journées européennes du patrimoine.

 

Signature du premier traité franco-thaïlandais

 

Le calendrier illustré ou almanach de l’année 1687, a retenu un événement majeur qui s’est produit l’année précédente : l’alliance du royaume de France avec Naraï le Grand, le roi du Siam, ancien nom donné à la Thaïlande, qui faisait suite à des échanges entamés dès 1673. Le « Roi Soleil », Louis XIV reçut avec fastes l’ambassadeur siamois Kosa Pan. La France souhaitait en effet étendre son influence en Asie, tandis que la Thaïlande cherchait un allié de poids en Europe. Kosa Pan a fortement impressionné les Français, autant par son caractère que par ses tenues vestimentaires. Cette première alliance entre la France et le Siam, qui permet aujourd’hui de souligner que la Thaïlande est le plus ancien partenaire de la France en Asie, connaîtra de nombreux développements. Les voyages diplomatiques constituent une page importante des relations entre les deux pays.

 

Outre-Mer et biodiversité

 

Avec la métropole et les territoires d’outre-mer, la France possède le deuxième espace maritime au monde. Elle est ainsi présente dans tous les océans, à l’exception de l’Arctique, et partage avec la Thaïlande une très grande richesse en matière de biodiversité, qu’elle s’efforce de protéger. 10% des espèces décrites dans le monde sont présentes en France.

 

La métropole compte une grande variété d’oiseaux comme ici le martin-pêcheur ou le faisan, de papillons comme l’alexanor, mais aussi de plantes comme le bleuet, une fleur des champs devenue le symbole de la mémoire et de la solidarité, mais aussi le cassier, un arbuste que l’on rencontre dans le midi de la France où sa fleur, qui est également la fleur nationale de Thaïlande, est utilisée dans la parfumerie. Il faut en revanche plus de chance pour apercevoir de loin un bouquetin dans les Alpes, un loup gris, un ours brun ou un lynx boréal ! La partie gauche du panneau illustre la biodiversité des territoires ultramarins d’Amérique et des Caraïbes : des oiseaux comme le harfang des neiges, le manchot empereur, des mammifères comme le kinkajou, des reptiles comme l’iguane, des animaux marins comme la méduse ou le requin-baleine. Les parties centrale et droite du panneau présentent la biodiversité des Terres Australes et Antarctiques Françaises et des territoires de l’océan Indien, du Pacifique et de l’Océanie. On y trouve plusieurs « points chauds » de la biodiversité mondiale, des régions très riches en espèces souvent en voie d’extinction, à l’image des récifs coralliens. Ainsi si les populations de baleines à bosse sont aujourd’hui en augmentation grâce à la protection dont elle bénéficie contre la pêche commerciale, d’autres espèces comme les tortues marines que l’on trouve en Thaïlande et dans l’outre-mer français sont victimes de la pollution, du braconnage et des prises accidentelles par engins de pêche.

 

Des espèces emblématiques de Thaïlande se sont glissées dans le tableau : vous avez certainement remarqué l’éléphant d’Asie et le tigre, mais avez-vous reconnu le calao bicorne et le poisson combattant ?

 

La France sur les rives du Chao Phraya

 

Chao Phraya est le titre de noblesse le plus élevé en Thaïlande. C’est aussi le nom du grand fleuve qui traverse Bangkok. C’est la principale voie de transport et de commerce du pays. On voit ici un ancien navire battant pavillon français naviguant sur le fleuve. De nombreux bâtiments étrangers se sont construits sur les berges du Chao Phraya, notamment dans le district de Bang Rak. L’Ambassade de France, une des premières missions diplomatiques installée en Thaïlande, fut initialement établie sous la forme d’un consulat en 1857, après la signature d’un traité d’amitié et de commerce entre la France et le Siam. Le terrain fut d’abord mis à disposition des diplomates français par le roi Mongkut (Rama IV) en 1857. Puis le roi Chulalongkorn (Rama V) décida de leur céder cette propriété en 1875. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui la Résidence de France fut modifié à plusieurs reprises après cette donation : un porche et une véranda ont notamment été ajoutés. Ce monument historique contraste avec le design contemporain du nouvel immeuble qui abrite les bureaux de l’Ambassade de France, achevé en 2015. La Résidence de l’Ambassadeur – représentée sur les portes d’accès au campus diplomatique sous ses formes ancienne et contemporaine – est ouverte au public chaque année en septembre lors des Journées européennes du patrimoine.

 

Du Wat Arun à la Tour Eiffel

 

Quand on parle du monument qui symbolise Paris, on pense à la tour Eiffel, cette flèche de fer construite pour l’Exposition Universelle de 1899, qui n’était pourtant pas destinée à traverser les siècles. Le symbole de Bangkok est pour beaucoup le Wat Arun, le Temple de l’Aurore. Ces deux monuments sont réunis ici devant la fontaine du Trocadéro. L’eau du bassin reflète les figures de sculptures célèbres et les met en relation. Le temps semble ici suspendu et les œuvres vont rester comme des symboles des deux pays pour l’éternité. Du côté droit, les statues Kinnari du Temple du Bouddha d’émeraude sont connues pour représenter l’expression du corps, la beauté et l’accomplissement. Leurs miniatures sous forme de statuettes sont devenues des récompenses pour les meilleurs acteurs au Festival international du film de Bangkok. Du côté gauche, on peut admirer des sculptures qui présentent la profondeur des sentiments et le lien unissant l’humanité et le sacré. La statue du Penseur de Rodin montre l’homme en méditation. L’Ange au sourire de la cathédrale de Reims révèle la bonté divine sous des traits familiers. L’Implorante de Camille Claudel témoigne de la souffrance que peut susciter la passion amoureuse.

 

Les troupes siamoises sous l’Arc de triomphe

 

L’Arc de Triomphe est l’un des monuments emblématiques de Paris, même s’il n’est pas le seul puisque, depuis son invention par les Romains, des arcs de triomphe ont été édifiés dans beaucoup de villes, essentiellement en Europe. La perspective est ici importante. Le défilé du 14 juillet, qui part de l’Arc de triomphe pour rejoindre la place de la Concorde, est chaque année un moment d’unité nationale et de rayonnement, qui permet aussi à la France d’honorer ses alliés. Cette peinture revient sur un épisode historique illustrant l’importance prise par la Thaïlande sur la scène internationale. D’abord neutre, le Siam se rangea aux côtés des Alliés en juillet 1917. A la fin de l’été 2018, le roi du Siam prit la décision inédite d’envoyer 1300 soldats combattre en Europe. Le Siam fut le seul pays belligérant d’Asie du Sud-est à être signataire du Traité de Versailles. Les troupes siamoises eurent donc la possibilité de défiler sous l’Arc de Triomphe le 14 juillet 1919. Ont été ajoutés ce tableau quelques éléments contemporains comme la Patrouille de France, mais aussi une partie de l’œuvre éphémère posthume du couple d’artistes Christo et Jeanne-Claude dont les équipes emballèrent l’Arc de Triomphe en 2021.

 

D’Etretat à Phang Nga : une rêverie littorale

 

Voici un paysage littoral apparemment familier et pourtant étrange qui réunit des horizons très éloignés les uns des autres qui ont pourtant en commun d’être particulièrement connus des touristes et des cinéastes. Le premier nous transporte à Étretat, au bord la Manche, au nord de la France sur la côte d’Albâtre. Ses falaises et ses plages de galets grisâtres sont très connues, tout comme ses trois grandes arches de craie blanche. La porte d’Aval, visible ici, est le cadre d’une histoire d’Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur créé par l’écrivain Maurice Leblanc, personnage qui a inspiré une série à succès avec l’acteur Omar Sy. Le second nous amène sur la côte ouest de la Thaïlande, dans la baie de Phang Nga, en mer d’Andaman. Khao Phing Kan forme une paire d’îles célèbre car elle est apparue dans l’un des films de James Bond. L’île en forme de clou s’appelle justement Ko Tapu. Si on peut s’approcher en bateau aujourd’hui de James Bond Island, il est interdit de venir tout près de Ko Tapu, afin de ralentir l’érosion des roches calcaires provoquée par les vagues créées par les embarcations. Le troisième nous transporte dans la province de Krabi et ses îles montagneuses de pierre à chaux. L’île de Koh Poda Nok est célèbre pour sa forme de poulet .On la surnomme d’ailleurs Koh Kai.

 

Des ponts à travers l’histoire

 

Tous les Français connaissent la comptine intitulée “Sur le pont d’Avignon”. A 25 km d’Avignon, se trouve le Pont du Gard, plus haut pont-aqueduc connu du monde romain. Le Pont de Tancarville quant à lui est un pont suspendu qui franchit l’estuaire de la Seine. Il a inspiré le roi Rama IX pour la construction du pont Rama VIII, premier ouvrage à haubans réalisé en Thaïlande. Son originalité réside dans sa conception asymétrique, avec un seul pylône en forme de Y inversé sur la rive ouest de la rivière. Le Viaduc de Millau, inauguré deux ans après le Pont Rama VIII, en 2004, est le pont à haubans le plus haut du monde. Il dépasse même la hauteur de la Tour Eiffel ! Ces ponts sont un lien rappelant l’amitié entre la France et la Thaïlande et illustrent l’innovation technologique qui a de tout temps caractérisé ces chefs d’œuvres du génie civil.

 

Danseuses Khon sur les colonnes de Buren

 

Le Palais Royal a été construit au cœur de Paris en 1628 par le cardinal de Richelieu. Ce palais est particulièrement connu pour sa cour d’honneur, lieu de célébration et d’hommage aux artistes et à leurs talents. Cette cour est ornée depuis 1986 de colonnes créées par l’artiste Daniel Buren. Ce sont au total 260 colonnes de marbre aux rayures noires et blanches qui ont été intentionnellement découpées pour que le public puisse monter dessus, sauter, jouer, déclamer un texte ou prendre la pose comme une statue de l’Antiquité. Mais ici, ce ne sont pas des Parisiens ou des touristes qui se tiennent sur les colonnes, mais des acteurs du célèbre théâtre masqué thaïlandais appelé Khon. Cet art combine des éléments musicaux, vocaux, littéraires, et intègre des mouvements de danse ainsi que des costumes étincelants. Ce qui est fascinant ici, c’est la façon dont cette image mêle harmonieusement les deux cultures à travers l’art traditionnel, l’art contemporain et l’art classique.

 

Variations thaïlandaises autour des pyramides du Louvre

 

Le Louvre compte cinq pyramides conçues par l’architecte sino-américain Pei, dont l’une inversée. Elles ont été inaugurées en 1989. Trois pyramides sont ici représentées. De nombreux artistes ont « joué » avec cette œuvre en verre et en métal, tel le créateur de Street Art JR qui a installé en 2019 un trompe-l’œil par collage de plusieurs centaines de bandes de papier. Deux des pyramides sont recouvertes ici par une composition inspirée des créations du célèbre artiste plasticien thaïlandais Thawan Duchanee. Le triangle est une figure privilégiée pour l’artiste, qui y voit un symbole de la vie et du bouddhisme. Le style de l’œuvre, volontairement surchargé, mêle les figures humaines fantastiques, les créatures étranges et les images de Bouddha. La teinte dorée rappelle également la feuille d’or utilisée dans les écritures bouddhistes pour souligner le caractère sacré des œuvres.

 

Le défilé des grands couturiers

 

Si l’on vous demande ce à quoi vous pensez quand on parle de luxe et de mode vestimentaire, les premières références qui peuvent vous venir à l’esprit sont les marques de la haute couture française du début du 20ème siècle à aujourd’hui. Le luxe représente le faste, l’éclat, et incarne un mélange de richesse et d’esthétisme. Le luxe à la française est le savant mariage entre l’élégance et l’excellence, teintées d’une pointe d’originalité. Le rayonnement de la haute couture française a bien entendu atteint la Thaïlande. Sur la gauche du tableau, on peut admirer la robe orange dénommée “Evening Dress” créée par Pierre Balmain en 1969 pour Sa Majesté la reine Sirikit Kitiyakara. (Cette création originale est exposée au Queen Sirikit Museum of Textiles, à Bangkok.) La broderie que François Lesage a conçue pour le corsage et les manches de cette robe forme un puzzle de pièces irrégulières colorées flanqué de paillettes et de perles lumineuses. De loin, l’effet est celui d’un vitrail. Ces panneaux constitués de morceaux de verre, généralement colorés, ont été assemblés et sertis pour former une décoration. La collaboration entre le grand couturier français et Sa Majesté la reine Sirikit Kitiyakara a duré 22 ans. Sa petite-fille, Son Altesse Royale la princesse Sirivannavari Nariratana Rajakanya, dont une création figure sur ce tableau, perpétue aujourd’hui au travers de ses propres créations le dialogue interculturel entre la France et la Thaïlande dans le domaine de la mode et du design.

 

Testez-vous : combien des œuvres de ces grands couturiers représentées sur ce tableau arriverez-vous à reconnaître ? Les réponses sont ci-dessous.

 

Le Consulat de France en 1894

 

L’Ambassade de France, une des premières missions diplomatiques installée en Thaïlande après celle du Portugal, fut initialement établie sous la forme d’un consulat en 1857, après la signature d’un traité d’amitié et de commerce entre la France et le Siam. Le terrain fut d’abord mis à disposition des diplomates français par le roi Mongkut (Rama IV) en 1857. Puis le roi Chulalongkorn (Rama V) décida de leur céder cette propriété en 1875. Le bâtiment qui abrite aujourd’hui la Résidence de France fut modifié en profondeur après cette donation, entre 1875 et 1894, pour transformer le petit bâtiment sobre de style missionnaire en palais de style colonial, puis à nouveau au tout début du XXème siècle. Ces transformations reflétaient l’importance grandissante du Siam pour la France puisque le consulat fut élevé au rang de légation en 1893. Un porche et une véranda ont notamment été ajoutés, avec un mélange des styles néo-palladien et victorien dit « gingerbread ». La lithographie reproduite sur le portail d’enceinte de la Résidence a été réalisée à partir d’une photographie de 1894, de Lucien Fournereau, publiée dans le journal L’Illustration en 1898. Ce monument historique contraste avec le design contemporain du nouvel immeuble qui abrite les bureaux de l’Ambassade de France, achevé en 2015. La Résidence de l’Ambassadeur est ouverte au public chaque année en septembre lors des Journées européennes du patrimoine.

 

Tour d’Europe des monuments

 

Au-delà de son drapeau bleu aux 12 étoiles d’or, comment représenter l’Union européenne sur un seul tableau ? Nous avons choisi de d’illustrer ici la diversité mais également l’unité de l’Union européenne au travers de son riche patrimoine architectural. Celui-ci a traversé les siècles et continue à se réinventer grâce à de nombreuses créations contemporaines qui marquent les paysages urbains. Ce tableau regroupe les édifices les plus célèbres ou emblématiques de chaque Etat-membre, qui dialoguent avec quelques monuments thaïlandais. Nous vous invitons à les découvrir lors de votre prochain voyage en Europe. Nous y avons glissé également un bâtiment qui est un lieu de travail pour l’Union européenne, à Bruxelles : saurez-vous le retrouver ?

 

Retrouvez l’intégralité de l’exposition en ligne ici

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