L’artiste peintre française Myrtille Tibayrenc, figure de la scène contemporaine en Thaïlande depuis plus de quinze ans, a dénoncé sur les réseaux sociaux la censure de l’une de ses fresques murales par un hôtel situé à proximité du quartier de Patpong, à Bangkok.
Dans un message publié sur sa page Facebook le 13 octobre, l’artiste a déclaré : « Ma peinture a été complètement censurée sans mon consentement ! Il est ironique que cette œuvre se trouve à quelques mètres de Patpong, le quartier rouge où des centaines de filles sont à moitié nues… quelle hypocrisie. »
Une fresque recouverte sans avertissement
L’artiste a peint la fresque sur le mur extérieur d’un hôtel du quartier de Patpong. Elle représentait un corps nu allongé sur le côté, le dos et les fesses visibles, entouré d’un décor végétal et d’oiseaux stylisés. L’hôtel a recouvert l’œuvre de peinture, ne laissant apparaître qu’un motif floral composé de vignes vertes et de fleurs rouges.
Cette création s’inscrivait dans le projet “Krung Thep Creative Streets”, une initiative soutenue par l’Ambassade de France à Bangkok, visant à promouvoir la création urbaine et le dialogue artistique entre la France et la Thaïlande.
L’administration locale se dégage de toute responsabilité
Face à la polémique, le bureau du district de Bang Rak a rapidement publié un communiqué sur Facebook pour préciser que l’administration métropolitaine de Bangkok (BMA) n’avait pris aucune décision à ce sujet. Selon ce message, la direction de l’hôtel aurait elle-même décidé de « corriger la fresque » et aurait prévenu l’artiste à l’avance — une version que Myrtille Tibayrenc conteste.
Le bureau du district a indiqué que l’hôtel contacterait l’artiste pour s’expliquer « une fois la fresque entièrement corrigée ». Quelques heures plus tard, les autorités ont retiré le communiqué, après que de nombreux internautes thaïlandais ont rappelé que l’artiste avait publiquement déclaré qu’on ne l’avait jamais prévenue.
Une affaire révélatrice des tensions autour de la liberté artistique
L’affaire s’est déroulée à proximité d’un quartier de Bangkok connu pour sa vie nocturne et ses spectacles pour adultes. L’artiste Myrtille Tibayrenc a dénoncé le paradoxe entre la censure de son œuvre et la tolérance accordée à d’autres formes de représentation du corps dans ce même secteur.
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